Addiction [TERMINÉE]

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C'est ainsi qu'un an après m'être ennuyée comme un rat mort au centre universitaire de Portland, je passe un été encore plus pénible à enchaîner les réunions des AA.

J'y vais tous les jours, à midi et en fin de journée. Entre les deux, je m'attable un moment toute seule dans un café.

Je m'y rends en avance. Je me présente aux autres. Je balaie le sol et j'aide à empiler les chaises. Je noue des relations.

Je côtoie Claire, qui fait du yoga tous les matins à cinq heures et de la poterie. Missy, qui est caissière à Safeway et souffre de calvitie féminine. Et Brooke, qui a dix-huit ans et vit dans la rue depuis que ses parents en mis le feu à leur caravane quand leur labo de meth a explosé.

Oh, qu'est-ce qu'on s'amuse. On s'amuse comme des petits fous.

Je rencontre aussi Susan, une femme au foyer qui veut devenir ma marraine. Si bien que je suis obligée de passer du temps avec elle et de lui téléphoner tous les quatre matins.

Ça me gonfle prodigieusement. Mais je m'exécute quand même. Après tout, je n'ai pas grand-chose d'autre à faire.

En revanche, les réunions des Jeunes AA – celles où Emily allait et que Nathan continue de fréquenter régulièrement – sont sympas. J'y suis tous les lundis à sept heures.

On y rigole bien. Tout le monde fait le clown et raconte des trucs énormes. Il y a une bande de skaters plutôt beaux gosses qui s'attirent toujours des ennuis. Ils se ramènent souvent avec des yeux au beurre noir suite à des bagarres de rue.

Ils me rappellent Jake, Raj et Alex, sauf que ce dont rêvaient mes copains de lycée, ces garçons-là le font pour de vrai.

Ils montent à bord de trains en passager clandestins pour la Californie, ils vont partout en skateboard, ils squattent une vieille maison abandonnée dans la zone industrielle. Ce sont des bad boys purs et durs.

Évidemment, j'ai hyper envie de m'incruster dans le groupe. Je me lie avec une dénommée Antoinette, qui est copine avec eux.

On traîne un peu ensemble, elle et moi. Elle est couverte de piercings, fume comme un pompier – et pas seulement des cigarettes –, mais on s'entend bien.

Les skaters me remarquent à peine jusqu'à un soir où, tandis qu'on bavarde sur le parking, je mentionne par hasard le nom de Nathan. Ils le connaissent tous ; c'est un peu leur idole.

Je gagne des points d'un coup.

Pour plaisanter, je leur raconte que j'étais amoureuse de lui. Ils éclatent de rire en répondant que toutes les filles sont raides dingues de lui.

J'hésite à ajouter que j'étais vraiment amoureuse de lui, qu'on est même sortis ensemble, mais je ne vois pas l'intérêt alors je me tais.

Ils nous invitent à venir faire du skate avec eux et on finit par sillonner la ville jusqu'à quatre heures du matin.

Au bout du compte, c'est ma meilleure nuit de tout l'été et désormais, chaque semaine, j'attends le lundi soir avec impatience.

Mais à ce moment-là, c'est déjà presque la rentrée.