Celui qui reste (terminé)

Sarah plutôt que Laurie ?

11 ans plus tôt

William donna un coup de coude à Juju son meilleur pote.

— Elle est canon la meuf en face?

— Laquelle la blonde ou la brune ? 
              
— La blonde, t'es aveugle ou quoi, la brune on dirait qu'elle a un balai dans le cul.

— Ouais mais elle est surement plus accessible.

Will opina la tête et reporta son attention sur les deux jeunes filles, ils étaient arrivés ce matin dans des cars séparés et dès qu'ils avaient débarqué son attention s'était focalisée sur la plus jolie fille qu'il ai jamais vu.

— Même pas cap de sortir avec ?

— T'as quatre ans ou quoi juju ? On joue plus à cap ou pas cap !  
             
— Je te mets au défi de réussir à l'embrasser quand même d'ici notre départ.

Sa fierté l'obligeait à relever le défi, en trois semaines il allait bien arriver à la séduire cette fille ! Il remarqua l'attention de la petite brunette sur lui et lui lança un sourire séducteur, il fallait toujours l'aval de la meilleure copine. Leçon numéro 1.

Quand il s'agissait de relever un pari, Will était capable de faire preuve d'une grande intelligence et d'une certaine perfidie... Il allait embobiner la copine et se faire passer d'ici deux ou trois jours pour un amoureux transit de Laurie.

Seulement quand il se retrouva face à Sarah, il ne sut pas bien ce qui se passa, il n'arriva pas tout à fait à l'embobiner.

— Salut ma belle, ça va ?
Jusque là, pas d'embrouille.

Sarah sursauta et regarda autour d'elle comme pour vérifier que c'était bien à elle qu'il s'adressait. Visiblement déroutée, elle bafouilla une phrase inaudible et il enchaîna sans chercher à comprendre.

— Ecoute, je suis désespérément amoureux de ta pote Laurie, faut que tu m'aides, je vais en crever.
Minable comme approche... Pathétique...

Sarah le regarda comme deux ronds de flan et il régna un grand silence interminable qui le déstabilisa complètement. Soudain, un sourire narquois illumina les traits de la jeune fille.

— Tu as fais un pari avec ton pote Julien ou quoi ?                  

— ... Quoi ? Heu? N'importe quoi !!! Pfff

Il leva les sourcils pour accentuer sa fausse expression outrée. Il alla même jusqu'à lever les paumes des mains en l'air.

— Non mais avoue. Et je t'aiderais peut-être si tu es honnête.

— ...
Pas question d'avouer à cette peau de vache qu'elle avait visé juste.

— Oui.
Merde, qu'est-ce qui lui prenait ?

— J'avoue, c'est un pari avec Juju mais elle me plait vraiment. C'est juste que je ne vais pas en mourir.
Qu'est-ce qui clochait chez lui, le voilà qui devenait honnête... Avec une nana.

A vrai dire, il se sentait bien là tout de suite, cette fille était sympa. C'était pas un canon de beauté mais il aimait bien sa franchise.

Autour d'eux, les bâtiments de la colonie vétuste semblaient porter le poids du monde et s'effriter sous le soleil de plombs. Il régnait une ambiance étrange, comme si quelque chose de glauque et d'affreux s'était déroulé ici et qu'on vivait sur une ancienne scène de crime. Il frissonna malgré la canicule et mis ses lunettes de soleil sur son nez pour cacher son malaise.

— Ton vieux aussi travaille chez Socota ? C'est pour ça que tu es là ?

— Oui, comme tout le monde ici en fait.

La cloche d'activité sonna, interrompant l'étrange conversation, lentement, il secoua la tête et amorça un demi tour vers le terrain de sport où les taupes s'étaient données à cœur joie pour lui donner un aspect de gruyère.

— Heee attends, je t'ai même pas dis ma réponse ! J'accepte de t'aider.

— Super, tu veux qu'on scelle notre accord avec un truc de fille genre on crache dans nos mains où un truc comme ça ?

Le regard mi dégoûté mi moqueur qu'elle afficha lui appris qu'il connaissait bien mal les "trucs de filles"

— Non merci, un coup de pouce au sport en revanche, ça m'irait.

Et sans trop savoir comment ça arriva, ils devinrent Will & Sarah avant la fin de l'été.

Il perdit son pari.