Addiction [TERMINÉE]

15

- Là, je suis dans le jardin derrière la maison.

- Viens, Nathan ! J'ai besoin de toi.

- Mais je me suis déjà organisé. Mon père m'attend.

- Dis-lui que ta petite-amie a besoin de toi !

- Je ne peux pas repousser d'une semaine. Ma mère ne comprendrait pas. Son copain s'est déjà installé ici.

- Et moi dans tout ça ?

- Je suis vraiment désolé. Si je pouvais, je resterais, je te le jure.

Je n'en reviens pas. Mon petit-ami refusait de venir me voir, ne serait-ce que pour un petit moment.

- Est-ce que tu peux au moins faire un saut ?

- Quand ?

- N'importe quand. Maintenant. Ce soir.

- Je dois emmener des affaires chez ma sœur et elle a besoin de sa voiture.

- Et après ?

- Comment veux-tu que je vienne ?

- Prends un car ! Nate, ça va faire bientôt un mois que je ne t'ai plus vu !

Je l'entends inspirer profondément à l'autre bout du fil.

- D'accord. J'arrive.

Je donne rendez-vous à Nathan à la gare routière. Mes parents n'aiment pas beaucoup ça. Ma mère propose de m'emmener et de revenir me chercher, mais je refuse : je prendrai le métro Express.

- Vas-y plutôt en voiture, me dit-elle.

- Je ne suis même pas assurée.

Il s'avère qu'en réalité, si, je suis assurée. Mes parents ont renouvelé le contract depuis les vacances de printemps - parce qu'ils sont fiers de mes progrès, m'explique maman, et bien que ça leur coûte une fortune.

Ben ça alors.

- Tu es sérieuse ?

Elle est sérieuse. Papa hoche la tête. Ils sont tous les deux sérieux.

Me voilà au volant d'une voiture - et rien de moins qu'une GMC. Enfin une bonne nouvelle.

Le temps presse. Je fonce au centre-ville et j'attends Nathan à son arrêt de car. Lorsqu'il descend, je le serre dans mes bras pendant un long moment, puis je le libère et nous marchons vers le parking.

- D'où elle sort, cette caisse ? Demande-t-il en voyant le SUV.

- Elle appartient à mes parents.

- Sympa.

Il monte et commence à tripoter les boutons.

- Ce sont des sièges chauffants ?

- Mes parents ont de quoi se les payer, je marmonne.

Il commence à m'énerver. Non, en fait, j'étais déjà énervée. Maintenant c'est pire.

On va au Denny's et on s'installe dans un box. J'avais prévu de lui raconter des tas de choses. Mais à présent, plus rien ne semble avoir d'importance.

Sitôt que je suis assise, et pour une raison que j'ignore totalement, je fonds en larmes. Impossible de me retenir.

Nathan se penche pour me prendre la main. Il est complètement dépassé. Je le lis sur son visage. Il ne peut pas faire face. Il n'a jamais appris à consoler les autres.

- Je suis vraiment désolé, m'avoue-t-il plus tard, assis dans la GMC sur le parking. Je me rends compte que je ne réagis pas comme je le devrais.

Il me tient blottie contre lui pendant que je pleure. Il m'embrasse le front. Il me caresse les cheveux.

Je me sens mieux. C'est exactement ce dont j'avais besoin depuis le début. On échange quelques baisers, puis on s'élance de nouveau.

- Je voudrais seulement que tu ailles bien, murmure-t-il.

Je n'ai plus aucune envie de rentrer. J'aimerai rester avec lui toute la nuit, toute la vie. J'aimerai qu'on habite ensemble, qu'on se marie.

C'est comme ça avec Nathan. Je l'aime toujours aussi fort, quoiqu'il arrive.