La Meute Vaillante

Chapitre 11

Je mis le pendentif dans ma poche. Il était rare que je le sorte.
Je me claquais les joues avant de prendre une grande inspiration.
Je portais deux sacoches sur mes bras pour descendre les escaliers et présenter les sacs à Morgan.
- J'ai fini ! Annonçais-je.
- OK ! Répondit-il en lorgnant inquiet les sacs.
- On peut y aller ?
- Oui aller ! Répondit-il soudainement très enthousiaste.

Il me manquait une dernière chose. Je ne suis pas une princesse mais je tiens à bien voyager... Je réussis à caser ma tente pliable dans un des sacs. Satisfaite je me frottais les mains et je mis un sac sur mes épaules. L'autre revient à Morgan.
Avant de partir j'avais tout de même pensé à prendre de quoi manger.
Morgan avait insisté sur le fait de faire le voyage de façon naturelle. Mais ce qu'il ne savait pas... C'est que je comptais par prendre un bus lorsque j'en aurais vraiment marre de marcher.

Durant la soirée de marche, je me maudis d'avoir proposé de partir le soir-même. J'étais complétement exténué. Nous aurions dû nous y rendre le lendemain matin, après une bonne nuit de repos. Cependant Morgan insista pour ne pas s'arrêter, il semblait pressé et inquiet.
Alors je me tus et je suivis ses pas. Cela pendant presque 24h avec quelques minutes de pause.
Mes jambes ne me portaient plus. Je me laissais glisser, ou plutôt tomber, sur la terre. J'avais mal. J'étais fatiguée, je ne pouvais plus rester éveillée. Il me fallait vraiment du repos.

- On s'arrête je ne peux plus continuer ! Lâchais-je.
Ce n'était pas une question. S'il ne voulait pas s'arrêter qu'il continue sans moi. Ou qu'il me traine. Mais je n'utilise plus mes jambes.
Ce qui était agréable, c'était que nous traversions beaucoup de coins paumés où l'on croisait peu d'Hommes.
Nous installions notre campement non loin d'un ruisseau. Celui-ci nous permis de rafraîchir nos visages et de boire. L'eau était étonnement propre et non-polluée. J'étais surprise de cette découverte, car j'étais persuadée que tout endroit était pollué par l'Homme.

J'étais trop fatiguée pour correctement faire les choses. Cependant je me hâtais de finir de d'installer le sac de couchage pour Morgan. Et je me contentais d'une chaude couverture.
Je n'avais pas deux sacs de couchages. De plus étant une fille galante je lui avais laissé le couchage. Mais celui-ci opta plutôt de revêtir sa forme animale pour dormir. Je récupérais alors le couchage. Je préférais garder ma forme humaine, c'était moins risqué.
Mon confrère s'allongea dos à moi. Je baillais alors en m'emmitouflant.

Et puis ce n'est pas comme si j'étais frileuse. Je fermais alors les yeux.
J'espérais juste qu'aucun animal sauvage ou bien même humain ne viennent nous déranger. Car je n'aurais peut-être pas la force de bouger. Je comptais sur Morgan pour se charger de cet éventuel problème.
- Bonne nuit la princesse des glaces...
Je ris sous ce surnom et je lui répondis de bien dormir.
Je m'endormis alors profondément, à bout d'énergie.

Quelque chose tomba sur mon nez.
Ce qui me gêna et je repris doucement conscience.
Il pleut ?
Je sentis plusieurs petites choses froides tomber du ciel pour venir sur moi.

J'ouvris légèrement les paupières, ayant une vision trouble un instant. Je battis des cils et vis un flocon tomber sur ma lèvre supérieure.
- Il neige ! M'écriais-je.
Le loup à côté de moi se releva précipitamment, prit de peur par le cri que j'avais poussé.
- Hein ?... Quoi ?... Qu'est-ce qui se passe ? Questionna-t-il d'une voix ensommeillée et sur ses gardes.
En plus de ça, il avait les poils ébouriffés.

- Il neige ! Répondis-je avec un sourire.
- Tu me réveille pour ça ?
- De base je voulais pas te réveiller (je soupirais) Rendors-toi... Dis-je en me levant et en frottant mes membres ankylosés par la dureté du sol.
Je titubais légèrement avec la douleur toujours présente dans mes jambes.
- Où tu vas ? M'interpella-t-il d'une voix radoucie.
- Quelque part. Rétorquais-je.

Je voulais retrouver un moment pour moi. Il faisait encore nuit. Cependant je m'éloignais, et je m'arrêtais une fois assez loin du campement.
Je m'assis au pied d'un chêne, puis je ramenais mes jambes contre ma poitrine. J'enroulais mes bras autour de mes jambes et je posais mon front sur mes genoux en pleurnichant.

Ce à quoi je pensais là, tout de suite fut Jake...
S'il était là, il se serait extasié avec moi devant les premières chutes de neige.
Jake... Je n'aurais jamais cru le revoir... Et encore moins dans ces conditions.
Je pense que je ne serais pas parti aussi vite et je n'aurais pas pris une décision avec si peu de considération... Si j'étais partis dans cette expédition, c'était en partie pour ne plus croiser Jake. Pour que je m'évanouisse à nouveau à ses yeux.
Je ne voulais pas qu'il me déteste...
Je ne pouvais pas supporter l'idée.
Sans parler de Léonie qui est furieuse contre moi... Je ne sais pas comment je vais me réconcilier avec elle...

Mais aussi, ce qui me fait peur c'est le destin de cette meute. J'ai décidé de me lancer dans quelque chose dont je ne connais pas les conséquences. C'est une chose que je fais assez souvent, cependant cette fois ce n'était pas rien. Plusieurs vies se trouvaient entre mes mains...

Les poils de ma nuque se dressèrent me signifiant qu'il y avait quelque chose.
Qu'est-ce qu'il y a ?
J'ai comme une sensation bizarre.
- Icelly...
Ce mot semblait être porté par la brise et s'évanouis rapidement comme un murmure.
Je relevais le tête mais je ne vis rien. Je continuais de pleurer.
- Kelly...
- Qui est là ?! M'égosillais-je.
Je commençais à ressentir une sorte de peur.
Cette voix fantomatique était aussi légère qu'une plume, les mots glissaient à mes oreilles.
- Kelly...
- Qui est là ? Répétais-je mis-effrayée mi-énervée.

Je me collais au tronc de l'arbre lorsque j'aperçus une femme. Je me relevais, alarmée.
Elle avait les cheveux châtains, des petites rides discrètes aux coins de ses yeux dorés.
Elle était vêtue d'un drap blanc comme une toge. Elle dégageait une sorte d'aura.
- Vous êtes qui ? Que me voulez-vous ?... Exigeais-je alors que ma voix défaillit dans les tons aigus.

- N'est-pas peur. Je ne veux pas te faire de mal. Je veux t'aider...
- Vous êtes qui ? Réclamais-je.
- Je suis la personne qui t'aidera jusqu'à ce que tu accomplisses tes preuves.
- Je ne comprends pas... Vous êtes un fantôme ?
- Oui, on peut dire ça... Elle rit doucement.

J'eusun sentiment très étrange. Comme si la personne m'était familière.
- Vous me dîtes quelque chose... Je vous connais ?
L'esprit me contempla de ses yeux dorés. Ceux-là étaient un peu foncés, commesi un voile cachait ce qu'elle était, ce qu'elle éprouvait. Comme si quelquechose les ternissait.
- Je suis ta grand-mère...
Ma mâchoire s'ouvrit tellement grand que je pensais devoir la ramasser.