~XVI~

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  Le lendemain, je me réveillai dans les bras de Greg. Je souris, heureuse. Il était tellement chou quand il dormait! Je le contemplai depuis une bonne dizaine de minutes lorsqu'il ouvrit les yeux, se réveillant à son tour.
- Bonjour... soufflai-je.
- Bonjour, toi, me répondit-il, souriant lui aussi. Tu as bien dormi, joli cœur?
  Passant outre l'euphorie que produisait ce surnom dans mon esprit, je répondit:
- Merveilleusement bien, et toi, mon cœur?
- Mieux que jamais, dit-il avant de m'embrasser.
  Ce matin-là, il m'accompagna jusqu'au théâtre. Nous marchions main et, une fois arrivés devant le théâtre, il prit ma deuxième main de façon à ce que je sois face à lui.
- Inutile que je te conseille d'être parfaite sur scène, tu l'ais déjà au quotidien.
  Je souris. Il continua:
- J'aimerais rester encore un peu avec toi, mais je dois y aller...
  J'acquiesçai et l'embrasser amoureusement. Il partit et j'entendis une voix féminine derrière moi:
- Enfin!
  Je me retournai et vis Nawel, Maximilien et Fabian, qui étaient arrivés sans que je ne les vois. Je rentrai dans le bâtiment tout en répondant aux questions enthousiastes de Nawel et Maximilien.
  Ce soir-là, Golan et Ophélia assistaient à la pièce. La représentation avait déjà commencé. Nous étions à la scène 5 de l'acte III. Je me retrouvai seule sur scène, dans mon rôle de Roxane, avec Fabian, dans son rôle de Christian. Je m'approchais de lui.
- C'est vous!...
Je m'assis sur le banc présent sur la scène avant de continuer:
- Le soir descend. Attendez. Ils sont loin. L'air est doux. Nul passant. Asseyons-nous. Parlez. J'écoute.
  Il s'assit à côté de moi et, après un silence volontier, annonça:
- Je vous aime.
- Oui, parlez-moi d'amour, demandai-je, fermant les yeux.
- Je t'aime.
  J'ouvris et répliquai:
- C'est le thème. Brodez, brodez.
- Je vous...
- Brodez!
- Je t'aime tant.
  Agacée, comme devait l'être mon personnage, je répondis:
- Sans doute. Et puis?
- Et puis... je serais si content si vous m'aimiez! Dis-moi, Roxane, que tu m'aimes!
  Grimaçant, je répondis:
- Vous m'offrez du brouet quand j'espérais des crèmes! Dites un peu comment vous m'aimez?...
- Mais... beaucoup.
- Oh!... Délabyrinthez vos sentiments!
  Fabian se rapprocha, dévorant des yeux ma nuque, comme l'indiquait le scénario.
- Ton cou! Je voudrais l'embrasser!...
  J'étais censé clamer son nom, mais j'eus comme un blocage. Le regard perdu dans le vide, plus aucune pensée ne traversait mon esprit. Je dûs rester un certain temps ainsi, car j'entendais des murmures s'élever de la salle. Fabian reprit la parole, me sortant de ma "transe":
- Roxane? Veuillez me répondre, je vous prie!
  Reprenant le cours normal de la pièce, je m'exclamai:
- Christian!
  La pièce se finit sans autre moment de trouble. Après la représentation, je m'éclipsai rapidement des coulisses pour ne pas avoir à entendre les remarques des autres acteurs ou du metteur en scène. Golan et Ophélia m'attendaient dehors.
- Tu étais très bien! me complimenta Golan.
- Mais ça t'arrive souvent, ces moments d'absence? dit Ophélia, un peu moqueuse.
- C'est la première fois, je ne sais pas ce qu'il s'est passé...
- Peut-être que ce sont les propos de ce beau Christian qui t'ont bouleversée! rit-elle.
  Alors que nous commençâmes à marcher, elle continua:
- D'ailleurs, il faut que tu me dises tout à propos du message que tu m'as envoyé ce matin!
  En effet, le matin même, lorsque je suis entrée dans le théâtre, je n'avais pas attendu pour prévenir par SMS Ophélia que j'étais à présent en couple avec Greg, trop heureuse pour ne pas le partager. Golan ajouta, riant aussi:
- Et tu ne devineras jamais! Au même moment, j'ai reçu le même message de Greg.
  Je souris. J'allais répliquer, tout en voyant au loin que quelqu'un avait jeté une bouteille vide à terre. J'utilisai discrètement mes pouvoirs pour l'amener dans une poubelle, mais, sans que je ne comprenne pourquoi, la bouteille ne bougea pas et je renversai même la poubelle d'un coup de vent, ce qui nous fit sursauter. Golan se tourna vers Ophélia:
- Ma chérie, je crois que j'ai oublié mon téléphone au théâtre. Tu veux bien aller le chercher?
  Elle n'était pas ravie, mais y alla tout de même. Je fis remarquer au néerlandais:
- Tu exagères, tu aurais pû y aller.
  Il sortit de sa poche son téléphone. Je l'interrogeai du regard.
- Il faut que je te parle, m'éclaira-t-il.
  Je demandai, tout en essayant de redresser la poubelle et de ramener les ordures dedans, ce que je réussis à faire plusieurs essais plus tard:
- Tu ne lui as encore rien dit?
- Je ne lui dirai pas, je ne veux pas l'effrayer.
- Et tu m'as fait comprendre que je devais le dire à Greg!
- Mais lui connaissait déjà la magie! Ça ferait beaucoup trop à apprendre d'un coup.
- Bon... Alors qu'est-ce que tu voulais me dire? Tu sais qui pourrait être l'hybride?
- Non, il fait parti de ton entourage, si tu ne le sais pas, ce n'est pas pour moi le savoir! Mais je voulais te demander si tu savais ce que signifiait ce que tu as eu.
  Je ne compris pas de quoi il parlait, alors j'attendais qu'il s'explique, ce qu'il fit:
- Je parle de  l'absence que tu as eu sur scène, et de cette perte de contrôle de tes pouvoirs.
- Non, je ne sais pas ce que cela signifie...
- Tu es enceinte, Gloria.

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