Chapitre 1.2

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Mon père freina brusquement et s'arrêta sur le parking du lycée de mon frère. Nous avions fais le choix de ne pas aller dans le même établissement. Non pas parce que nous ne nous aimions pas mais parce que nous préférions garder notre vie chacun de notre côté. Au moins, il ne voyait pas que je passais mes journées seules.
Au collège quand il me voyait assise quelque part sans personne, il s'amusait à me mettre mal à l'aise devant ses amis. Je ne voulais pas revivre ça.

- Oh Adrien, pour l'amour de dieu, quand est-ce que tu as pris une douche pour la dernière fois ? demanda mon père.

- Ça devait être le mois dernier, tu sais, après notre compétition à Villedieu, claironna t'il fièrement.

Je secouais la tête, exaspérée.

- Qu'est-ce que tu veux Camille ? me demanda-t-il.

- Je n'ai rien dis, je te ferais dire !

Je ne fis pas attention à ce qu'il répondit. Il racontait souvent n'importe quoi pour être intéressant.

***

La maison dans la qu'elle nous habitions était positionnée à une quinzaine de minutes de la ville. Notre rue proposait surtout des maisons datants des années 2000. La rue était paisible. Il faut dire qu'il n'y avait pas souvent du monde. C'est un quartier où les maisons sont surtout secondaires. Je pensais que c'était le genre de personne comme Elona qui pouvait acheter plusieurs maisons.
Oublie-ça me réprimandais-je.
Je pousse la porte d'entrée et je vais directement me réfugier dans ma chambre. Je fais mes devoirs rapidement, puis je m'assois en face mon piano et commence à jouer quelques airs.
Je jouais depuis très jeune. Chaque mois le village dans lequel nous vivions me convoitait pour jouer un petit air après les représentations qui se déroulaient dans la petite salle des fêtes. J'adorais jouer en public mais souvent la timidité prenait le dessus et je devenais crispée.
Quand mes doigts touchaient les touches je m'envolais systématiquement dans un autre monde. J'oubliais tout.

Je jouais mon passage préféré quand j'entendis ma mère hurler du rez-de-chaussée " On mange ! ".
Bloquée par cet élan d'agressivité, j'ai rabaissée le clapet sur le clavier puis je suis descendue.
Une fois à table, ma mère racontait en riant sa journée et mon père la regardait en souriant. Mon frère avalait tout ce qu'il pouvait ingurgiter. Moi je me sentais bien. Je les écoutaient tout en pensant à la chance que j'avais d'avoir une famille aussi dingue. Les moments que je passais avec eux était une source de motivation. Je m'épanouissais mais je refermais vite les ailes quand je devais retourner en cours.

J'ai débarrassé la table puis je suis montée à l'étage. J'ai pris une douche et me suis allongée. J'ai pris mon téléphone et je me suis connectée à Snapchat. Elona avait un publié plus de trois cent secondes dans la zone visible par tous. Je les aie regardés les unes après les autres tout en me demandant pourquoi, moi j'étais chez moi un Vendredi soir. Alors que tout le monde était dehors à s'amuser.

J'ai alors repensé à mon idée de tout à l'heure : devenir amie avec Elona.

Je me suis assise dans mon lit. J'ai fermé les yeux puis j'ai placé mes mains l'une contre l'autre devant moi. Alors j'ai invoqué les dieux, dans ma tête j'ai pensé très fort : " J'aimerais être populaire, riche et belle, comme Elona, s'il vous plaît, s'il vous plaît. " Je l'ai répété plusieurs fois puis je me suis couchée. Je me suis rapidement endormie.

Je ne savais pas encore que dans quelques jours je ne serais plus la même.

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