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Robbers - The 1975 défilait délicatement dans mes oreilles pendant qu'une légère brise s'amusait à faire virevolter les quelques mèches qui s'échappaient de mon chignon. Il était vingt-trois heures trente-quatre précisément, les lampadaires londoniens éclairaient partiellement les rues de la Capitale et le quart de lune que laissait entrevoir le ciel blanc et encombré de l'hivers s'amusait à se cacher derrière les quelques nuages toujours présents. Ma tête posée contre l'épaule de Louis, je scrutai l'horizon, fermant de temps à autre les paupières pour tenter d'imprégner ce moment à jamais. La main de mon ami s'était nichée au creux de mes reins, caressant lentement le bas de mon dos dans des mouvements circulaires incroyablement réconfortants. La chaleur qui émanait du corps de Louis avait suffit à me réchauffer face aux basses températures que nous offrait la saison, faisant de ce moment un incroyable cocon amical.


Je suis content de me dire que je vais enfin rencontrer Alison chuchota alors Louis au creux de mon oreille je veux dire, en vrai.


Un léger sourire s'immisça au coin de mes lèvres en pensant à ma petite sœur qui allait nous rejoindre d'ici un peu moins de deux mois. J'avais hâte, affreusement hâte de lui faire découvrir mon quotidien, mes amis, mon Université, ma vie à Londres tout simplement hors des Skypes habituels. "J'ai tellement hâte de la retrouver commençais-je doucement et je suis pressée de vous la présenter aussi, vraiment.." Louis resserra son étreinte autour de mes hanches, me rapprochant un peu plus de lui. Mon ami s'était doucement faufiler sur le toit en constatant que je n'étais pas dans l'appartement à son arrivée, il connaissait mes cachettes par cœur et c'était indéniablement réconfortant. Julia passait la soirée à l'extérieur, avec des amies à elle de l'Université. J'avais donc décidé de m'isoler dans mon éternel recoin personnel, bien que l'appartement soit vide et silencieux. Mon cœur s'était doucement serré ce matin, quand j'avais posé l'œil sur mon éphéméride accroché machinalement sur l'étagère au dessus de mon bureau. J'avais eu la boule au ventre toute la journée, la gorge sèche, les mains tremblantes et les jambes flageolantes. Mais par dessus tout, j'avais eu peur, affreusement peur, alors je m'étais réfugiée aussi vite que j'avais pu sur le toit, espérant que toute mon anxiété s'envole avec la brise glaciale de l'hiver. A mon plus grand regret, la solitude et le silence déconcertant de la nuit m'avait comprimé le cœur à m'en faire mal, horriblement mal. Louis était mon seul échappatoire, il n'avait rien dit, il était juste venu, me serrant si fort dans ses bras qu'un court instant toutes mes peurs s'étaient étrangement dissipées. Il m'avait chuchoter tendrement qu'il était là, qu'il le serait toujours et qu'il savait. Alors bien sûr, j'avais simplement hochée la tête, parce que c'était évident, il savait et inconsciemment un poids énorme s'était levé de mon estomac. Louis était mon ami le plus proche, mon amitié la plus forte avec Julia et je le remerciait mentalement de ne jamais oublier cette affreuse date, ne m'obligeant jamais par la même occasion à lui rappeler ce souvenir. Mes yeux voyagèrent tranquillement vers les ruelles faiblement éclairées et la présence de Louis calmait simplement mes démons intérieurs.

Nous étions le vingt-et-un février et dans seulement deux petits jours, ça allait faire trois ans. Trois affreuses années qu'Andrew nous avait quitté et j'avais beau tenter d'ignorer la date sur les calendriers ou bien les flocons virevoltant au dessus de nous, me rappelant cette nuit affreuse, rien n'y faisait. C'était inscrit en moi, c'était comme si à présent ce vingt-trois février faisait parti intégrante de moi, de mon horloge biologique. Je ne pouvais pas l'ignorer, c'était trop puissant, c'était trop présent, je le ressentais au plus profond de moi, cette sensation affreuse que vous laisse le deuil malgré le temps qui file.


Et si on rentrait princesse ? me demanda soudainement Louis tendrement.



Je me crispais un instant, apeurée par l'idée de me retrouver seule face à la nuit. Louis se dégagea rapidement de notre étreinte, m'offrant au passage sa main pour m'inviter à le suivre. Je le scrutais un instant, ma ligne sourcilière se fronçant malgré moi.


We hope | hs | TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant