Je ferme les yeux et me concentre sur ce qui m'entoure. Il ne reste plus beaucoup de temps. Je sens la puissance de mon collier et la chaleur familière se propager dans mon corps. Pendant un instant plus aucun bruit ne se fait entendre. C'est comme si quelqu'un avait appuyé sur pause. Puis soudain le vent se lève.
- Qu'est-ce que tu fabriques ? Demande le démon d'une voix inquiète. Arrête ça tout de suite.
Il ne s'attendait certainement pas à ce que je sois entrainée, je continue.
- Tu m'as entendu petite sotte ?
Sa main s'introduit littéralement à l'intérieur de mon corps. J'ouvre les yeux, stupéfaite. La douleur est au delà de tout ce que je n'aurais jamais pu imaginer. J'ai l'impression que tous mes organes explosent. Mon corps est en feu, j'ouvre la bouche en un cri muet. Son souffle putride s'écrase contre mon visage. Le contact avec le pendentif diminue petit à petit.
- Tu fais moins la maligne maintenant ?
Mue par mes dernières forces, j'utilise mon pied droit pour le frapper à la poitrine et ainsi l'éloigner. Prit par surprise, Eurynomos recul de quelques pas. J'en profites ainsi pour terminer le rituel.
- Ca ne sert à rien de lutter. Tu es morte.
- Non.
Le vent se transforme en tempête recouvrant la voix du démon. Mes cheveux s'échappent de leur élastique et s'envolent tout autour de moi. Je tends les bras de chaque côté de mon corps, ainsi je capte toute la puissance nécessaire pour anéantir la créature.
Eurynomos, cri de supplice. Lorsque j'ouvre les yeux je vois son corps se ratatiner sur lui même et sa bouche s'ouvrir en grand. Il tente de m'attraper de ses doigts fourchus, dommage pour lui, je suis hors de sa portée.
J'y suis presque.
Au dernier moment, juste avant de le voir disparaitre, il me serre une sourire diabolique. Un rocher venu de nul part, s'écrase contre mon crâne. Une douleur fugace me saisit, avant que le monde s'éteigne autour de moi.
~
La température est basse. Mon matelas est drôlement humide. Je profite de ces quelques minutes de tranquillité, puis j'ouvre les yeux avec peine.
- Mais qu'est-ce que...
Je me retrouve seule, allongée au milieu de tombes. Le ciel est gris, je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est. Un mal de crâne m'assaille et mon corps est tout ankylosée. Je porte des doigts engourdis vers ma blessure, du sang a séché sur ma tempe. Les souvenirs de la veille me reviennent. Je porte une main glacée à mon cou dans l'espoir d'y trouver le collier mais j'empoigne du vide.
Je me lève douloureusement, à la recherche d'Ash. Lui seul pourra me confirmer la mort d'Eurynomos.
Personne.
Ash est introuvable. L'herbe est tassée à l'endroit où il s'est évanouit.
L'inquiétude me gagne. Et s'il lui était arrivé quelque chose.
- Ash ? Je hurle.
Aucune réponse.
- Réponds-moi !
Les larmes menacent de tomber. Je me dirige vers la tombe d'Anna. Un corps sans vie, git à côté. Je reconnais les vêtements de Diane.
- Mon dieu.
Ses jambes forment un angle anormal. Je m'approche et la retourne sur le dos. Ses yeux sont ouverts et fixent le ciel. Cette vision me glace le sang.
Finalement la pauvre à succombée à ses blessures. Cette perte m'attriste plus que je ne l'aurais pensé. Ce n'est pas juste, elle n'aurait pas dû être dans cette histoire.
Je sors enfin du cimetière. L'espoir me gagne lorsque j'aperçois la voiture sur le parking. Il n'a pas pu aller bien loin sans elle. En réalité, j'espère qu'il n'est pas allé loin sans moi. Après ce qu'il m'a dit hier, un avenir s'est ouvert devant nous.
Je t'en prie Ash fais moi signe.
Une fois devant l'Audi ma déception est immense. La voiture est vide pourtant la portière s'ouvre. Bizarrement les clés sont sur le contact. J'attrape mon sac et cherche mon portable. Un nouveau message s'affiche à l'écran :
« Ambre, nous avons gagné. Tu peux retourner à ton ancienne vie, je ne viendrai plus te déranger. Adieu.
Ash.»
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Renaissance
Fantasy"Je sens ses yeux me fixer la nuque et je peux voir son reflet dans la vitre. Il a la tête penchée vers l'avant de sorte que ses cheveux noir corbeau lui tombent dans les yeux. Puis, comme s'il avait senti que je le fixais, son regard croise le mien...