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  J'ouvris les yeux et les posai sur mon réveil.
- Déjà! m'exclamai-je en me levant en sursaut. Je vais être en retard!
  Je me précipitai dans la salle de bain et je me préparai rapidement. J'avais enfilé ma longue robe noire. Je pris une bouteille d'eau, car je savais par expérience que les répétitions de longues répliques donnaient soif. Je pris mon sac et le scénario et partis. Je plaçai mes écouteurs dans mes oreilles, ne pouvant me passer de musique. Tout en marchant le long des rues, je revoyais mon texte. J'ouvris ma bouteille d'eau pour boire, mais, ne regardant pas devant moi, je bousculai un homme, renversant de l'eau sur son tee-shirt. Je levai les yeux vers lui, m'excusant comme je le pouvais, mais je fus figée en le reconnaissant. Ça ne pouvait pas être lui!
- Ce n'est pas grave, ne t'en fais pas, me répondit-il.
  Il affichait un grand sourire. Je ne l'avais jamais rencontré, mais il me tutoyait tout de même. La sonnerie de me téléphone me sortit de ma stupeur. Je regardai le message. C'était Nawel qui me demandait où j'étais. Nawel était la maquilleuse de la pièce dont je faisais parti. Je lui répondis que j'arrivais et je relevai la tête, mais il était parti. Haussant les épaules, je me rendis au théâtre. C'était un petit théâtre pas très connu où nous jouions Cyrano de Bergerac. Je jouais un des rôles principaux, celui de Roxane.
- Mais qu'est-ce que tu faisais? demanda Nawel en me voyant arriver.
- Tu ne devineras jamais! Je l'ai rencontré!
- Tu l'as rencontré? Mais qui?
- Grégory Deck!
  Après avoir entendu les moqueries de mon amie et avoir essayé de la convaincre, je dûs aller répéter, sous les quelques remarques du metteur en scène sur mon retard. Une fois la journée finie, Nawel et moi décidâmes d'aller boire un verre avant de rentrer chez nous. Lorsque nous sortîmes du théâtre, je n'eus pas le temps de faire un pas, quelqu'un m'arrêtant, me tendant une bouteille d'eau. Nawel me tourna un regard interrogateur, mais surtout étonné, voyant celui qui me tendait la bouteille. Je me tournai vers Grégory, qui m'expliqua, souriant:
- C'est pour rembourser la bouteille que je t'ai fait renverser.
  Je pris la bouteille, ne sachant pas quoi dire. Avant que je ne pus le remercier pour ce sympathique geste, quelque peu loufoque, il continua:
- J'aurais aimé te parler plus longtemps tout à l'heure, mais j'étais plutôt pressé.
- Mais vous vous connaissez depuis combien de temps? s'étonna Nawel. On ne peut pas vouloir parler plus longtemps avec quelqu'un que l'on ne connais pas.
- Bien sûr que si, répondit-il.
- Et comment as-tu fait pour savoir que j'étais là? demandai-je.
- Facile, avec le scénario que tu tenais dans les mains, couvert de l'affiche de votre pièce. Je suis désolé, des amis m'attendent, je dois y aller.
  Il partit, nous saluant de la main.
- Tu as de la chance, toi! Tu rencontres le chanteur dont tu es fan dans la rue!
- Ne sois pas jalouse, ris-je.
  Elle baissa les yeux vers la bouteille. Un sourire apparut sur ses lèvres et elle m'indiqua la bouteille de son doigt. Je regardai à mon tour, et un sourire apparut sur mes lèvres également: sur l'objet, au feutre noir, était noté un numéro de téléphone. Le numéro de téléphone de Grégory Deck.

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