Un cri lancinant parvient à mes oreilles. Je sors la vieille montre à gousset de ma veste, et vérifie la place des aiguilles. Tic Tac. Tic Tac.
- C'est l'heure.
Je me lève avec précaution du banc sur lequel je suis assis. J'évite de nombreux passants sur le boulevard, concentrés sur eux-mêmes. Je traverse une femme que je n'avais pas aperçue et pousse un soupir. Je déteste ça. Mes pieds me portent jusqu' à un croisement bondé, les voitures stoppées. Un corps est allongé sur la chaussée. Une fillette. Son visage d'enfant est paisible, ses nattes reposent sur l'asphalte. Des promeneurs ont observé l'accident. Ils crient, pleurent. Les secours sont en route.
- Monsieur ? Monsieur ? Pourquoi je suis allongée là ?
Je tourne la tête vers la petite fille à ma droite. Identique à celle qui dort sur le goudron. Je m'accroupis pour me mettre à sa hauteur, et lui souris.
- Tu vas vivre plein d'aventures maintenant ! Tu ne fais plus partie des gens d'ici.
Elle réfléchit un instant et pose un regard grave sur moi.
- Je suis morte c'est ça ? c'est le mot qu'utilisent les grands quand quelqu'un va vivre d'autres aventures.
Je hoche la tête, et lui prends la main. Elle ne proteste pas, et je marche avec elle, qui gambade. Je m'arrête et lui pose ma main sur le front. Une douce lumière jaillit de son corps. Elle disparaît en un scintillement.
Je retourne au parc, et m'assit sur le banc en bois. J'attends le prochain cri, le prochain mort. Je fixe ma montre, je fixe le temps. J'erre dans les deux mondes, j'apporte les âmes dans le second monde. On m'a donné plusieurs noms, mais je crois que celui qui me correspond le plus ne se nomme pas. J'observe le ciel. Les couleurs claires de la journée se transforment en rouge, rose, violet. Des étoiles commencent à apparaître. Peut-être qu'une nouvelle est apparue ce soir. Enfin, c'est ce qu'on dit.
Un cri lancinant parvient à mes oreilles. Je sors la vieille montre à gousset de ma veste, et vérifie la place des aiguilles. Tic Tac. Tic Tac.
- C'est l'heure.
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Journal de Pensée
PoésieQuand je fixe ces grands géants, De mes yeux de poète, Une impression vague me prends. De ces pachydermes de bois dans ma tête. Leurs racines se nourrissent de la Terre Nourricière, pleine de vie tendre. Nous autres le faisons de notre mère, Dans le...