la vie comme dans un rêve

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Will sorti de l'hôpital une semaine plus tard, c'est Sarah qui vint le chercher. Tout le trajet durant, il l'observa.

— Will arrête de me dévisager c'est gênant. Qu'est-ce que tu as depuis une semaine.

— J'avais oublié combien tu étais belle.

Elle piqua un fard et tenta de rester concentrée sur la route.

— Will ... ça me met mal à l'aise quand tu te moques de moi en faisant semblant de me draguer..

— Si je n'ai plus le droit de te dire que tu es la plus belle femme que je connaisse, je ne dirais plus rien. Je voudrais t'emmener au restaurant ce soir.

Elle se tortilla sur son siège.

— Je voulais te faire la surprise mais je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée finalement. Mes parents et Blandine débarquent ils étaient trop inquiets pour toi et j'ai eu du mal à les retenir durant la semaine où tu étais à l'hôpital. Je t'emmène chez moi pour un dîner en "famille" Youhooo

Elle voulu l'aider à descendre de la voiture mais il fronça les sourcils.

— Je ne suis pas impotent Sarah, je vais très bien, arrête de te conduire comme ça avec moi.

— C'est que tu es tellement bizarre, j'ai du mal à croire que tu ailles vraiment bien.

Alors qu'elle badgeait pour appeler l'ascenseur, elle lui dit innocemment.

— Tu vas être content, j'ai rencontré un mec pendant que je venais te rendre visite, il m'a demandé mon numéro, on a pas mal parlé et je dois le revoir vendredi prochain... Will ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Il s'était arrêté et la fixait, furieux.

— Et en quoi ça devrait me réjouir ?

— Je ne te comprends pas, tu passes ton temps à dire que je devrais rencontrer un mec potable et maintenant que c'est le cas, tu te fâches ?

— Nuance, Sarah, je n'ai aucune envie que tu sortes avec un mec, c'est pour ça que je me "fâche"

Elle fourragea dans son sac pour en sortir ses clefs de porte et s'emporta.

— C'est quoi ton problème ? Tu veux me garder à portée de main pour t'écouter me parler de Monica, Vanessa et toutes tes pouffes quand tu veux ? Et quand je te parles de Kenneth tu me fais une scène ?

Il fit demi-tour et hurla dans la cage d'escalier.

— C'est de la merde ce rêve !

— Mais de quoi tu parles ? Bordel Will !

— De toi sortant avec un connard au prénom débile et t'attendant à ce que je saute au plafond.

Elle se pencha par dessus la rambarde pendant qu'il redescendait les escaliers.

— Vas te faire voir Will.

Arrivé en bas, il claqua la porte à plusieurs reprises avant de remonter tout aussi furieux.

Il ouvrit sa porte à toute volée et se retrouva nez à nez avec les François concentrés autour de Sarah qui pleurait sur une chaise.

— Will ? T'as encore fait ton salaud !

— Bonjour Blandine, ravi de te revoir dans de meilleures circonstances.

— T'as vraiment un gros grain, tu le sais ?

Il haussa les épaules et s'accroupit au pied de Sarah.

— Je ne veux pas que tu sortes avec ce Kenneth.

— Ça j'avais compris.

Blandine pris un autre siège et s'assit avec un bol apéricube.

— Putain, je sens que ça va être le moment de vérité où on va tous chialer.

— Ta gueule Blandine.

Sarah s'insurgea.

— Si tu es remonté t'en prendre à ma sœur tu peux repartir.

— Je suis remonté te dire que je t'aime et que n'ai aucune envie de te voir embrasser un autre que moi.

Un ange passa.

Un peu gêné par le silence qui s'ensuivit, il porta son regard sur ses mains qu'il noua sur les genoux de Sarah.

— Je ne sais pas trop comment te dire tout ce que je ressens alors ça va avoir l'air fouilli mais je crois que je ne suis pas celui qui reste Sarah... Je sais que ça ne veux rien dire pour toi mais j'ai fais un terrible cauchemar, de ceux qui semblent tellement vrai qu'au réveil tu ne sais plus distinguer le faux du vrai. J'ai rêvé que dans deux ans, tu mourrais dans un crash aérien et que Blandine m'apprenait que tu m'aimais depuis le premier jour et elle me refilait pleins de lettres de toi le lui disant et ça m'a consumé de voir toutes ces fois où j'ai ignoré tes sentiments. D'avoir pu être à ce point aveugle. Et en les lisant, enfin dans mon rêve, je me suis rendu compte que je t'aimais. Pas un peu, totalement et irrémédiablement. En français nous n'avons qu'un mot pour le dire et je le trouve fade à la lumière de ce que je ressens pour toi aujourd'hui. Nous parlerions latin, j'utiliserais la déclinaison la plus forte pour te l'exprimer même si ça devait être incohérent. Et dans ce rêve, l'idée de vivre sans toi m'était tellement insupportable que je réalisais que de nous deux ça ne pouvait pas être moi celui qui reste.

Il reprit son souffle et profita du silence de plomb qui régnait.

— Alors aujourd'hui, je n'arrive plus à distinguer le faux du vrai, je veux juste croire que le ciel, dans sa grande clémence, m'a laissé la possibilité de revenir te le dire et à toi celle de peut-être m'entendre. Qu'il m'a laissé la possibilité de te promettre ceci, que parfois nous souffrirons, parfois nous regretterons certains choix que nous aurons pris. Il se peut même que tu ne me supportes plus certains jours comme aujourd'hui. Mais il y aura tous ces autres jours où je te chérirais, où je t'adulerais, où ma première pensée au réveil sera pour toi et la dernière aussi. Où je n'aurais qu'un but, celui te faire rire, de te consoler, de t'exaspérer, t'embrasser et te répéter chaque jour combien tu es belle même quand tu seras toute fripée.  Je veux hurler au monde entier que tu es mienne et que je suis tien. Tout simplement parce que je t'aime. Et je ne veux pas être celui qui survit parce que je n'en ai pas la force Sarah.

Comme le silence se poursuivait, il se crispa.

Blandine renifla et il vit qu'elle pleurait, à son habitude, elle tenta de tourner la situation en dérision.

— Je ne sais pas ce qu'ils t'ont donné à l'hôpital mais c'est de la bonne.

Il eu un petit rire et passa la main dans ses cheveux, évitant toujours le regard de Sarah.

— Si je suis toujours dans mon rêve, j'espère que ce n'est pas l'instant où le protagoniste reste coincé dans un moment très gênant sans pouvoir s'en aller. J'ai fais un rêve comme ça où j'étais dans un supermarché et je n'arrivais pas à monter les escalators ...

Sarah l'interrompit et prit son visage pour le tourner vers le sien, ses joues ruisselaient de larmes, ses grands yeux en étaient noyés, il soupira.

— Je ne voulais pas te rendre triste Sarah.

— Je ne suis pas triste Will. J'ai pensé mille fois à cet instant où peut-être tu me dirais que tu m'aimais et il n'a jamais été aussi beau que maintenant. On était peut-être seuls dans mes fantasmes par contre.

Et son visage s'illumina. Celui de Laure et Baptiste également tandis que Blandine leur jetait des apéricubes comme on lance des confettis à un mariage.

Un rayon de soleil se posa dans le salon et éclaira la scène avec sa douce lumière rasante, donnant une teinte orangée et chaleureuse au petit appartement de Sarah.

Et Will décida de vivre sa vie comme si on lui avait octroyé une seconde chance, comme si l'univers entier avait eu pitié de ce terrible gâchis et avait été ému de leur histoire. Comme si, il leur donnait la possibilité de (re)devenir Will et Sarah.

Celui qui reste (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant