Un avion sans ailes

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La circulation était fluide pour un lundi soir songea t'il en rentrant du travail, heureusement car il était impatient de se coucher. La journée avait été rude. En grimpant quatre à quatre les escaliers, Will s'imaginait déjà en train de se délasser dans un bain chaud en envoyant un petit texto à Sarah pour savoir si son voyage c'était bien passé.

Il était un peu vexé de ne pas avoir eu de message dès son arrivée il y a une heure... Il se demanda si elle lui faisait la gueule, cela ne lui ressemblait pas... Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas tout de suite la silhouette de Blandine effondrée sur son pallier.

Elle a encore bu fut sa première pensée, mais rapidement, il sut que c'était plus grave, le visage rougit de la jeune femme se tourna vers lui et Blandine s'élança

— Oh mon Dieu William...

— Qu'est-ce qu'il se passe ? C'est Sarah.

Ce n'était même plus une question, son cœur battait à tout rompre et ses oreilles sifflaient étrangement.

— Oui, son avion... Il s'est...

_ Calme-toi et explique-moi clairement !

Mais déjà William imaginait le pire, son cœur battait à la chamade, pas Sarah ! n'importe qui, mais pas elle.

Blandine inspira plusieurs fois pour prendre contenance.

— Elle est morte Will. Son avion s'est écrasé.

_ Impossible. Tu mens.

Hébété, il secoua la tête sans bouger son corps d'un iota.

_ Je t'en prie, c'est la vérité.

_ Je ne te crois pas.

Il entra en trombe dans l'appartement et composa le numéro de la compagnie aérienne qu'il avait recopié sur un post-it.

Quand la voie atome de l'hôtesse lui confirma le crash aérien et l'invita à se rendre à l'aéroport pour bénéficier du soutien d'une cellule psychologique il resta un instant silencieux.

« NON ! »

Son cri résonna dans l'immeuble, se répercutant sur les murs de la cage d'escalier, comme le cri d'un animal blessé qu'il était. Et il attrapa le téléphone et le jeta sur le mur de toute ses forces pour qu'il se brise.

Lentement il se laissa tomber au sol, à genou par terre, il contempla la moquette sans ressentir aucune émotion.

Est-ce qu'elle a toujours été aussi laide cette moquette ? Il faudrait que je la change.

Il entendait Blandine pleurer mais cela semblait venir de très loin, elle dû passer ses bras autour de lui et l'entraîner dehors car il se retrouva une heure plus tard dans une voiture avec une valise lui appartenant sur les genoux. C'était Denis qui conduisait, alors Will comprit que Sarah était morte, il avait déjà été confronté à la mort dans son métier, mais pas à celle d'un proche... Pas à celle de Sarah.

Il mit la tête entre les mains et se mit à pleurer, il y avait une telle souffrance dans ses pleurs qu'il avait envie de la hurler au monde entier. Blandine hoqueta de plus belle devant sur le siège passager. Seul Denis resta inébranlable.

La voiture ne mit pas longtemps à arriver devant la grande bâtisse et les parents de Sarah et Blandine apparurent sur le perron.

Fatigués et vieux, voilà à quoi ils ressemblaient maintenant alors que quelques heures auparavant, ils se vantaient d'être encore jeune.

Celui qui reste (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant