Élémentale

~IX~

  Nous revenâmes chez moi une heure plus tard. Je l'informai:
- Fais comme chez toi! Si tu as faim, ou soif, sers-toi. Je te laisse ma chambre, je dormirai sur le canapé.
- Je ne vais pas te prendre ta chambre, contesta-t-il.
- Bien sûr que si, insistai-je. Ça ne me dérange pas.
  Il céda finalement. Je lui indiquai:
- La salle de bain est reliée à la chambre. Je vais juste me changer pour la nuit et je te laisse t'installer.
  Je me rendis donc dans ma chambre. J'ouvris mon armoire et remarquai que, pour tenue de nuit, je n'avais que de légères chemises de nuit, ce qui ne m'arrangeait pas, étant pudique. Je fus contrainte d'en prendre une, rouge, et filai me préparer dans la salle de bain pour la nuit. Je retournai dans la salle de séjour peu de temps après, gênée par ma tenue, mais il ne fit aucune remarque et n'eût aucun regard mal placé, ce qui me soulagea un peu. Nous nous souhaitâmes une bonne nuit, il entra dans la chambre et je m'installai sur le canapé avec une couverture et un oreiller.
  Je me réveillai vers 6 heures du matin, l'heure où je me réveillais habituellement, mises à part quelques exceptions. Je pris un livre, enfilai mes lunettes, me servis un verre de jus de fruit et m'assis au muret séparant la salle de séjour et la cuisine ouverte. Je feuilletai le livre, cherchant une solution à la situation dans laquelle nous nous trouvions. Greg me rejoignit peu de temps après. Il était déjà passé à la salle de bain et était déjà prêt. Il me salua avant de s'exclamer:
- Mais tu portes des lunettes!
  Je les retirai immédiatement avant d'expliquer:
- Je dois les porter lorsque je lis, je regarde la télévision, et tout, quoi...
- Je t'ai déjà vu lire à plusieurs reprises, et je ne t'ai jamais vu avec!
- Je ne les mets pas quand je suis en compagnie de quelqu'un...
- Pourquoi? Si tu dois les mettre, c'est pour ta santé.
- Mais je suis trop moche, avec.
  Il prit les lunettes et les glissa sur mon nez.
- Montre-moi ça, dit-il.
  Il me regarda et sourit avant d'ajouter:
- Il faudrait être fou pour penser que tu es moche, avec ou sans lunettes.
  Je souris timidement et, me sentant rougir, je changeai de sujet:
- Tu déjeunes quoi?
- Un verre de jus d'orange et des fruits, s'il te plaît.
  Je sortis donc un verre, du jus d'orange et je mis la corbeille de fruits sur le muret, devant Greg. Il s'assit au muret, se servit un verre et prit une pomme. Je me posais une question depuis que j'avais rencontré Greg, et je décidai de demander:
- Pourquoi tu m'as rejointe au théâtre, la première fois que l'on s'est vu?
- Parce que je pensais que l'on pouvait bien s'entendre, et je ne me suis pas trompé.
- Pourtant, mon style gothique-chic est tout le contraire de ta personnalité. Comment as-tu su que l'on allait bien s'entendre?
- Tu sais, l'habit ne fait pas le moine. Et puis, on dit que les yeux sont les reflets de l'âme, et j'ai vu dans tes yeux que tu étais quelqu'un d'adorable.
  "Adorable!? Greg a dit que j'étais adorable!" Alors que j'explosais de joie dans mon esprit, j'entendis frapper à la porte d'entrée. J'allai tout de même ouvrir, me doutant de la personne que je trouverai devant la porte. Je ne m'étais pas trompée, Nawel était là.
- Salut, Kathy! Je suis venue te chercher pour aller à la répétition.
  N'étant toujours pas prête, j'invitai la jeune femme à entrer, en attendant que je m'habille. Alors que je refermais la porte derrière elle, elle me regarda,et, voyant ma chemise de nuit légère s'exclama:
- Canon!
  Je la remerciai, plutôt gênée, et lui fit signe d'aller dans la salle de séjour. Nous y allâmes donc et Greg la salua de la main, un morceau de pomme dans la bouche. Un sourire apparut sur le visage de la maquilleuse, qui ajouta:
- Canon et pas seule!
  Pour éviter toute remarque embarrassante de la jeune femme, je filai à la salle de bain pour me préparer. Une fois prête, je les rejoignis. Comme je le pensais, Nawel bombardait Greg de questions. Je lui dis qu'il fallait que l'on se dépêche, sauvant Greg des remarques gênantes de la maquilleuse. Je lui donnai le double des clefs de mon appartement, comme il devait se rendre au studio une heure plus tard, il pouvait rester chez moi en attendant. En nous rendant au théâtre, j'expliquais à Nawel que Greg avait juste dormi chez moi et que nous n'avions même pas dormi dans la même pièce, brisant les films qu'elle se faisait.