Élémentale

~XXIII~

- Qu'est-ce qu'il y a!? C'est grave!? s'inquiéta Greg.
- L'élément terre a commencé à s'attaquer à tes veines...
- Je vais mourir!? paniqua-t-il.
- Non, le rassurai-je. Ou pas encore... Pour que tu meurs, la terre devra rentrer dans tes veines et atteindre ton cœur. Tu dois te reposer. Le moindre effort pourrait accélérer le processus.
  Sur ces mots, je l'amenais près du lit, où il s'assit, refusant de s'allonger. Bien sûr, il était angoissé. Comme moi, d'ailleurs.
- Il n'y aurait pas une guitare, ici?
  Surprise, je répétai:
- Une guitare!?
- La musique, ça me détend.
  Bien que c'était peu probable qu'il n'y en eut une, je vérifiai tout de même. Je lui fis un signe négatif dans la tête quand je fus sûre qu'aucun instrument de musique ne se trouvait dans la pièce. Par défaut de ne rien avoir sous la main, il se mit à taper de ses doigts en rythme sur sa jambe. Au bout de quelques minutes, il s'arrêta et s'exclama:
- J'ai trouvé!
- Quoi? Tu es trouvé quoi? questionnai-je. Le moyen de sortir d'ici?
- Mais non, j'ai trouvé une super chanson!
- Une chanson? Greg, on est enfermé ici, tu es au bord de la mort, et tout ce que tu trouves à faire, c'est de composer une chanson!
- Il me faut un crayon, dit-il, sans prendre en compte ma remarque, et se levant pour chercher un crayon.
- Greg, calme-toi! Cet enthousiasme est mauvais pour ton rythme cardiaque, qui ne doit pas s'emballer. C'est dangereux pour toi.
  Voyant qu'il ne m'écoutait pas, je compris que le seul moyen de le calmer était de l'aider. Avant que je ne pus dire un mot, il cessa ses recherches et se rassit.
- Ça ne va pas? m'inquiétai-je.
- Ça va aller...
  Voyant que son état s'aggravait, je ne voulus pas l'inquiéter davantage et décidai de lui faire plaisir, je proposai:
- Je pense qu'on ne trouvera pas de crayon, mais j'ai mon téléphone. Je ne capte pas le réseau, mais tu peux utiliser le mémo.
  Je lui tendis donc. Il le prit et commença à noter. Je m'assis à ses côtés et regardai par dessus son épaule, lisant. Il écrivait chiffres et noms de notes, je n'y comprenais pas grand-chose, mais je ne l'interrompais pas. Il finit enfin et me rendit mon téléphone.
- Tu es vraiment fait pour la musique, lui souris-je. Tu as énormément de talent.
- Merci, mais tu exagères, répondit-il avec sa modestie naturelle. Je n'ai pas une voix si exceptionnelle, je suis certain que tu sais tout aussi bien chanter que moi.
- Tu n'as pas que la voix, tu as l'écriture, lui rappelai-je en montrant le téléphone. Et je t'assure, ma voix est horrible, ajoutai-je.
- Je ne t'ai jamais entendu chanter, remarqua-t-il.
- Encore heureux!
- Allez, chante pour moi, s'il te plaît.
  Je refusai catégoriquement. Il allait répliquer, mais une chose attira notre attention: quelqu'un essayait d'ouvrir la porte.