Poète Roi

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Au sein de la ville suante et sale, mon esprit se révolte.
Il ne peut se borner aux espaces étriqués des parcs et des bosquets de mon quartier. Aucun endroit pour permettre à mon âme de se libérer, de se ressourcer : la cité est un étau.
Alors je me lève. Mes jambes dévalent un escalier, traversent la place pavée, la fontaine et le chemin bordé de maisons.
Mon royaume n'est plus loin. J'y arrive, enfin. Je traverse les portes et aussitôt, la nature se réveille.
Je salue les fleurs rougissantes qui gloussent de plaisir en me voyant puis je caresse l'herbe grasse qui frémit du toucher. Un moineau croise mon chemin et pépie pour me dire bonjour.
Les feuilles bruissent et je me relève. Je ris sans pouvoir m'en empêcher en entendant ce vieil ami qui arrive à toute allure : le vent. Il s'engouffre entre le feuillage et agite mes cheveux puis repart, tout aussi joueur.
Je reprends mon chemin et écoute la terre se pâmer de sentir mes pieds la fouler.
Je m'arrête dans une clairière et m'assieds contre un vieux chêne aux côtés d'un ruisseau joyeux. Les racines de l'arbre sont comme un trône , faites pour m'accueillir.
Alors, je sors ma plume et mon cahier et les mots filent sur le papier. Mais ma main est accompagnée par la nature, qui la guide sur la marche à suivre. C'est mon rôle de poète, relier la nature à l'homme.
Le ruisseau appporte sa fraîcheur, les fleurs leur éclat, le chêne sa sagesse. J'oublie le ciel, la bienveillance. Et puis moi, qui apporte mon humanité.
Je referme mon cahier et observe les cieux et les longs nuages paresseux qui me fixent de leurs regards amorphes. Je m'endors, entouré par cette bonne compagnie.
Au réveil, le ciel est rouge et mon regard dérive vers la ville. J'avais pensé un temps que la nature ne pouvait m'apporter le bonheur. Je me trompais. Comment ne pouvait-on pas adorer cette nature qui faisait partie de notre être ?
Comment ne pouvait-on pas sentir la vie sous l'écorce, le battement de cœur et la sève qui remplace le sang.
C'était inimaginable de ne pas vivre avec cette harmonie qui apportait sérénité et inspiration !
Mes yeux se perdent dans les tours, les maisons et la fumée en contre-bas. Je pense déjà que demain, je devrai retourner là-bas et qu'en chemin je ne souhaiterai que revenir en haut de cette clairière, roi de mon royaume.

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C'est plus ou moins le poème que j'avais écrit pour le bas de français 2019 en poésie où il fallait mettre en scène un poète qui se sentait bien dans la nature ( on avait en référence le premier texte de Lamartine qui dit qu'il se sentait pas bien dans la nature)
J'ai fait un peu plus de références au texte dans ma copie mais la je les ai oubliés lol.

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