Une chute, un choc, des pleurs ?
Will se revoyait dans cette minuscule cuisine de Sarah, le 15 mai 2004. Pourquoi son cerveau embué avait-il choisit justement ce jour précis. Celui où il avait le plus blessé Sarah par son ignorance.
Il sentait même l'odeur des croissants lui monter aux narines. La musique ridicule de l'adolescent du dessous et les cris stridents de Sarah qui criait à l'aide.
— Sarah ?
Il bafouilla, c'était impossible n'est-ce pas ? D'entendre sa voix ?
— Will ? Tu vas bien ?
Il ouvrit les yeux sur son doux visage et leva sa main pour le caresser, cela avait l'air tellement vrai. Il laissa une larme couler le long de sa joue.
— Will, où est ton téléphone ?Je vais appeler les secours.
Il ne répondit pas, ça ne s'était pas passé ainsi ... Cela remontait à il y a deux ans, il avait peut-être occulté des souvenirs mais il ne se rappelait pas de cet instant.
— Will ? Tu m'entends ?
Il devait lui dire, s'excuser, même si ce n'était qu'un rêve.
— Sarah ... Je suis désolé.
— De quoi ? De m'avoir causé la peur de ma vie.
Il fronça les sourcils. Tout avait l'air si réel, il s'assit un peu trop vivement et ressenti une vive douleur à la tête.
— Tu t'es cogné la tête en tombant Will, je voudrais vraiment appeler les secours s'il te plaît.
— D'accord.
Si les secours venaient, c'était qu'il rêvait vraiment et non qu'il revisitait un souvenir ? Une violente envie de vomir le saisit et il se précipita sous la douche de Sarah, tout habillé.
La présence d'un homme en uniforme de pompier dans la douche de Sarah acheva de le convaincre qu'il s'agissait d'un rêve jusqu'à ce qu'on l'embarque de force pour lui faire passer un scanner en urgence.
Un médecin entra dans sa chambre d'hôpital, il lui demanda où était Sarah.
— J'ai demandé à votre amie de contenir votre mère qui voulait débarquer à votre chevet toute affaire cessante pour vérifié si vous étiez mourant ou non.
— Je suis mort c'est ça ?
Le médecin s'avança et examina de nouveau ses pupilles.
— Non pas vraiment mais vous divaguez pas mal. Ecoutez, je ne vais pas y aller par quatre chemin, vous avez fait un accident ischémique transitoire, si je vulgarise, c'est un bébé AVC, je vais devoir vous mettre sous traitement et vous prescrire deux ou trois bricoles. Si c'est bientôt votre anniversaire, commandez un pilulier. Et retenez mon visage, je vais devenir votre meilleur ami ces prochains mois.
Will le regarda interloqué.
— Mais ... vous existez vraiment ?
— Ben j'espère pour vous que si c'était un rêve, vous auriez choisit une jolie doctoresse plutôt qu'un vieux barbu court sur patte répondant au doux prénom de Hector.
— Enchanté Hector, moi c'est Will. Quel jour est-on ?
— Le 15 mai.
— De quelle année ?
— Oh la la, vous yoyotez vraiment vous. Je vais avancer la date de votre IRM.
La porte de la chambre s'ouvrit sur sa mère et Sarah.
— Pourquoi tu m'as fais venir Sarah ?Il a l'air en pleine forme.
— Votre fils a fait un AIT.
— Je comprends rien de votre charabia monsieur, on m'a dit que mon fils était mourant et je le trouve tout souriant sur son lit, la fois où la voisine de monsieur Ditrich a eu une attaque, il n'avait pas l'air aussi bien ...
Mais Will n'écoutait pas, il ne voyait que Sarah qui souriait dans le dos de sa mère et lui chuchotait "je suis désolée, tu vas bien ?" Il hocha la tête et tenta de se lever pour la retrouver mais Hector le plaqua sur le lit avec sa force herculéenne.
Sa mère croisa les bras sur sa poitrine.
— Mais il va mourir ou bien rester benêt ? Est-ce que je vais devoir le nourrir à la cuillère toute sa vie ?
— En tout cas, ce n'est pas la compassion qui vous emportera vous.
Il s'ensuivit une dispute monumentale entre son nouveau meilleur ami et sa mère.
— J'avais un dîner de prévu avec Sarah, puis-je y aller ? les coupa t'il.
— Je peux éventuellement vous autoriser à dîner à la cafétéria de l'hôpital mais elle ferme à 18h30 donc il faudra que vous dîniez avant.
Sarah s'approcha et lui prit la main.
— On va reporter Will, ce n'est pas grave. Tu voulais m'annoncer quoi ?
Il fronça les sourcils, quel était l'objet déjà de ce dîner à part de lui briser le cœur une nouvelle fois.
Hector attrapa le menu de l'hôpital.
— Ce qui est dommage c'est que si vous mangez en bas vous loupez un succulent potage de poireaux. Oui, désolé, je vous ai collé, dans le doute, le régime pour diabétique.
Sarah fit une grimace.
— Non Will, je ne veux pas que tu loupes ça, je me vois obligée de décommander et de te fixer un nouveau rendez-vous, ne t'inquiètes pas pour moi, je vais aller me soûler la gueule dans un bar et me faire draguer par pleins de beaux mecs.
— Je t'en prie, ne fais pas ça, attends-moi encore quelques jours.
Elle eu l'air déstabilisé et eu un petit rire incertain avant de répondre.
— Demandé si gentiment, je vais opter pour la fin de ma série et mon canapé fétiche.
Quand elle fut partie, entraînant dans son sillage sa mère qui parlait encore, il se tourna vers le médecin.
— Est-ce que, si ce n'est pas un rêve, je vais pouvoir mener une vie normale ?
— On verra à l'IRM mais oui, probablement. Si votre insupportable mère ne vous achève pas avant.
— Mais et si c'était un rêve ? Que Sarah était vraiment morte et qu'avant de me suicider je sois bêtement tombé dans le coma ...
Le médecin le regarda un long instant.
— La vache, vous n'êtes pas tout seul dans votre tête vous.
— Vous n'avez pas répondu à la question.
— Je dirais que vous n'avez rien à perdre alors.
Je n'ai rien à perdre ... Il a raison.
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Celui qui reste (terminé)
Roman d'amourSarah c'était l'histoire classique de la fille amoureuse de son meilleur ami depuis dès années mais qui n'a jamais osé lui dire. Will c'était le meilleur ami en question qui traverse la vie avec légèreté et ne remarque pas la puissance des sentiment...