Morbide rencontre (suite)

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Franck le contemplait, en proie à une nouvelle vénération. Azäkyel était malgré tout magnifique, Franck ne se lassait pas du contraste entre sa peau et ses ailes. Les cheveux de l'ange tout comme son plumage étaient un appel aux caresses. La texture de ses mèches aurait été une chaleureuse douceur entre ses doigts, le jeune homme s'imaginait les toucher et laisser les cheveux glisser dans ses paumes. La voix d'Azäkyel le sorti de son envoûtement.

– Tu es né à Strasbourg en 1978, tes années d'enfants sont très floues mais comme n'importe qui il est quasiment impossible d'avoir des souvenirs précis de son enfance, seulement des images. Un petit frère t'a rejoint lorsque tu avais cinq ans, nommé Mathias. Tes parents comme tu m'as déjà mentionné étaient très aimants avec leurs deux enfants, ils travaillaient tous les deux et je ne vois aucun conflit dans le couple, d'ailleurs je crois savoir qu'ils sont toujours mariés aujourd'hui. Jusqu'ici ai-je raison ? Demanda Azäkyel.

L'ange regardait à nouveau Franck, une seconde avant il avait la tête basculée, et la seconde suivante il le fixait l'air interrogatif, attendant une réponse à sa question.

Encore une fois, il ne l'avait pas vu bouger, il manquait des images à Franck.

– Ou.. Oui, balbutia-t-il. Comment fais-tu ça ? Souffla Franck toujours médusé.

– C'est toi qui ne suis pas, trancha Azäkyel, et nous n'en sommes pas là de toute façon, coupa-t-il reprenant sa position initiale.

– Vous êtes venus vous installer en Auvergne lorsque tu avais 15 ans suite à la mutation de ton père. Elève sérieux, sans être l'élève modèle non plus, mais tu as découvert que le dessin t'intéressait davantage que le reste... sauf des filles peut-être ? Demanda Azäkyel.

Il regardait Franck du coin de l'œil, un sourcil interrogateur attendant une réponse.

– Effectivement, au collège j'étais plutôt sage c'est à mon arrivée au lycée que je me suis découvert une passion pour la gent féminine, répondit Franck.

Il avait baissé la tête et secouait celle-ci en signe de désapprobation pour son attitude de l'époque.

– J'aimais trop les filles, j'étais beau garçon, un peu bohème refusant de rentrer dans la norme je ne parlais que de dessin et de musique, et les filles aimaient ce côté je-m'en-foutiste, continua-t-il.

Relevant la tête en direction de l'ange, Franck constata que celui-ci semblait de nouveau amusé, un battement de cils lents pour lui dire qu'il acceptait sa réponse et Azäkyel reprit son récit.

– Après l'obtention de ton bac, vu que le dessin restait ta passion tu as décidé de faire des études d'architecture. Tu es donc venu ici pour intégrer l'école d'architecture de Clermont-Ferrand, et c'est là que tu as rencontré Nancy qui plus tard est devenue ta femme.

Azäkyel redressa la tête et la tourna vers Franck.

– A partir d'ici c'est toi qui poursuis, conclut-il.

Résigné, Franck prit une grande inspiration et se lança.

– J'aimais les femmes c'est vrai mais surtout je ne voulais pas les garder, ce n'étaient que des conquêtes d'un soir. Je faisais toujours en sorte qu'il n'y ai pas de suite dans la relation.

Franck regarda furtivement Azäkyel, penaud. Il n'était pas fier de ces années-là et sondait la réaction de l'ange.

– Je ne te juge pas. Tu peux avoir baiser la terre entière ça n'a aucune importance pour moi, c'est la suite qui m'intéresse, répondit Azäkyel d'une voix atone.

– Nancy est arrivée en cours d'année, et là ça a été une révélation pour moi. C'était elle. Je ne voyais plus les autres, seule Nancy comptait.

A l'évocation de ces souvenirs, tout chez Franck avait changé, son regard, son attitude, il semblait serein et radieux, c'était une époque où il avait été heureux et sûr de lui.

– Nous sommes rapidement tombés amoureux, devenus inséparables nous avons pris un appartement. Notre passion pour le dessin et l'histoire nous rapprochait et nous avons décroché notre diplôme quelques années après, poursuivit-il. Nous nous sommes mariés tout de suite après et avons trouvé chacun un travail dans des cabinets d'architecture différents sur Clermont. Voilà, acheva Franck.

Azäkyel regarda son sujet l'air outré qu'il se soit arrêté.

– Ensuite ? S'exclama-t-il. Tu n'as pas fini, poursuit !

– Après ? Je ne sais pas... on travaillait tous les deux, on aimait nos métiers, notre couple était au summum de la parfaite harmonie... Je ne sais pas quand je me suis mis à boire en fait, j'ai commencé à faire les bars et de fil en aiguille j'ai sombré, acheva Franck.

– Tu y allais seul dans ces bars ? Tu buvais quoi ? Tu aimais ça ? Bombarda Azäkyel.

La fureur avait refait apparition sur le visage de l'ange, le déni de Franck refaisait surface et il refusait de perdre l'avance qu'il avait acquise. Son instinct voulait jaillir. Jouer à l'ange conciliant ne lui correspondait pas, Azäkyel rongeait son frein pour ne pas laisser sa colère le submerger.

– Réponds, menaça Azäkyel, je vais perdre patience.

– Si j'y allais seul ? Oui... peut-être, répondit Franck en proie au doute.

Azäkyel le tenait, il le savait c'était juste là, il devait encore insister et Franck capitulerait.

– Oui ou non ? Gronda-t-il.

Franck fronçait les sourcils, il ne voulait pas provoquer la fureur de l'ange, Azäkyel perdait patience il le sentait, la tonalité de sa voix l'indiquait. Il se mit à secouer la tête en signe de négation.

– Je ne sais pas, je ne sais plus... balbutia-t-il.

Alors l'ange l'empoigna à la gorge, le seuil de patience était dépassé, il suait la colère et l'exaspération. Serrant très fort le cou de Franck, il approcha son visage à quelques centimètres du sien, lorsqu'il reprit la parole Franck sentait son souffle sur son visage... Un souffle glacial.

Ivresse mortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant