Chapitre 12

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- Ma grand-mère ? Mais non ce n'est pas possible...
Comme elle ne répondait pas j'ajoutais :
- Tu es comme moi ? Je veux dire... (je me stoppais)
- Oui, j'étais un loup.
- Que t'est-t-il arrivé ?
- Un incident...
Je crus voir des flammes brûler dans ses yeux. Comme si soudainement la barrière psychique derrière laquelle elle s'était réfugiée, elle s'était volatilisée.
Je perçus son histoire à travers ses prunelles. Comme si s'était ma propre histoire.

Je respirais rapidement, une respiration haletante même.
La peur me glaçait les os au point de ne plus pouvoir bouger. Mais j'y étais obligée, contrainte de m'enfuir.
Je regardais autour de moi.
Je me trouvais dans le salon, dans une petite maison.
Un bébé, mon fils, pleure dans son berceau à côté de moi.
Des personnes hurlaient dehors avec des fusils en main. Ils répétaient en boucle « Abat le monstre ! »
L'animal en moi se réveilla, l'angoisse le poussait à se manifester. Des petits gémissements craintif et animal m'échappèrent.
Je les stoppais pour ne pas perdre le contrôle, je ne devais pas maintenant.

Je me focalisais sur le bébé, il était brun avec des grands yeux verts qui me regardait.

Il arrêta de pleurer lorsque je le pris dans mes bras. Le petit avait un an et plus.
Je le berçais doucement pour le rassurer, mais je le faisais également pour moi.
Il se tortilla tandis que je l'emmitouflais dans une couverture bien chaude, le temps était très froid en automne.
Je sortis de la maison par derrière, lentement et silencieusement alors que les humains s'égosillaient en troupe devant la porte de devant.

J'entendis un coup de feu, mais cela n'était pas dirigé sur moi, ils ne m'avaient pas repéré.
Je tenais fermement mais doucement le bébé dans mes bras. Je le cachais quelque peu contre moi. Je devais étouffer ses éventuels pleurs.

Je me mis à courir aussi vite que je le pouvais pour me diriger au cœur de la forêt.
Je savais que juste après la forêt se trouvait une petite route avec une maison où vivait un petit couple sans enfant. Ils devaient avoir des problèmes avec la fertilité.
Cela me peinait de devoir abandonner mon bébé.
Mais je savais que les humains allaient me tuer, et le tuer.
Une balle de fusils vient se planter dans l'un des arbres qui se tenait à vingt centimètres de moi.

Je sortis de ma rêverie, je redoublais de vitesse.
Je serrais contre moi mon bébé. C'était les dernières fois que je pourrais l'enlacer.
Il me fallait gagner du temps... Du temps...
Un court instant les bruits des tirs, des aboiements de chien, et les ordres des Hommes se firent silencieux.

La maison se présenta à moi, mes jambes s'y précipitèrent. Je la contournais pour accéder à la cour arrière, munit de son jardin fleurit.

Je me hâtais de déposer le bébé sur le porche de la maison.

J'embrassais mon fils, mon seul enfant, qui recommença à pleurer. Je frappais à la porte.
Je m'éloignais le cœur brisé.

Le plus loin que je fus, je laissais la métamorphose s'opérer. L'animal que j'étais, le « monstre » prit le dessus.
Je brouillais les pistes, il ne devait pas le retrouver. Je les laissais me pourchasser un moment avant de me retourner, babines relevés et tout crocs sortis.

Je me précipitais dans la direction des chasseurs. Je devais protéger l'enfant. Le protéger tant que je n'aurai pas rendu mon dernier souffle.

Le poil retroussé, je grognais et aboyais comme un animal sauvage.

Le loup en mon sein était en accord avec moi.
Mon instinct maternel se mêla à mon instinct de survie. Je n'hésitais nullement à m'attaquer aux menaces. Je devais tuer pour vivre.
Je bataillais contre ce groupe d'humain. Le sang se répandit au sol.
Tandis que je déchiquetais la gorge d'un humain armé, un autre non-loin me tira dessus.

Je sentis la douleur dans ma cuisse, puis mon épaule, puis mon flan et mon oreille... Je continuais à rester debout jusqu'à recevoir un tir à bout portant dans la poitrine. L'un des derniers hommes qui étaient encore en vie. Je m'écroulais lourdement au sol, haletante, ensanglantée, mourante.
L'homme fixa mes yeux puis tira une seconde balle qui m'acheva.

La Meute VaillanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant