~XI~

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  Cela faisait quelques semaines que j'avais revu Ophélia, et nous nous revoyons souvent. Ce soir, j'avais invité Golan et Ophélia à dîner chez moi. Bien entendu, Greg serait là aussi. Nous nous étions mis d'accord: en quelques sortes, il habitait dorénavant chez moi. Nous alternions les places: une nuit il prenait la chambre et moi le canapé et, la nuit d'après, nous alternions. Je me sentais rassurée qu'il soit dans mon appartement, pour que je puisses le protéger si Fabian décidait de s'en prendre à lui. Je venais de dresser la table quand on sonna à la porte.Posant le dernier verre, je demandai à Greg d'aller ouvrir, ce qu'il fit. Golan et Ophélia entrèrent, dans un bruit enthousiaste qui les caractérisait bien dans leur bonne humeur continuelle. Nous avions passé une bonne soirée et, à la fin du repas, je commençai à débarrasser la table. D'un geste maladroit, je renversai un verre, qui failli tomber mais dans un réflexe, je le rattrapai à l'aide de mes pouvoirs. J'avais pris l'habitude de les utiliser, Greg connaissant ma nature d'élémentale, et je l'avais fait sans réfléchir. Je me tournai vers les invités, espérant qu'ils n'aient rien vu. Ophélia continuait de parler, de grands gestes illustrant ses mots, ce qui m'assura qu'elle n'avait strictement rien vu. Quant à Golan, il me regaardait fixement, surpris, mais, étrangement, il n'avait pas l'air effrayé. Je pris rapidement la vaisselle qui restait et je filai vers la cuisine pour la laver, m'extirpant des questions que pouvait me poser le jeune homme. Je l'entendis m'interpeler:

- Attends Gloria, je vais t'aider.

- Parce que tu aides à nettoyer, toi, maintenant? demanda sa fiancée, un sourcil arcqué.

  Il se contenta d'acquiescer et me rejoignit. J'avais commencé la vaisselle, comme si de rien n'était, et il me donna un coup de main. Nous étions face à l'évier, dos aux autres et à la salle de séjour sur laquelle s'ouvrait la cuisine. Il questionna, tout en souriant, à voix basse pour que les autres n'entendent pas:

- Alors on est l'élément air?

  Je fus étonnée de sa réflexion. Non seulement il n'était pas effrayé, mais en plus il avait l'air de savoir des choses au sujet des élémentaux. Je le regardai, interrogatrice. Pour toute réponse, il me montra la paume de sa main et, en quelques secondes, de petites flammes s'allumèrent en son creux avant qu'il les éteignent en refermant la main.

- Tu es un élémental du feu!? m'étonnai-je, retenant ma surprise pour ne pas alerter les deux autres.

- Et oui. Tu sais que tu as failli dévoiler ce que cache notre peuple depuis des siècles?

- Oui, je sais, mais comme Greg est au courant, je n'ai plus tellement l'habitude de me cacher quand je suis chez moi.

- Tu lui as dit!?

- Je n'ai pas tellement eu le choix... Regarde le dos de sa main.

  Il se retourna donc, s'arrangea pour voir la main de Greg, qu'il ne m'était pas beaucoup à la vue des autres, et revint vers moi.

- C'est un pentagramme!?

  Je ne répondis rien à sa question rhétorique.

- Qui veut sa mort!?

  Je lui fis signe de maîtriser le volume de sa voix. Même si j'étais plus que persuadée que c'était Fabian, le manque de preuve contre lui me fit répondre:

- Je ne sais pas... C'est pour cela que je ne le lâche plus. Je ne veux pas qu'il lui arrive du mal.

- Tu dois vraiment tenir à lui.

  Sans réfléchir, je confirmai:

- Plus qu'à ma propre vie.

  Me rendant compte de la portée de mes propos, je changeai de sujet:

- Tu n'en a pas parlé à Ophélia?

- Non. Je l'aime trop, je veux la préserver de cela.

  Je souris, heureuse de constater qu'Ophélia avait trouvé son âme soeur. Cette dernière s'exclama:

- Golan chéri, il se fait tard. Nous devrions rentrer.

  Golan me jeta un regard qui semblait vouloir dire "Veilles sur lui", puis le couple nous salua et partit.

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