Addiction [TERMINÉE]

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Toute la première semaine se déroule ainsi. On vient me voir. On me pose des questions polies et on me fuit comme la peste. C'est la torture. Le vendredi soir, ma mère me conduit à la réunion d'un groupe d'entraide dirigé par le docteur Bernstein sur les "ados à risque".  On est huit, environ, à se promener dans la pièce en discutant de nos "problèmes".

Il y a surtout des filles riches de mon quartier. Ce n'est pas qu'elles n'ont pas vraiment de problèmes, mais la façon dont elles en parlent est tellement ennuyeuse. Elles n'utilisent que du jargon de psy - "mes désirs", "me besoins", moi, moi, moi...

Au moins, les gens de désintox, étaient marrants. Vern avait toujours de bonnes blagues salaces à raconter. À la moitié de la séance, je n'en peux plus et je sors m'asseoir dehors dans le froid, sur les marches en ciment. L'assistante sociale me rejoint pour tenter de me convaincre de rentrer. Je lui réponds d'un air désolé :

- Non, ça va. Vraiment. C'est juste que j'ai beaucoup de choses à gérer en ce moment...

Alors elle retourne à l'intérieur tandis que je pose mon menton sur mes genoux en priant Dieu, de m'achever tout de suite, par pitié. Parce que je ne tiendrai pas le coup. Je ne supporterai pas cette existence-là. Rien que l'école, ça me paraît insurmontable. J'ai l'équivalent d'un semestre de devoirs, à rattraper. Je n'ai pas d'amis. Rien à faire, nulle part où aller, personne à qui me confier.

Pas étonnant que Vern se soûle tous les ans.