Will referma l'ordinateur portable couvert d'autocollants fabriqués par Sarah et resta pensif, est-ce qu'il la soûlait vraiment avec ses histoires de cœur ? Elle l'avait toujours écouté à chaque fois et il avait pris le parti de lui dire tout ce qui se passait dans sa vie. C'était sa confidente. Il n'avait jamais pensé qu'elle puisse se lasser de l'écouter.
Quel con égoïste ! Peut-être en avait-elle marre à présent, surtout que ça faisait un moment qu'elle n'avait pas eu de petit ami dans sa vie. C'était maladroit de sa part de lui rappeler son célibat à chaque fois en lui relatant ses aventures ? Est-ce qu'il était indélicat ? Ouais peut-être un peu. Merde!
Contrarié, il tourna en rond toute la matinée et se décida à lui mettre un petit mail d'excuse qui resta sans réponse.
"Sarah, j'espère que je ne t'ai pas blessé ? tu avais l'air contrarié ? Ce n'était pas mon intention, tu sais que je ne veux que prendre soin de toi !"
Pour se changer les idées il alla passer le week-end chez sa mère, elle était tellement auto centrée sur elle-même que ça l'occuperait de l'écouter. Et ça ne loupa pas, il passa une journée complète à l'écouter raconter la vie de tout le voisinage dont il se fichait éperdument et de sa santé, et de ce pauvre bichon unijambiste ... et du poisson de la voisine... ou du poison, il n'écoutait que d'une oreille distraite.
— Tu comprends Henry est tombé malade à ce moment là, alors que c'était la fête des confitures !!
— Non ! Pas possible... Mais qui est Henry ?
— Mais suis un peu c'est le voisin d'Anatole.
— Ah... Et c'est un de tes amis?
— Mais puisque je te dis que c'est juste un voisin de notre voisin.
Mais putain on s'en fou alors ???
— Et d'ailleurs Lucinda voudrait que tu fasses sauter sa contravention.
— Maman arrête avec ça, je ne peux pas, je suis inspecteur de police, c'est pas mon job de faire sauter les pv de tes folles du volant de copine du club de bridge.
— De Scrabble.
— Oui enfin même combat.
— Mais rien à voir, le bridges c'est quand...
OH MY GOD venez sauver ! S.O.S !
Son père lui adressa un sourire entendu à l'autre bout de la pièce et se mit à feindre une passion sans borne pour ses mot croisés que Will savait déjà tous finis.
C'était à cause du couple de ses parents que Will avait renoncé à l'idée de se marier un jour. Qui pourrait avoir envie de finir comme eux. Sincèrement ?
Les parents de Sarah et leur amour sans faille n'avait pas réussi à le guérir de cette phobie. Il n'était tout simplement pas homme à se marier et à avoir des enfants, ça arrivait, c'est comme ça, ce n'était pas la fin du monde. Et à bien y réfléchir, ce n'était pas le truc de Sarah non plus donc la preuve, ça arrivait à des gens très bien.
Il alla se coucher tellement tôt que sa mère le cru malade, juste pour éviter d'entendre encore cinq minutes de plus son bavardage incessant.
Et dire qu'il avait passer un de ses rares week-end de libre à prendre des nouvelles de la ville la moins intéressante au monde.
Le lendemain, il se cantonna dans sa chambre d'adolescent à regarder une série policière.
Un bon policier, il sourit en pensant que tout dans sa vie revenait à ça. Enfin tout ce qui l'intéressait vraiment.
Will était inspecteur dans la police judiciaire, il adorait ce métier tant réprouvé par Sarah et ses parents. Il les entendait encore lui dire que combien c'était dangereux et mal rémunéré... Mais à vrai dire il s'en foutait, il avait la certitude de bien faire son travail, de manière honnête et juste. Et ça n'était pas donné à tout le monde d'aimer son métier.
Il sourit en pensant qu'à vrai dire, la seule qui avait apprécié son choix de carrière c'était cette chipie de Blandine, la soeur de Sarah. Elle avait espéré qu'il lui ferait sauter tous ses pv elle aussi. Et de parler de TOUS ses pv n'était pas une simple exagération, c'était terriblement proche de la vérité, elle se garait n'importe où et n'importe comment et conduisait presque encore plus mal que sa propre mère. Si cela avait possible.
Les deux sœurs étaient très différentes l'une de l'autre, Blandine était immense, des cheveux bouclés qui formaient une sorte de crinière. C'était une battante, elle disait ce qui lui venait à l'esprit et manquait singulièrement de tact, féministe dans l'âme, Blandine jurait qu'au grand jamais elle ne se marierait pas jusqu'à ce qu'elle rencontre Denis, un homme très effacé mais profondément amoureux. C'était un peu cliché mais ils étaient touchant.
Quant à Sarah, on aurait pu croire qu'elle avait été adoptée tant elle différait de sa soeur, elle était plus petite, ses cheveux noirs étaient coupés en une coupe à la garçonne qui lui allait très bien, ses yeux légèrement en amande, de couleur marron foncé semblaient vous sonder lorsque vous lui parliez et rire le reste du temps. Son petit nez mutin recouvert de fine tâche de rousseur surmontait des lèvres aux tracés fin et gracieux. Sarah était charmante, une jolie fille qui aurait fait fureur si elle avait passé plus de cinq minutes le matin à s'habiller et se maquiller. Contrairement à Blandine, elle était pleine de délicatesse et n'avait pas besoin d'être autoritaire ou agressive pour se faire respecter. Elle avait ça en elle.
VOUS LISEZ
Celui qui reste (terminé)
RomansaSarah c'était l'histoire classique de la fille amoureuse de son meilleur ami depuis dès années mais qui n'a jamais osé lui dire. Will c'était le meilleur ami en question qui traverse la vie avec légèreté et ne remarque pas la puissance des sentiment...