Je ne savais pas

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Ce n'est pas dans l'ordre naturel des choses de perdre son enfant ne cessait de répéter Laure François. Quant à son mari, il ne disait rien, les larmes coulaient le long de ses joues sans bruit et tellement plus percutantes que s'il s'était roulé par terre.

Et c'est vers lui que Will se dirigea et lorsque Baptiste ouvrit ses bras, Will s'y précipita, bien qu'il n'ait jamais été très démonstratif, pas plus que le père de Sarah.

Yves l'aîné des François fut le dernier a arriver avec les informations qu'il avait obtenu de l'aéroport « Elle était bien sur la liste des passagers, elle a embarqué. »

Ils avaient eut le faible espoir, un bref instant, qu'elle n'ait pas embarqué et voilà qu'Yves anéantissait cet espoir sans faux semblant, sans délicatesse. L'avion s'était écrasé dans l'océan et les hélicoptères et bateaux dépêchés sur les lieux du crash avaient laissé entendre que les familles ne devaient pas s'attendre à ce qu'il y ait des survivants.

Laure s'entretint avec son mari un instant à voix basse et se tourna vers eux.

— Je pars sur place, j'ai besoin d'y aller tout de suite.

Personne ne répondit à part Blandine qui se proposa de l'accompagner mais elle balaya sa proposition d'un geste de la main.

—  J'aimerais que tu reste là ma chérie. 

Elle montra Will du coin de l'oeil qui se tenait prostré sur une chaise et Blandine acquiesça.

—  Emmène le dans la chambre de Sarah, il va dormir là.    

Tel un zombie il se laissa faire mais ne put s'endormir dans les draps de Sarah, il sentait même son odeur de monoï lui caresser les narines, comme si elle se trouvait là, à côté de lui.

— Sarah ?

Pas de réponse, quel idiot !

 En fermant les yeux il eu la sensation qu'elle était presque là allongée dans ce grand lit.

Dévasté, il fixa le plafond pendant les heures qui suivirent mais vers trois heures du matin, il descendit à la cuisine et trouva Blandine seule devant une tasse de thé brûlant. Ses grands yeux verts étaient presque translucides d'avoir tant pleurés. Elle tripotait un tas de lettre avec nervosité.

— Tu devrais dormir Blandine, les jours qui vont suivre risquent d'être très pénibles.

Elle leva ses yeux bleu vers lui et souffla 

—Tu savais qu'elle t'aimait ?

_ C'est normal, j'étais son meilleur ami. Je l'aimais aussi.

_ Non, pas cet amour là. Depuis le premier jour, elle était amoureuse de toi.

_ ...

_ Non, tu ne devais pas savoir, sinon tu n'aurais pas l'air si étonné. 

Will ferma les yeux 

— Tu es sûre ?

— Oh que Oui, et ça n'était un secret pour personne d'autre que toi. Tiens, maintenant cela t'appartient.

 Elle lui tendit un tas de lettre qu'il repoussa 

— Non, cela ne lui plairait pas que je les lise.

Blandine eut un sourire très triste, plein de compassion.

—Elle ne va pas revenir Will, il faut que tu t'y fasses.

Il la fixa, étonné puis désarçonné.

_ Si elle était morte, je le saurais, non ?

_ C'est ce que l'on appelle une période de rejet.

_ Tu me gonfles avec ta psychologie à deux sous. Ça ne me rend pas les choses plus faciles. Et à toi non plus.

_ Ouvres les yeux Will, elle est morte.

_ Je n'ai pas vu son corps.

Elle soupira et poussa les lettres vers lui.

— lis-les. 

Puis elle partit le laissant face à face avec la pile de lettre, il en saisit une et l'ouvrit machinalement.

Chère Blandine

Tu sais, je trouvais ridicule que les parents m'envoient en colonie de vacances à l'âge de quinze ans mais j'ai changé d'avis.

Pourquoi ? Plutôt grâce à qui, il a seize ans et s'appelle William Payot, nous avons beaucoup parlé parce qu'il cherchait à séduire Laurie une de mes amies, alors je l'ai conseillé. C'est idiot n'est-ce pas puisqu'il me plaît, enfin, c'est plus fort que ça, je crois que c'est l'homme de ma vie, ma moitié. Je sais, tu ne crois pas à toutes ces bêtises, mais c'est ce que j'ai ressenti en le voyant, comme nous sommes jeunes, je préfère être son amie pour l'instant et après peut-être autre chose.

Il est très mignon, un peu macho mais il changera, en tout cas, promets-moi de ne jamais lui dire si jamais tu le rencontres.

 Ta soeurette amoureuse

*

... Il se souvenait exactement de ce jour là ... Celui de leur rencontre...

Celui qui reste (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant