Ivresse mortelle

Morbide rencontre (suite et fin)

– Nancy le sait-elle ? Lui lança Azäkyel menaçant.

– Sûrement, souffla Franck.

– Dernier avertissement. Jusqu'à présent j'ai fait preuve de tolérance et crois-moi ça ne me ressemble pas, lui éructa Azäkyel. Soit tu me donnes toi-même la réponse, soit je vais la chercher moi-même auprès de la belle Nancy qui dors paisiblement. Je peux le faire je t'assure que j'en ai les pouvoirs. Lui souhaites-tu du mal avant de partir ? cracha Azäkyel.

Se forçant à lâcher la gorge du jeune homme qu'il serrait de plus en plus, Azäkyel se releva vivement mettant ainsi un terme à sa soif de punition. Franck caressait sa peau à l'endroit même où Azäkyel l'avait si férocement serré. Même mort il percevait encore la douleur. Son esprit bouillonnait, le mal que venait de lui faire l'ange le forçait à creuser ses souvenirs, c'est ce que l'on attendait de lui. Puis vint l'appréhension, l'impossible, l'intolérable... la honteuse révélation. Haussant les sourcils, sa bouche s'ouvrir en un pathétique O, ses yeux se révulsèrent, avant de reporter son regard sur l'ange.

Voyant l'incrédulité dans le regard de Franck, l'angoisse qui envahissait son visage, Azäkyel écarquilla les yeux, il fallait calmer Franck, il venait de se souvenir mais ses réminiscences le bouleversaient et l'ange ne pouvait tolérer un tel gâchis.

– Calme-toi, murmura Azäkyel, reportant une main sur l'épaule de Franck pour l'apaiser.

Franck fixait l'ange qui tentait de le calmer après l'avoir si durement menacer de s'en prendre à Nancy. Mais Azäkyel avait réussi, il se souvenait comment il avait commencé à boire et ce qui l'avait fait sombrer. Le regard de l'ange était étrange, ses yeux brillaient davantage, un liquide noir avait envahi son regard... des larmes sombres étaient toutes proches de déborder, pourtant l'ange ne semblait pas triste mais paniqué, un flot de paroles sortait de sa bouche mais Franck n'entendait plus. Un tsunami de souvenirs déferlait tous plus horribles les uns que les autres, des souvenirs, des plaies qu'il avait désespérément enfoui , voulu à tout prix oublier et que l'ange venait de rouvrir.

– Nancy... bégaya Franck, non... supplia-t-il.

– Quoi ? Demanda Azäkyel.

La pression de la main de l'ange sur son épaule rassurait Franck, ses larmes l'avaient suffisamment surpris pour qu'il reprenne ses esprits, l'angoisse s'était atténuée et l'ange semblait à son tour se calmer. Mais Azäkyel attendait, devait-il lui dire ce qu'il avait fait, sa honte, son crime ?

Voyant le doute qui emplissait à nouveau son sujet, Azäkyel perdit le contrôle. L'empoignant par les bras, il serrait fort et se mit à secouer violemment Franck , il ne se contrôlait plus, il devait savoir et ne supportait plus qu'il occulte son terrible secret. Azäkyel avait faim et Franck serait un festin il l'avait compris à l'instant où le jeune homme s'était vu mort sur le canapé. Il était hors de question que son banquet lui échappe.

– DIS-LE !! hurla-t-il.

Azäkyel arrêta son geste pour laisser à Franck la possibilité de répondre.

La tête pantelante, le jeune homme la redressa lentement, plongeant son regard dans celui ténébreux d'Azäkyel.

– Nancy... hésita-t-il, Nancy a trouvé la mallette, acheva-t-il avant de laisser sa tête retomber.

Alors Azäkyel écarquilla les yeux, comprenant que Franck venait de lui livrer la clef qu'il attendait.

Aidant le jeune homme à s'assoir à même le sol, délicatement Azäkyel releva le visage dévasté de Franck d'une main passée sous son menton. Plongeant son regard dans celui de son sujet, Azäkyel s'était apaisé, il était impatient de comprendre.

– Quelle mallette ? Reprit-il.

– La... La mallette de Samuel, souffla Franck.

– C'est bien, répondit Azäkyel.

L'ange se mit à caresser les cheveux de Franck, ce geste qui apaisait n'importe quel enfant. Azäkyel savait qu'il devait ménager le jeune homme à défaut de lui faire perdre totalement l'esprit, et l'ange ne voulait surtout pas en arriver là. Ce n'était que le début.

– Tu comprends que je ne vais pas te lâcher maintenant ? Je veux tout savoir sur cette mallette et sur Samuel, continua Azäkyel en poursuivant son geste d'apaisement.

Franck affirma vivement d'un signe de tête. Oui il savait, oui il comprenait et oui il était enfin prêt à tout raconter. Azäkyel plongea alors son regard dans celui du jeune homme, buvant ses souvenirs...