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"Attends moi" trois syllabes, deux mots et pourtant, une seule signification. Celle de l'attendre, encore et toujours, presque désespéramment, presque malgré moi. Combien de temps ? Ça avait été ma première question, combien de jours allaient devoir passer avant que je ne le revoit finalement ? Attendre signifiait-il, patienter jusqu'à recevoir un signe de sa part, un appel ou bien même un message ? Attendre voulait-il dire, continuer à vivre en espérant chaque jour son retour sans jamais rien faire pour autant ? Les premiers jours avaient défilé avec une telle rapidité que je cru un court moment que le passage d'Harry dans ma vie n'avait été qu'éphémère. Puis presque sans mon accord, les jours s'étaient transformés en semaines. Je n'avais pas reçu un seul message, ni même un seul appel. Aucune notification sur mon cellulaire indiquait qu'Harry souhaitait entrer en contact avec moi. Pourtant, ça ne m'avait pas vraiment blessée. Il m'avait dit d'attendre, de l'attendre et je crois que c'est ce que je faisais sans même m'en rendre compte. J'avais écouté ses chansons jusqu'à les connaître par cœur et dès les premières notes, dès les premiers accords, j'avais su : Harry ne reviendrai pas. Il ne reviendrait pas dans les prochains jours, ni même dans les prochaines semaines et encore moins dans les mois prochains. Harry était doué, bien trop doué pour ne pas percer. L'évidence m'avait sauté aux oreilles. Pourtant, cette certitude ne m'avait pas anéantie. J'avais fixé un long moment les étoiles phosphorescentes accrochées à mon plafond et j'avais finie par m'endormir, épuisée. Le lendemain, la journée avait filé sans que je m'en rende compte et les journées suivantes avaient fini par suivre le même chemin. J'avais continué de vivre et cela ne semblait pas me demander d'effort particulier. Ma sœur était venue pour les vacances d'avril comme prévu, Louis était revenu sur deux-trois jours de repos puis s'était de nouveau volatilisé et l'été avait finalement fini par arriver. Parfois, mon cerveau s'interdisait de lui-même de penser au bouclé. Pas parce que son absence faisait mal, simplement parce que son silence semblait me convenir. Parce qu'au fond de moi j'étais sûre d'une chose : tant qu'Harry ne me contactait pas, l'attendre était encore et toujours sa dernière demande. Et au final je crois que d'attendre sans savoir me rassurais plus que d'avoir un beau matin, un message de sa part me demandant de ne plus l'attendre. Dans ces cas-là, je n'aurai plu eu le choix, ça aurait été clair. Jusqu'à présent et pour le moment, je devais juste attendre. Parce que c'est ce qu'il m'avait demandé. Et juste attendre, ça me convenais parfaitement.

Par la suite, j'avais pris l'avion au premier juillet tout pile pour rejoindre les Philippines. Mon été au soleil avait réconforté mon cœur légèrement embrumé. Alison et moi avions passé les vacances à lézarder sur la plage, à boire des cocktails au soleil et à sortir entre filles. Ces deux mois à ses côtés m'avait revigoré et en septembre j'étais de retour sur les bancs de la fac, prête à entamer mon avant dernière année à l'Université. Julia et moi avions continué la colocation sans encombre, les garçons y passait même de temps en temps et c'était agréable de voir que nos amitiés ne changeait pas. Niall nous avait annoncé fin novembre qu'il quittait la colocation pour aller s'installer avec Sara, sa petite-amie dans un studio au cœur de Londres. Cette annonce nous avait valut une soirée mémorable et la crémaillère qui avait suivie leur emménagement s'était terminé de la même façon. Début février, mon humeur se faisait un peu plus maussade que d'habitude. Le froid hivernal avait souvent raison de ma bonne humeur le matin. Pourtant lorsque la date d'anniversaire de la mort d'Andrew s'était affichée sur mon éphéméride je n'avais pas pleuré. Mon cœur s'était légèrement serré mais je ne m'étais pas écroulée. J'avais ressorti notre boite à souvenirs, j'avais relu ses lettres comme un éternel rituel et mes yeux, pour la première fois depuis sa mort, ne s'étaient même pas humidifiés. Le lendemain, comme un signe du destin, le premier single d'Harry avait défilé à la radio alors que je m'étais engagée dans les rues Londoniennes. Sa voix rauque et éraillée avait emplit l'habitacle de ma voiture récemment achetée et sans vraiment y faire gaffe j'avais loupé le vert du feu tricolore deux fois de suite. Aux dernières notes de sa chanson, un timide sourire avait prit possession de mes lippes et j'avais fini par reprendre mon chemin jusqu'au campus universitaire.

We hope | hs | TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant