Changer de rôle

Chapitre 12.1

Je n'étais plus qu'à quelque pas du rendez-vous avec Sullivan. Il n'était pas encore là. En temps normal cela ne m'aurait pas dérangée mais là je n'ai pas envie de garder ce petit sachet une seconde de plus. Je piétine d'impatience à l'idée de me débarrasser de ce paquet. Je me rend soudain compte que cette petite ruelle n'est pas le meilleur endroit pour faire ce genre de chose. Super au niveau discrétion mais stressant au niveau sécurité. Je pense que quand on deal on est jamais en sécurité de toute manière.
Je vois quelqu'un tourner au bout de la rue, je n'arrive pas à voir si c'est lui. Je sens mon cœur accélérer dans ma poitrine. Je n'arrive pas à garder mon sang-froid. Je me sens fragile et ridicule. Mais me voilà rassurée quand je peux enfin voir que cette personne est bien Sullivan.

- Tu es en retard, lui dis-je remarqué sous le coup de la pression.

Il ne relève pas et me tend la main. Visiblement il n'a pas le temps de papoter.

- D'abord l'argent, dis-je d'une voix qui se voulait sûr d'elle.

Ma voix tremble. Je ne sais pas si c'est pour ça qu'il me regarde si étrangement d'un coup. Où alors c'est que j'ai dis une énorme bêtise.
Mais malgré tout il me tend un billet de cinquante euros. Je ne sais pas quel est le vrai prix mais j'ai le sentiment qu'il m'arnaque.

- Je veux la même somme que d'habitude, dis-je sèchement.

Alors il rajouta un billet de dix euros, nonchalamment. Je lui fis un gentil sourire et lui passe le sachet.
Il s'éloigne. Je me sens mieux de ne plus avoir cette culpabilité sur moi. Et je suis fière d'avoir aussi bien gérée cet entretien. Je suis passée comme une vrai professionnelle. Et surtout j'ai gagné soixante euros ! Comme ça après cette nuit je prendrais un hôtel.

Je m'approche de la maison de Maxim. Mais elle ne doit pas être rentrée du lycée. Tant pis je ne vais pas attendre devant, je sonne. Une femme sors le bout de son nez par la porte pour voir qui se trouve devant son portail. Quand elle me voit, un joli sourire ce dessine sur son visage et sur le mien par la même occasion.

- Elona, vas-y entre ! Maxim arrive bientôt !

J'entre et m'étonne qu'elle ne relève pas les fait que je n'étais pas en cour.
Elle m'offre un chocolat chaud malgré le fait qu'il doit faire trente degrés dehors. Elle est très gentille et souriante.

- Ton père a encore fait des siennes ? demande-t-elle d'une voix timide.

Donc elle est au courant et Maxim aussi je suppose. En même temps elles n'habitent pas très loin de chez mon père.

J'oche la tête, je n'ai pas réellement envie de m'étendre sur le sujet. Je pense qu'elle le comprend et me dis :

- Tu peux rester aussi longtemps que tu veux, avec Franck ça ne nous dérange pas, dit-elle.

Franck doit être son mari. Je trouve ça tellement gentil que j'en ai presque les larmes aux yeux.

- Merci beaucoup !

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