Ivresse mortelle

Morbide rencontre (suite)

A l'instant où les yeux de cette créature se posèrent sur lui, Franck su que cette chose ne pouvait pas être humaine. Elle ne riait plus, tout dans son regard indiquait qu'il était machiavélique. Inclinant lentement la tête sur le côté, elle regardait Franck avec curiosité.

– Merveilleux, s'exclama-t-elle de nouveau amusée, les cas comme le tien sont très rares et en sont d'autant meilleurs.

Une voix à la fois envoûtante et d'autant plus effrayante, mais indéniablement masculine. Franck restait inanimé fixant l'homme qui le scrutait toujours avec calcul. Puis lentement, les lèvres de la créature esquissèrent un sourire, l'individu se délectait de la réaction du jeune homme et de son impuissance.

– Tu n'as toujours pas compris, se réjouit-il. Si tu savais le plaisir que j'éprouve à l'instant tu comprendrais combien il m'est difficile d'y mettre un terme en te donnant des réponses.

Refermant les yeux, la tête en appui contre le mur, la créature prit une grande inspiration, semblant éprouver un réel plaisir.

– Pourtant je vais te les donner, reprit-il avant de se mettre en mouvement.

Se décollant du mur il se dirigea vers Franck. Il semblait enveloppé dans une étoffe noire, seuls ses cheveux lisses et longs donnaient vie à l'homme qui avançait toujours. Plus il se rapprochait, plus Franck défaillait.

- Que... que voulez-vous ? murmura encore Franck tout en reculant.

L'homme ne changea pas de direction, il était résolu à le rejoindre. Au fur et à mesure qu'il approchait, Franck constatait que sa tenue était étrange. Quelle était cette étoffe qui recouvrait son corps ? Tout en continuant de reculer, du coin de l'œil il apercevait toujours son corps qui n'avait pas bougé, toujours prostré sur le canapé. Dans sa hâte de fuir l'homme qui approchait toujours il avait traversé la table basse sans ressentir la moindre sensation. Il était à nouveau perdu et effrayé. Puis il se figea, l'homme était là, devant lui, le détaillant, son sourire sournois était réapparu. Plus grand que Franck, il le dominait, l'observait et semblait en proie à une véritable joie. L'étrange étoffe n'était pas un tissu quelconque, c'était des plumes. D'aussi près Franck comprenait enfin ce qui recouvrait le corps de l'homme, il ne s'agissait pas d'une cape comme il l'avait momentanément supposé, mais bel et bien de véritables ailes et celles-ci l'enveloppaient. Il était si beau et à la fois si laid qu'une morbide fascination le dévorait. Sa peau était d'une pâleur cadavérique en total contraste avec son plumage, ses cheveux et son regard noirs. Il fascinait par son étrangeté tout en révulsant. Franck était hypnotisé, incapable de détourner son regard de celui de l'homme.

– Tu es passé de l'autre côté, voilà ce qui t'arrive, lui annonça l'homme avant de repartir dans un rire franc se délectant du désarroi qui était apparu une fois de plus sur le visage de Franck.

– Non... gémit celui-ci, c'est moi qui délire, l'alcool me le fait parfois ce n'est rien !

Ses mains s'étaient emparées de ses cheveux, tirant sur ses deux mèches Franck se détourna de son apparition, refusant de faire face à son hallucination.

– Tout est véridique, jubila l'être maléfique, tu as on ne peut plus abusé, t'aviner ainsi ne pouvait pas être éternel, roucoula-t-il.

– Putain Franck reprends-toi ! Tu es en train d'halluciner, il n'existe pas, tu ne l'entends pas ! hurla-t-il en se déplaçant dans la pièce tout en prenant garde de ne pas regarder ni son propre corps inanimé, ni son apparition.

Il n'avait rien entendu, rien vu, tout ce qu'il savait c'est qu'une seconde auparavant la créature était de l'autre côté de la pièce, là elle le jonchait de nouveau d'un regard méprisant qui n'augurait rien de bon.

– Je ne comprends rien, qui êtes-vous ? souffla Franck.

– Je m'appelle Azäkyel, je suis l'Ange Noir, se présenta la créature (penchant légèrement le buste pour donner plus de formalités aux présentations). Je suis venu te chercher, poursuivit-il en se redressant. Tu meurs, je t'emmène, voilà la procédure et c'est tout ce que tu as besoin de savoir.