Félidé [L.S]

36.

Je te ferai payer la souffrance que tu m'as infligée. Ce n'est qu'une question de temps. 

Être enceint, c'était une sensation étrange. Louis ne pensait pas ressentir ce genre de chose un jour dans sa vie, ça ne l'avait jamais frôlé l'esprit. Et pourtant il se retrouvait dans la bibliothèque de Harry à caresser son ventre distraitement en lisant un livre de biologie. Il avait quatre petits êtres qui grandissaient en lui.

Il était encore un peu effrayé d'avoir des êtres à sa charge, mais à présent il pouvait se l'avouer, il avait hâte de les voir. Et s'il devait être encore plus honnête, il dirait qu'il voulait les expulser au plus vite parce que ça faisait un mal de chien ! Il avait du mal à dormir, ses hormones le rendaient cinglé et il avait mal partout. Comment les femmes pouvaient être heureuses de ressentir ce genre de sensations ? La première fois ne leur suffisait pas, elles recommençaient en plus!

Louis avait envie d'aller sur les forums de femmes enceintes pour leur expliquer à quel point les pubs et les séries étaient mensongères. Que, non, ce n'était pas agréable d'avoir ses enfants qui lui écrasaient la vessie, non ce n'était pas glamour d'avoir les pieds qui ressemblaient à des ballons de rugby et non ce n'était pas marrant d'avoir son compagnon à ses petits soins !

« Ce n'est pas vous que je critique hein, c'est juste les conséquences de votre existence. Rassura Louis en caressant son ventre gentiment. »

Il se reçut un violent coup dans les cotes en réponse. Il caressa plus vigoureusement son ventre en serrant les dents suite la vive douleur qu'il ressentait.

« Qu'est ce que vous pouvez être susceptible ! Marmonna Louis. Pire que votre père. Même si c'était difficile pour moi, je vous aime, vous savez. Vous allez être ma famille, j'ai juste peur que vous me haïssiez comme je hais mes parents. Ou que vous vous détestiez comme votre père déteste son frère. »

Sous sa main, il sentit un petit poing cogner. Il sourit avec tendresse, ils le faisaient déjà craquer avant même d'être nés. Il se mit à leur parler tout doucement, il recevait quelques fois des coups, mais il se doutait bien que ce n'était pas des réponses.

Il était tellement pris dans sa conversation à sens unique, qu'il n'entendit pas Harold s'installer près de lui. Il sursauta en remarquant enfin sa présence. Il se renfrogna immédiatement, il était bien seul avec ses enfants, il n'avait pas besoin de compagnie.

Il plaça un bras sur son ventre, comme pour le protéger des éventuelles piques qu'il allait recevoir de la part de ce très cher Harold.

Le brun observait le félin avec un sourire en coin, ce qui agaça énormément Louis.

« Alors Louis, comment vas-tu ? Demanda Harold d'une voix guillerette.

-Qu'est-ce que tu veux ? Attaqua Louis en fronçant les sourcils.

-Ouh ! Je ne te savais pas si agressif. Est-ce que mon frère déteindrait sur toi ?

-Je ne suis pas d'humeur, Harold...

-Je voulais juste prendre un peu de tes nouvelles. Tu ne te sens pas seul ? C'est la première fois depuis que tu as appris ta grossesse que mon frère est aussi loin de toi. »

Louis leva les yeux au ciel, Harold ne faisait rien sans une arrière-pensée, alors c'était normal qu'il commence à parler de son frère. Cependant, il avait raison, c'était la première fois qu'il était séparé de Harry et il se sentait mal, mais il ne le montrerait pas à l'autre.

Harry était parti chez sa mère pour lui annoncer sa grossesse et leur lien. Le bouclé lui avait assuré qu'il reviendrait, ce qui n'empêchait pas Louis de ressentir de l'angoisse. Si la mère de Harry avait dénigré son propre fils, c'était inenvisageable qu'elle l'accepte lui, un vulgaire chat de gouttière.