~XXXIII~

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  Nous entrâmes dans l'appartement. Être ici me rendait triste, bien sûr, me faisant toujours plus penser à Greg, mais je le cachais. De plus, j'étais angoissée, prise par cette étrange peur dont je ne connaissais pas l'origine. J'appelai le chat. En temps normal, il venait dès qu'il entendait quelqu'un entrer, mais ce n'était pas le cas ce jour-là. Il devait être dans la buanderie, où se trouvaient litière et gamelles. Étrangement, la porte était ouverte. Greg la laissait toujours fermée, comme la pièce n'était pas chauffée, ça évitait de laisser entrer le froid dans les pièces de séjour. Le chat pouvait tout de même si rendre, la porte étant équipée d'une chatière. Cette porte entrouverte ne pouvait être qu'un détail, une chose que Greg aurait négligée la dernière fois qu'il était venu, mais ceci additionné à mon mauvais pressentiment, je ne prenais pas ça pour un hasard. J'entrai donc dans la pièce, suivie par Fabian. Tout semblait en ordre, si ce n'est une tâche d'un liquide rougeâtre dans un coin de la pièce.
- Oh mon Dieu... soufflai-je.
- C'est du sang? demanda Fabian.
- Que veux-tu que ce soit d'autre? ironisai-je, inquiète.
- Celui du chat?
- Cela m'étonnerait. Si on prend en compte la taille d'un chat et la quantité de sang, le chat serait gravement blessé, voir mort. Ça doit être du sang humain...
  J'étais de plus en plus angoissée. La blessure ne devait pas être grave, mais tout de même. De plus, le sang était frais. Le blessé avait dû se trouver ici très récemment, et j'étais plus que sûre qu'il s'agissait de Greg.
- Une heure plus tôt et nous aurions pu l'aider! explosai-je. Nous aurions dû y penser plus tôt, nous aurions dû venir ici immédiatement!
- Cela n'aurait servi à rien, fit sournoisement la voix de Mélissa dans mon esprit.
- Encore toi... soupirai-je.
  Fabian n'arrivait pas à suivre le fil de mes paroles, ce qui était logique comme il ne pouvait pas entendre l'hybride.
- Tu sais très bien que je peux lire dans tes pensées, maintenant, grâce à la jolie marque sur ta nuque... Et puis je t'entends, lorsque tu parles. Alors j'ai su que tu venais ici, et je l'ai donc changé d'endroit. Ne me prends pas pour une idiote, tu ne le reverras pas. Te voir ainsi est beaucoup trop plaisant.
  Elle riait. Je questionnai:
- Il est blessé?
- Bien sûr, mais rien de bien grave. Cependant, dès que tu ne m'obéiras pas, il souffrira, alors fais attention à ce que tu fais.
  Je serrai les poings, me retenant de lui lancer des insultes. Je décidai de détourner mon attention, revenant au but de ma visite. Je me remis à la recherche de l'animal, et le trouvai enfin. Il était blotti entre deux meubles, et semblait plus qu'effrayé. Je le pris contre moi, lui murmurant:
- Ne t'en fais pas, ma chérie, tu n'as pas à avoir peur ainsi.
Je relevai la tête et, derrière Fabian, dans le noir, je vis de grands yeux jaunes. Dans un réflexe, je cachai mes yeux, lâchant le chat qui se cacha derrière mes jambes en sifflant.
- Qu'est-ce qu'il y a? s'enquit Fabian, passant son bras autour de mes épaules.
  Je rouvris les yeux. Ceux que j'avais vu avaient disparus. Je repris le chat dans mes bras, essayant de le calmer.
- Tu vas venir avec nous, ma belle. Hors de question que je te laisse ici.
  Sans attendre et sans rien expliquer à Fabian, je sortis précipitamment de l'appartement.

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