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Un samedi, alors que je suis posée sur mon lit, en tailleur, vêtue d'un long sweat gris, je décide d'appeler chez les parents de Nathan. Pour changer, c'est lui qui décroche.

Malheureusement, il ne peut pas trop me parler : il est dans le garage avec un copain en train de désosser une Harley-Davidson.

- C'est pas évident de s'arrêter en plein milieu, s'excuse-t-il.

S'il croit pouvoir se débarrasser de moi aussi facilement, il se trompe. Je veux savoir quand est-ce que je le reverrai - pendant toute la semaine, il n'était pas venu en cours. Et a refusé de répondre à mes appels.

C'est alors qu'il m'annonce son projet de retrouver son père.

J'apprends que ces parents ont divorcés il n'y a pas longtemps, et que son père est parti.

- Ma sœur vient de l'avoir au téléphone. Il est à Redland.

Redland est une ville du sud-ouest de l'Oregon connue pour ses hippies et ses champs de marijuana.

- Qu'est-ce qu'il fait là-bas ?

- Personne n'en a la moindre idée. Il a coupé le contact avec tout le monde. Et le problème, c'est que je ne peux plus vivre chez ma mère. Elle me saoule, me tape de l'argent tout le temps et son copain.. je n'en parle même pas.

- Pas cool.

- Il faut que je cherche mon père. Il doit bien rester une personne saine d'esprit dans cette famille, non ?

- Et ta sœur ?

- Elle est sympa. Mais son mec trempe dans des trucs louches.

Je ne sais pas quoi lui répondre.

- Tu vas partir combien de temps ?

- Tant que je n'ai pas discuté avec lui, je ne peux pas te dire.

- Et tes études ? Tu ne comptes quand même pas abandonner le lycée ?

- Je ne sais pas. Je prendrais sans doute des cours d'été.

J'ignore comment je dois réagir. Après un long blanc, je demande :

- Tu t'es teint les cheveux en noir ?

- Pas encore.

- Je t'aime bien comme tu es.

- Ouais, moi aussi. On verra.

- Tu me manques trop.

- Toi aussi, tu me manques.

- J'aimerai passer la soirée avec toi.

- Moi aussi.

- Je n'arrête pas de penser à toi.

- Pareil.

- Je t'aime.

Il garde le silence quelques secondes, puis souffle :

- Moi aussi, je t'aime, Kaylee.

Comment enchaîner après ça ? Peut-être que la conversation devrait s'en tenir là. Ça devrait être suffisant.

Pourtant, ça ne me suffit pas.

Addiction [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant