La Meute Vaillante

Chapitre 15

- Il était temps ! Rétorquais-je en me retournant pour sortir de la tanière.
Morgan se releva, il trottina derrière moi. Claire se posa en douceur au sol et elle nous suivit. Les loups s'écartaient pour que je puisse passer. Certains loups s'abaissaient et d'autres baissaient la tête ou détournaient le regard.

- Grand-mère, ils ont peur de moi ?
- Non ma fille, ils reconnaissent ton courage, ta volonté, ta force et surtout certains voient en toi la future cheffe.
- Mais... Ils ne me suivent pas.
- C'est normal, ils ne peuvent pas savoir si tu es digne de confiance.
Quand nous arrivions à la sortie de la grotte je m'arrêtais. Ma queue fouetta l'air et la glace qui retenait les loups fondit en laissant des petites flaques. Nous reprenions la route vers notre abri.

- Je n'ai jamais été aussi reconnaissante pour quelqu'un que maintenant ! S'exclama Claire. Merci d'avoir pris ma défense alors que Sarah allait... Elle déglutit.
- Je... Il fallait bien que je t'aide, tu es mon amie ! Et puis vous m'avez protégé vous deux, je vous remercie.
Je leur souris, Claire me rendit mon sourire mais Morgan détourna la tête.
- J'ai faim... Soupira Claire
- Moi aussi... Confirma Morgan.
Je n'avais pas mangé depuis hier...
- On va chasser ? Demanda Morgan.
- Non je vais à la chasse seule. Dis-je enchantée.
Comme Claire et Morgan faisaient une tête inquiète j'ajoutais :
- Si j'ai un problème je vous appelle.

Claire hocha la tête tourna déjà le dos pour repartir dans l'abri. Morgan resta là, sans bouger, le regard vide.
Je fermais les yeux afin d'essayais de détecter sa présence spirituelle. C'était un petit tour utile que j'avais appris auprès de Léonie. Les personnes vulnérables sont plus accessibles que les autres.
C'est ainsi que pu visualiser son fil de pensées. Ce dont il en ressortait été de l'inquiétude de me retrouver seule par ce contexte, il voulait me protéger. Ne pas me perdre.
Cette dernière me fit hausser un sourcil.
Cependant, je ne comptais pas le laisser se bourrer le crâne de mauvaises pensées.

- Morgan, ça va aller. Je suis forte et indépendante. J'ai toujours évolué seule, je ne crains rien. Lui lançais-je mentalement.
Il me regarda, je penchais la tête tandis qu'il baissa la sienne.
- Tu n'es plus seule désormais, alors arrête d'agir comme si tu l'es toujours. Et tu ne sais pas ce dont Sarah est capable.
Il semblait que Morgan était trop long à bouger au goût de Claire, qui ne savait rien de notre échange. Elle revient rapidement sur ses pas afin de mordre et tirer son oreille à l'opposé de moi.
- Tu nous ralentis. Bouge-toi !
Seulement alors, Morgan céda et se laissa entrainer par sa grande amie.

Je parcourus quelques kilomètres afin de ne pas être sur le même terrain de chasse que Sarah. Elle pouvait me le reprocher et me faire commettre une faute. Ce que je ne pouvais pas permettre dans ma situation.
Désormais, la truffe vers le ciel je humais l'air. Je repérais une odeur. Je me tapis dans les buissons dans l'attente. Je me fis discrète car des bruits de sabots s'approchèrent.
Ce n'était pas un cheval.

Je guettais discrètement ma proie à travers le feuillage. C'était un daim aux longs bois qui semblait de velours. Il me tournait le dos, grattant le sol à la recherche de nourriture sous la neige. Il trouva une touffe d'herbe et la mangea. Le daim se figea, ses longues oreilles bougèrent. Il m'avait repéré. Il prit la fuite en sautillant et galopant.

Je le pris en chasse. Je finis par le talonner et le rattraper. Je sautais sur le dos du daim, je plantais mes griffes dans le dos de l'animal. Il tomba sous mon poids, celui-ci donnait des coups de cornes et de tête en essayant de m'atteindre.
Je plantais mes crocs dans sa nuque, je fermais le plus fortement possible mes mâchoires. Je fis des gestes brusques, l'os de sa nuque fini par se broyait sa tête cessa de bouger. Je lâchais ma proie inerte, elle était morte.

Fière, je traînais ma proie jusqu'à notre repaire à l'écart de tous autres. Derrière moi j'effaçais mes traces en remettant de la neige. Arrivée à l'entrée de l'abri, je m'y arrêtais. Une pensée vient de heurter.
Les autres sont-ils correctement nourris ? Sarah n'est pas aussi cruelle et négligente que ça ?
Je traînais la nourriture jusqu'aux pattes de mes amis, ils salivaient.
- Comment tu as fait pour chopper ça toute seule ? S'exclama Claire.
- L'effet de surprise, la rapidité. Ah aussi, il était plus petit que moi. Et il était tout seul. Répondis-je. Les autres... ont des problèmes pour se nourrir ?
- Parfois c'est compliqué avec les problèmes de territoires ... Avoua Claire.
- Donc il faut parfois s'abstenir de manger certains jours. Mais on ne peut rien faire... Rajouta Morgan.