Le début de la fin, ou la fin du début.

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Point de vue inconnu.


Non. Non. Non. Impossible. Mes oreilles sifflaient, alors que le combiné s'écrasait violemment sur le sol. Et pourtant, tout semblait se jouer au ralenti. Un hoquet de surprise quittait la barrière de mes lippes étrangement sèches, au rythme de mes genoux, qui claquaient bruyamment contre le carrelage. Mais je ne ressentais pas la douleur, si ce n'était celle qui me déchirait le cœur à cet instant. Je refusais d'y croire. C'était tout bonnement inconcevable. Je poussais toutes les personnes qui tentaient de s'approcher de moi, avant de courir hors de la grande demeure qui me paraissait pourtant si étroite désormais. Je fendais l'air, en quête de quelque chose de plus pur, de plus respirable. Les larmes ravageaient désormais mon visage, si pâle, presque cadavérique. Mais rien de tout ça n'avait d'importance. Rien ne changerait les choses. Rien ne ferait en sorte qu'elles redeviennent ce qu'elles étaient. Tout était détruit, comme un vase brisé par le souffle d'une brise d'été. Et plus rien n'aurait jamais d'importance. A bout de souffle, je m'arrêtais tout en constatant que j'avais atterri sur la plage, déserte en cette journée orageuse. Et encore une fois, je me laissais tomber à genoux, le sable amortissant cette fois-ci ma chute. Et j'hurlais. J'hurlais à m'en rompre les cordes vocales. J'hurlais à en briser des vitres. Tout comme mon cœur venait de se briser, tout comme mon âme semblait s'éteindre, j'hurlais. Et j'hurlais. Encore, et encore, jusqu'à ce que la fatigue n'ai raison de moi, et que Morphée ne m'étreigne de ses bras réconfortants. L'espace d'un instant, plus rien n'existait. Pas même moi. Plus rien.


Omniscient.


Magnus Bane venait de quitter l'église, le cœur à la fois lourd et pourtant soulagé. Il n'avait que faire des représailles, il était tout bonnement hors de question qu'il renonce à l'amour pour le bon plaisir de son père, qui ne s'était jamais comporté comme tel. Qui n'avait jamais pris son rôle au sérieux. Un paternel qui usait de son autorité pour écraser son fils, pour l'humilier et s'amuser. Il avait pris bien trop de temps à se décider, mais le moment était enfin venu : c'en était fini, du jeune homme incapable de dire non. De celui qui se faisait manipuler, qui vivait dans la peur constante de se faire frapper. Ce grand homme que pensait être Marcus Bane, n'était en réalité qu'une crapule sans aucun honneur. Et son fils refusait de connaître pareil destin. Il refusait de devenir son reflet, qu'un simple miroir crasseux reflèterait bêtement. Non, il devait être le maître de son existence, et personne n'avait le droit de la lui dicter. C'est alors qu'il avait démarré cette grande limousine, roulant en direction de Vancouver. La cérémonie s'était déroulée hors de la ville, à deux petites heures de là, ça lui laisserait le temps de réfléchir à ce qu'il lui dirait. Non. En vérité, il savait déjà tout ce qu'il avait à lui dire, et ce depuis longtemps. Il voulait être avec lui. Il voulait sentir son doux parfum flotter dans sa chambre au réveil, sentir ses lèvres rosées sur sa peau à chaque seconde. Il voulait qu'il sache tout de lui. Il ne voulait jamais plus avoir à lui mentir. Il voulait lui dédier sa vie entière, la transformer en une vie commune. Une vie de famille. Oui, c'était ça. Il voulait qu'Alec devienne sa famille. Et avant tout, il avait besoin que le canadien ait conscience de tout ça. Il avait besoin de se confier, de lui déclarer son amour éternel. Car pour la première fois de sa triste vie, Magnus était réellement amoureux. Fou amoureux de ce grand brun aux yeux bleus. Et la nécessité qu'il le sache était immédiate. Il le fallait, autrement il en mourrait. De façon aussi foudroyante que l'orage qui tachait présentement le ciel de ses faisceaux d'électricité.


Il était décidé. Décidé à ouvrir son cœur pleinement. A mener une vie simple, une vie pleine de bonheur. Une vie avec Alexander Lightwood.





...





Hélas, la vie, elle, semblait en avoir décidé autrement.


What A Challenge.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant