9 Saturn

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Candice et moi étions sorties ce matin, nous allions parfaitement bien et il y avait eu plus d'angoisse et de panique que de dégâts. Je n'avais toujours aucune nouvelles de Paul, du moins pas ce que j'espérais, mais j'avais énormément réfléchis et cogité, je devais le laisser partir. Je ne le méritais pas et je n'étais rien d'autre qu'un poids, un fardeau pour lui. Un boulet qu'il devait se traîner parce qu'il était bien trop adorable pour penser qu'il avait le choix.

La nuit était tombée depuis plusieurs longues heures, le temps était gelé et il y avait encore beaucoup de neige à certains endroit. J'aimais me balader la nuit, je trouvais cela apaisant. Surtout lorsque j'étais en proie au doute comme actuellement. Je marchais sans but précis, les lampadaires éclairent la route d'une manière douce et moi je marchais au milieu des deux voies sachant qu'il n'y avait aucun risque pour que je rencontre une voiture, surtout à une heure aussi tardive, surtout dans ce quartier déjà pratiquement désert en plein jour.
Comme une enfant je tentai de marcher sur les bandes blanche sans perdre l'équilibre. Je tentai de trouver les réponses à mes questions, essayant d'imaginer à quoi ressemblerait ma vie si Paul n'en faisait plus partie.

Depuis toujours j'avais du mal à me projeter. A imaginer à quoi ma vie allait ressembler plus tard, comment les choses allaient évoluer. Sinon, si j'avais ne serait-ce qu'une idée de comment les choses pouvaient tourner, je n'en serais pas là. Je n'aurais pas rencontré Paul. Je serais peut-être heureuse. Ma vie serait peut-être géniale. Je ne serais pas la personne que je suis. Je serais peut-être encore la Nina d'avant, la personne douce et fragile avec le cœur sur la main prête à n'importe quoi pour les gens qu'elle aimait. Ou peut-être que cette Nina là aurait évolué en quelque chose de bien. En quelqu'un de fort, de brave, de courageux. Mais je ne serais pas moi. En réalité, je me hais. La personne que je suis devenue me dégoûte. Est-ce vraiment possible de se détester sois-même à ce point ?

J'avais perdu de vue tout ce que j'étais, et aujourd'hui je n'étais plus rien. Je n'avais pas d'avenir, un peu comme un souvenir. Je n'étais plus que le douloureux souvenir de moi même. Que m'était-il arrivé ? Comment en étais-je arrivé là ? Comment une personne avait-elle pu effacer tout ce qu'il y avait de bon en moi en si peu de temps ?

Je m'allongeai sur la route, je ne prenais aucun risque et j'étais totalement consciente de ce que je faisais. J'observai les étoiles, la lune. Ca aussi ça m'apaisait énormément. J'étais de nature torturée et ces astres avait tendance à me vider l'esprit. J'aimais leur beauté, j'aimais leur brillance. J'aimais imaginer que quelque chose là haut veillait sur moi. Le ciel était rassurant parfois. Lorsque la nuit était claire et qu'il n'y avait pas besoin de lampadaires pour illuminer les rues, que seule la lune y suffisait, c'était rassurant.

-Tout va bien ?

-Oui, ça va.

Je ne savais pas à qui j'avais parlé, mon esprit était complètement ailleurs. Je ne pris même pas la peine de me relever, je ne voulais pas que l'on s'occupe de moi.

-Nina ?

Cette fois je me redressai, en position assise. Il me suivait ou quoi ?

-Ian. Comme toujours.

Je me recouchai, ne comptant plus lui adresser la parole.

-Aurais-tu perdu la tête ? C'est dangereux !

Je ne répondis pas. Depuis quand s'inquiétait-il pour moi ? J'étais peut-être un peu de mauvaise fois, il s'inquiétait souvent, pour moi, pour les autres, pour tout le monde, c'était mal de jouer les indifférentes, mais autant jouer le mauvais rôle jusqu'au bout.
Je pensais qu'il était parti, mais c'était très mal le connaître puisqu'après un temps indéfini je le vis s'allonger à mes côtés.

Loving at last (NIAN)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant