Élémentale

~III~

  Le lendemain, après une nuit sans sommeil, je me levai. Je me préparai et j'allais partir pour le théâtre quand on frappa à la porte. J'allais ouvrir et je fus surprise de me trouver devant Nawel, Maximilien, qui était l'acteur de Cyrano dans la pièce, et Fabian, qui était l'acteur de Christian. Je demandai:
- Vous n'êtes pas au théâtre?
- C'est notre jour de repos, tu as oublié? répondit Nawel.
  Décidément, depuis la veille, j'avais vraiment la tête ailleurs. La jeune femme reprit:
- C'est Greg qui te fait perdre la tête?
  Je soupirai, sans prendre la peine de lui répondre. Fabian s'étonna:
- C'est qui, ce Greg?
- Quelqu'un, me contentai-je de dire en les invitant à entrer.
  Nous allâmes dans le salon et ils s'installèrent sur le canapé, comme ils le faisaient à chaque fois.
- Bon, on fait quoi, aujourd'hui? questionna Maximilien.
- Cinéma! s'exclama Nawel.
- Il n'y a rien de bien, en ce moment, maugréai-je.
  Elle insista, mais je ne cédai pas, la mauvaise humeur dûe à la fatigue me rendant amère. Finalement, Nawel alla au cinéma avec Maximilien. Ils sortaient ensemble, et elle faisait ce qu'elle voulait de lui. Je me retrouvai donc seule avec Fabian. Je lui servis du thé, étant donné que je n'avais que cela.
- Tu n'as pas l'air de bonne humeur, remarqua-t-il.
- Tu peux le dire. Je n'ai pas dormi de la nuit!
  Je ne lui parlai pas du pentagramme, de toute évidence.
- Je peux te laisser te reposer, si tu veux, proposa-t-il, gentillement.
  Je refusai, plus par politesse que par envie. On frappa à la porte. Je m'excusai auprès de Fabian et j'allai ouvrir. Complètement fatiguée, j'ouvris la porte en soupirant et en affichant sur mon visage une expression pas très accueillante. Mais, en voyant celui qui se tenait sur le seuil, j'écarquillai les yeux en refermant brusquement le panneau de bois. Ce n'était pas très poli, mais je n'avais pu empêcher ce réflexe. Je me regardai dans le miroir, qui était accroché au mur du couloir de l'entrée, et j'arrageai mes cheveux avant de rouvrir, le sourire aux lèvres.
- Je ne sais pas comment je dois prendre ce geste, rit Greg. Tu n'avais pas l'air en forme.
  Décidément, tous allaient me faire la même remarque.
- J'ai juste mal dormi.
  J'allais lui demander comment il avait eu mon adresse, mais il devina ma question et dit:
- J'ai vu ton nom sur l'affiche de votre pièce, et, avec internet, ça a été facile de trouver ton adresse.
  Je ne pus m'empêcher de penser que c'était complètement dingue de faire de telles recherches. Il continua:
- Je voulais profiter de ma journée de repos pour t'inviter à boire un verre.
  Je regrettai immédiatement d'avoir dit à Fabian qu'il pouvait rester, mais ce dernier fit irruption derrière moi et dit:
- Tu peux y aller, si tu veux. J'avais des choses à faire, de toute façon.
  Sans rien ajouter, il partit, bousculant Greg de l'épaule en passant à côté de lui. Greg me regarda, interrogateur. Ne comprenant pas le comportement de mon collègue, je haussai les épaules pour toute réponse.
- On y va? demanda-t-il.
  Je pris mon sac à main et sortis, tout en prenant soin de fermer la porte.