Partie 20

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Le reste de la journée se passe plutôt normalement. Je surprends Diane et Ash parler dans un petit restau en tête à tête. Elle n'arrête pas de rire à ce qu'il lui murmure à l'oreille. Leurs jambes se touchent et leurs mains ne sont qu'à quelques centimètres. Il ne s'aperçoit même pas quand je passe à côté de lui.

J'aimerai lui en vouloir mais je sais qu'il n'a pas le contrôle de son corps. Je mentirai si je disais que cela ne me fais rien, je suis morte de jalousie. J'attendrai ce soir pour en savoir plus.

Après les cours je décide d'aller chez Lola pour me changer les esprits. Nous passons tellement de temps devant la télé que je ne vois pas le soleil se coucher. Ash m'a bien demandé de ne pas me balader seule, j'imagine que la nuit c'est encore pire.

Je m'étire et simule un bâillement.

- Il est déjà 20h je ferai mieux de rentrer. J'ai promis à ma mère de manger avec elle.

- Pas de soucis.

Elle me raccompagne à la porte et m'embrasse avant de me laisser partir. Etant donné que la nuit est tombée, Ash devrait avoir retrouvé l'usage de son corps. Je lui envoie alors un SMS en lui demandant un peu plus de détails sur sa relation avec Diane.

Il ne fait pas trop froid ce soir, je ne porte qu'un petit blouson pas très épais. Ma démarche est rapide, plus vite je serai chez moi et plus vite je serai en sécurité. Il n'y a que le bruit d'une brise légère. Personne n'est de sorti, ce qui crée une ambiance à la fois magique et glauque. On se croirait dans Harry Potter et Le prisonnier d'Azkaban lorsque Harry s'enfuit de chez son oncle. Il a plu dans l'après-midi, l'air est humide et des gouttes d'eau perlent sur les branches, les bancs ainsi que tout objet présent dehors. Des balançoires bougent toutes seules au rythme du vent dans un grincement terrifiant. A force d'avoir peur ces derniers temps, je commence à avoir l'habitude de sentir mon rythme cardiaque s'accélérer considérablement. Mais c'est encore pire lorsqu'un homme d'un trentaine d'année me suit déjà depuis une dizaine de rues. Au début j'ai cru qu'il ne faisait qu'emprunté le même chemin que moi, j'essaye donc de presser le pas, il fait de même. Prise de panique je pique un sprint. Toutefois je ne suis pas assez rapide. L'écart entre nous diminue à chaque seconde. Je fais la seule chose qui me paraît sensé à ce moment, je crie.

- AU SECOURS.

Personne ne vole à mon secours, pas de prince charmant ni d'Ash pour aujourd'hui. Je sens une poigne puissante m'attraper l'avant bras. Je hurle et me débat mais rien n'y fait. Mon esprit commence déjà à passer en boucle des images horribles de ce qu'il pourrait m'arriver.

- Arrêtes petite, et ce sera vite fini.

- Que voulez vous ? Je n'ai rien sur moi.

C'est vrai. Je n'ai pas pour habitude de me promener avec beaucoup d'argent ou des objets de valeurs. Tout ce qui pourrait l'intéresser c'est mon iPhone et encore, le mien n'est presque plus en état de marche.

- Hum, tu m'as l'air appétissante.

Aussi près de son visage je me rends compte que je le connais. C'est le SDF que j'ai croisé il y a plus d'une semaine lorsque je traquais Ash. Aujourd'hui c'est moi qu'on traque. Je m'attends presque à le voir sortir des crocs puis les plonger dans ma clavicule à la manière d'un vampire. Mais rien de cela ne se produit. Son énorme poing se ferme et vient s'écraser contre mon visage. Je vois trouble durant deux secondes, des mouches noires viennent obscurcir ma vision. S'il ne me tenait pas le bras je me serai effondrée par terre. Je reprends mes esprits le plus vite possible avant de prendre un autre coup. Si jamais il arrive à me toucher une fois encore, je ne donne pas cher de ma peau.

Je me redresse et lui assène un coup de genoux dans l'aine. J'ai toujours vu les héroïnes le faire dans les films. En général l'agresseur lâche la victime qui peut ainsi partir en courant. Malheureusement les films et la réalité sont bien différents. Tout ce que j'ai réussis à faire, c'est le mettre encore plus en colère.

- Espèce de petite ...

Je ne me laisse pas abattre et je tente de lefrapper. Au visage cette fois. Une douleur fulgurante me traverse le poignet.Il doit surement être foulé. Sa tête ne bouge pas d'un pouce, il me plaquecontre le mur et commence à m'enlever mon blouson. Je me débats encore plusfort. Mon agresseur me tire à lui et me jette une nouvelle fois contre le mur. Ma tête heurte la pierre et je sens quelque chose couler contre ma nuque. Une de ses mains se pose sur ma gorge et l'autre sur ma cuisse, l'air a de plus enplus de mal à passer dans mes poumons. Ma vision s'efface de nouveau et je me sens partir. Encore quelques secondes et je ne serai plus qu'un corps sans vie.     

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