Aujourd'hui, c'est jour de fête. C'est tous les jours, jour de fête. Assis éternellement sur mon banc, depuis très longtemps, je regarde les gens passer. Toujours les mêmes. Tous les jours ces visage souriants, bienveillants. Ces enfants, riant, insouciants. Toujours les mêmes ballons, les mêmes manèges, les mêmes personnages grotesques d'une vie au fil tendu. Je tends la main, si loin, pour tenter d'attraper ces fils si vifs, si vivants. Mais le fil, s'effrite, se lisse, se perd, se coupe. Se coupe tout d'un coup.
C'est un couteau qui a coupé mon fil que je voyais si ardent, si épais. Mais il était fin. Depuis, je suis sur ce banc. Les gens ne me voient pas, ne me voient jamais vraiment. Autrefois, là où je suis assis, une trace de sang s'était incrustée. On l'a lavée, mais elle ne s'est jamais enlevée, elle reste la, en même temps que moi.
- Je peux m'installer ?
Tiens, elle peut me voir elle. Elle me regarde d'un air hésitant. Ce n'est plus courant de voir des fantômes, ces temps-ci. Ils sont délaissés, seuls, personne à qui parler. Les vivants disent que ce sont des sornettes, des sottises d'un autre temps. Moi je le sais bien, ils existent. J'ai de la chance, cela fait dix ans qu' on ne m'a pas parlé. Je lève la tête, et acquiesce, un grand sourire au visage.
(texte pour le concours de Captainbrowni , j'espère qu'il te plaira !)
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Journal de Pensée
PoetryQuand je fixe ces grands géants, De mes yeux de poète, Une impression vague me prends. De ces pachydermes de bois dans ma tête. Leurs racines se nourrissent de la Terre Nourricière, pleine de vie tendre. Nous autres le faisons de notre mère, Dans le...