Alexander.Lundi, dix heures trente. J'ouvrais à peine les yeux, sentant mon cellulaire vibrer. Je grommelais avant de le saisir et de décrocher.
« Allo ? Ah, Jace ! Je me réveille à peine, et toi ? Dans trente minutes ? Oui, pas de problème ! La porte est ouverte, entre directement. On ira manger un bout ensemble avant que je n'aille en cours. Oui ça marche ! Tchao. »
Je raccrochais avant de me lever doucement de mon lit pour me diriger vers ma salle de bain. Moi qui voulais prendre un bain, je n'en avais malheureusement pas le temps. Je me contentais donc d'entrer dans la cabine de douche, allumant le jet en me lavant le plus rapidement possible. Une fois chose faite, j'enroulais une serviette autour de mon corps pâle, en entendant frapper contre la porte. Je fronçais les sourcils, puis sourit avant d'aller ouvrir.
« Jace, je t'avais dit d'entr... Magnus ? »
Je n'eus le temps de dire quoi que ce soit de plus que je me retrouvais plaqué contre la porte toujours ouverte, face à un Magnus livide. J'entrouvrais les lèvres, maintenant ma serviette d'une main du mieux que je le pouvais, tandis que j'essayais de déchiffrer l'expression sur son visage.
« Magnus, qu'est-ce que tu fais là ? »
J'étais sur le point de m'énerver, mais il ne m'en laissait pas le temps qu'il me sautait dessus, écrasant ses lèvres sur les miennes tout en posant ses mains sur mes joues. J'étais dans le flou total, ne m'y attendant absolument pas. Je ne bougeais pas, il était le seul à mener le baiser que je ne lui rendais pas. J'essayais de le repousser, en vain.
Jace.
Les idées chamboulées, je marchais dans les rues de Vancouver, les mains dans les poches et le regard rivé sur le sol. Je bousculais certains passants par la même occasion, tous pressés et sans doute aussi maladroits et perdus que moi. J'avais besoin de parler à Alec, clarifier certaines choses et m'assurer d'autres. Arrivé devant son appartement, j'allumais une cigarette, histoire de me calmer tandis que ma tension montait doucement. Je pris une grande respiration, allumant le tube blanc mentholé tout en regardant le ciel de cette journée maussade. Du gris, partout, de quoi redonner le sourire n'est-il pas ? Je soupirais, encore, avant de jeter le mégot de ma clope une fois terminée. Prenant mon courage à deux mains, je montais les escaliers quatre à quatre en appréhendant grandement cette discussion. J'avançais sur le palier, tête baissée, et lorsque je la relevais, je me figeais. J'avais de quoi me complaire dans mon malheur. Cet asiatique me tapait de plus en plus sur les nerfs. Il était pendu aux lèvres d'Alec. Je pense qu'à l'heure actuelle, si on m'avait arraché le cœur, j'aurais eu moins mal. Parce que j'avais beau dire ce que je voulais, je crois que j'étais en train de tomber amoureux de mon meilleur ami. Et le voir avec ce type me rendait malade. Serrant les poings, je m'éclipsais aussi vite que j'étais arrivé, quittant le bâtiment si rapidement, comme s'il était en feu. Une fois dehors, je posais ma main sur ma poitrine, serrant mes doigts contre ma cage thoracique en fermant les yeux, empêchant les larmes de traverser la barrière de ceux-ci. Je posais mes mains dans mes cheveux, tirant légèrement dessus en mordant profondément ma lèvre inférieure. C'est fini, Jace, il ne t'aimera jamais comme toi tu l'aimes, alors lâche l'affaire. Des nausées me prirent soudainement, mais je respirais profondément pour les combattre. Et sans demander mon reste, je m'éloignais de ce lieu maudit tout en me maudissant moi-même d'y avoir cru.
Alexander.
Lorsque je réussissais enfin à me défaire de son emprise, je le poussais. Je serrais les dents, me retenant grandement de le frapper encore une fois. J'avais l'impression que chaque fois que je le voyais, il me faisait perdre tout soupçon de civilisation. J'avais toujours cette profonde envie de lui coller mon poing dans la figure, c'en était presque une obsession. Je riais de façon tout à fait mauvaise, pinçant mes lèvres entre elles avant d'ancrer mon regard au sien, comme si ça pouvait accentuer l'impact de mes mots. Les yeux revolvers, vous savez ce qu'on en dit.
« Magnus Bane... Qu'est-ce que tu croyais ? Que tu pouvais te permettre de m'arracher le cœur pour ensuite revenir et m'embrasser comme si tu n'avais rien à te reprocher ? Tu es bien crédule pour oser te montrer chez moi. Je ne sais pas si c'est du suicide ou de la connerie pure et dure. Ou alors, tu es sans doute sado ? Tu aimes faire du mal aux gens, c'est ça ? Ou même masochiste, qui sait ? Parce que je jurerais que tu cherches à te faire démolir. Et bien, je peux te jurer que si tu ne te barres pas d'ici tout de suite, j'vais te donner beaucoup de raisons de regretter ton geste stupide. Alors un conseil, Magnus : dégage. »
Je m'attendais à ce qu'il réplique, mais non, il se contentait de baisser les yeux puis de quitter mon appartement sans plus de cérémonie. Je fronçais de nouveau les sourcils. Décidément, je risquais d'avoir des rides avec cet imbécile. Ses changements de comportement me laissaient perplexe. Je claquais la porte derrière moi, soupirant durement avant de me jeter dans mon lit, fermant les yeux. Lorsque je les ouvrais de nouveau, mon téléphone affichait treize heures. J'écarquillais les yeux, paniqué, avant de me lever en vitesse, trébuchant presque tant j'étais pressé. Jace devait passer à onze heures, mais il ne l'avait visiblement pas fait. Je me décidais alors à l'appeler, mais je tombais sur sa messagerie chaque fois que je tentais la chose. Alors, j'abandonnais, j'avais cours dans trente petites minutes, il valait mieux que je fasse vite. J'enfilais un pantalon ainsi qu'un haut, que j'accompagnais d'une simple veste sportwear ainsi que de mon éternel bombers. Enfin prêt, je récupérais mon téléphone, mon portefeuille ainsi que mon sac de cours et je sortais de chez moi, direction la fac. J'étais décidé à prendre le bus aujourd'hui, alors je m'arrêtai dans un petit supermarché du coin pour m'acheter une bouteille d'eau ainsi qu'un sandwich au poulet, de quoi déjeuner rapidement puisque je n'en avais pas eu le temps. Il faudrait que j'essaye de recontacter Jace plus tard, c'était étrange qu'il me décommande de la sorte alors qu'en plus de quinze années d'amitié, il ne l'avait jamais fait.
Je profitais de mon trajet en bus pour manger assez vite, et lorsque j'arrivais devant l'université, je soupirai. Je remerciai le chauffeur tout en descendant du véhicule, et en constatant que j'avais un bon quart d'heure de libre avant mon premier cours, je me dirigeais dans un coin isolé pour me rouler un joint. J'en avais bien besoin, pas pour me retourner le cerveau, c'était surtout pour m'apaiser. J'étais sous pression ces temps-ci, un peu trop à mon gout, alors je méritai bien un moment de répit. Une fois roulé, je l'allumais, fermant les yeux en aspirant la première bouffée. C'était comme une délivrance, je savais bien que ce n'était que métaphorique, mais ça semblait tellement réel, comme si en laissant la fumée blanchâtre imprégner mes poumons, je me délivrais de tout le mal que je ressentais. Comme si je me délivrai de moi-même.
Les yeux rouges et un sourire béat sur le visage, je marchais dans les couloirs pour me diriger vers mon cours de linguistique anglaise, niveau avancé. J'allais encore me perdre dans la pragmatique de la négation. J'étais heureux d'avoir fumé, car peut-être que je m'ennuierai moins. Ce n'était malheureusement pas un cours que je partageai avec Raphaël, j'étais le seul de nous deux à avoir choisi le niveau avancé. Je m'asseyais donc au fond de l'amphithéâtre, sortant mes crayons et ma prise de note du dernier cours, et j'essayais de suivre, me battant avec mon subconscient qui tentait toujours de me faire penser à ses beaux yeux de chat, ce que je refusai catégoriquement. C'était d'ailleurs dommage pour moi, car dans moins d'une heure, je serais face à lui, dans une salle pleine d'étudiants dévoués à l'apprentissage de l'indonésien, tandis qu'encore une fois je tenterai d'ignorer qu'il était mon professeur. Je le détestais pour ce qu'il avait fait, mais je le détestais surtout car j'étais attaché à lui, et je haïssais ce sentiment de faiblesse que cela m'apportait. J'étais de ceux qui aiment vivre indépendants, sans le besoin de trouver quelqu'un. Et lui, il avait déboulé dans ma vie et avait foutu le bordel en un seul putain de regard. Je détestais l'amour, et plus encore, je détestais Magnus Bane.
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La deuxième partie est en train d'être postée ! NDA dans le 12 2/2.
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What A Challenge.
RomanceUne rencontre si banale, qui pourtant peut se retourner contre vous et tout changer. Comment est-il possible que les choses, alors qu'elles avaient si bien commencées, tournent aussi mal ? Et puis, qu'adviendra-t-il de tout ceci ? Pour le savoir, vo...