Consternation

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J'ai peur de découvrir les dernières révélations de Raphaëlle mais il faut que je lise ce qu'elle m'a écrit. Il le faut pour que je puisse mieux la comprendre, pour que je puisse nous donner une chance.

Nous donner une chance ?

Je sursaute en songeant à cela.

Ça me fout les jetons mais oui, c'est ce que je veux. Maintenant, je le sais, j'en suis certain au plus profond de moi-même.

En tremblant légèrement je commence à lire la première feuille de papier.

Matthieu,

Je suis à présent certaine des circonstances de mon enlèvement. C'est exactement ce que je t'ai dit auparavant.

Au début, je ne voyais que celui que je devais appeler Sam. L'homme qui m'a enlevée ne venait jamais.

Sam me donnait un bol de soupe froide le midi et le soir. Si je ne disais rien, il me donnait aussi un paquet de biscuits

Au début je me rappelle que j'ai posé des questions, que je tapais sur la porte pour qu'il me fasse sortir. Je pleurais beaucoup, alors il me frappait, il me donnait des coups de pied et il plaçait un revolver sur mon front. Je ne savais pas s'il était chargé ou pas, alors je finissais par me taire.
il n'y avait pas de toilettes dans la pièce, juste un seau, que Sam vidait de temps en temps, quand l'odeur devenait trop forte.

Il m'a dit au début que mes parents ne voulaient pas que la police me cherche, il m'a dit que mes parents ne voulaient pas que je revienne à la maison et qu'ils ne paieraient pas la rançon. Il m'a dit qu'à l'école personne ne s'inquiétait de moi car les professeurs pensaient que j'avais déménagé.

La première fois que j'ai saigné, il m'a crié dessus, il m'a dit que j'étais sale. Puis il m'a attrapée par le cou, il m'a emmenée dans une pièce où il y avait de vieux lavabos et il m'a mis la tête sous l'eau longtemps, jusqu'à ce que je tombe dans les pommes.

Il m'a coupé les cheveux très courts et il m'a donné un foulard pour cacher ma sale tête comme il disait.

Je suis tombée malade. J'avais froid, je toussais, je grelottais tout le temps. C'est à ce moment-là que l'autre est revenu.

Il m'a donné de nouveaux vêtements et il a installé une couette sur mon lit. Il a dit à Sam qu'il devait me laisser en vie sinon, il ne pourrait plus obtenir ce qu'il voulait.

Puis, il m'a regardé. Enfin, je suppose car avec son masque je ne voyais rien, même pas ses yeux. Et il m'a demandé comment s'appelaient mes parents. Je lui ai répondu et il m'a giflée.

Il m'a dit qu'ils n'existaient pas, que je mentais.

Puis il m'a dit d'oublier leur prénom, il m'a dit que mon nom de famille n'existait plus, que ma maison n'existait plus. Pour s'assurer que j'obéisse, il m'a obligée à me déshabiller entièrement et il m'a attachée avec une corde. Il m'a laissée comme ça pendant longtemps, sans me donner à manger ou à boire.

J'ai repensé à ces moments et je crois que je me rappelle quand même les noms de mes parents. Je les avais oubliés tant que j'étais enfermée dans ce bâtiment mais maintenant je sais. Je me rappelle de toutes les paroles de celui qui m'a enlevée.

Je suis certaine que j'habitais à Aix en Provence, un peu à l'extérieur de la ville. Ma mère s'appelait Béatrice et mon père, Saverio Fornaciari. Il était comptable. Mais je ne me rappelle plus où. Et je pense que ma mère était secrétaire de direction mais elle ne travaillait plus après ma naissance.

L'inconnue des UrgencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant