Ah c'est toi, je ne t'attendais pas si tôt. À vrai dire je ne compte plus les heures ou les jours.
Ça fait longtemps. Ah non ? C'est vrai tu es venu, il y'a deux mois. Tu as rencontré ma femme, elle est jolie n'est ce pas ?
Viens assieds-toi, t'as toujours ta place dans le vieux fauteil. Toujours ton costume noir, t'en as pas marre ? Et cette jeunesse bon sang, j'en suis jaloux.
Tu te rappeles la première fois qu'on s'est rencontrés ? J'avais sept ans, ou je ne sais plus. T'as déboulé dans l'entrée, sans toquer, et puis le téléphone a sonné.
Quelques jours plus tard on s'est revus, t'avais ton costume noir des mauvais jours et ton sourire têtu. Je m'en souviens, tu m'as fixé ce jour-là. Et tu m'as dit " Notre Temps Viendra".
On s'est croisés souvent pendant quelques mois. À vrai dire je pensais souvent à toi. Puis t'as disparu sans aucune trace, t'as déguerpi de ma vie, pour prendre une autre place.
On reprenait contact parfois, quand t'avais le temps. Tu me redisais cette phrase et ça me faisait peur. On reparlait, on redevenait de bons amis.
Mais les ans ont passés. Je voulais grandir, vieillir, eh bien c'est fait. J'ai rencontrée ma femme, je travaillais dans un endroit sympa, j'ai eu des gosses, une maison, un chien.
Puis j'ai voulu rajeunir. Tous ces médocs, ce mal-être, ces maux de tête, je voulais plus souffrir. Je voulais
revenir en arrière, revivre les belles années, la jeunesse, l'insouciance, le plaisir.Tu sais, l'homme passe une partie de sa vie à vouloir vieillir et l'autre partie à vouloir rajeunir.
Ça va t'es bien ? Tu veux un thé, un café, ou quoi que ce soit ? C'est sûr toi t'as besoin de rien.
Tu voudrais pas avoir tort ? Éprouver des remords, disparaître, mourir en fait. Tu voudrais pas effacer ce sourire ?
Paraître triste, joyeux, ou sadique à en mourir ?Ouais je sais, mon Temps Est Venu. Laisse moi une minute, le temps de dire au revoir, de me souvenir. Je remets des croquettes à mon chien. C'est bon je suis prêt. Allez tu viens avec moi ?
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Journal de Pensée
PoetryQuand je fixe ces grands géants, De mes yeux de poète, Une impression vague me prends. De ces pachydermes de bois dans ma tête. Leurs racines se nourrissent de la Terre Nourricière, pleine de vie tendre. Nous autres le faisons de notre mère, Dans le...