Se Relever - Assassin's Creed

Chapitre I : Oublier

Edward remonta lentement dans ses appartements. Il traînait les pieds, soulevant de petits nuages de poussières derrière lui. Il entendait encore la douce voix de Anne fredonner les paroles de "The Parting Glass".

La lettre qu'il avait reçu lui avait fait un choc. Ah Tabai lui avait remise quelques heures plus tôt.
Les lignes, à l'intérieur, lui apprenaient que sa femme, Caroline, était décédée et que sa fille Jennifer avait périe trois semaines plus tard des suites d'une maladie.

Edward avait l'impression d'être la dernière personne sur Terre. Il avait perdu ses amis un par un, mais c'était surtout la disparition de sa tendre amie, Mary Read, qui l'avait profondément marqué.
Il se remémora son évasion de la prison de Port Royal grâce à Ah Tabai, avant de voler au secours d'elle et Anne. Elle était tombée gravement malade suite à son récent accouchement. Edward avait tenté de l'emmener à Tulum avec lui et Anne pour la soigner. Elle avait succombé avant.
Son autre partenaire, elle, avait donné naissance à enfant qu'elle avait perdu peu de temps après.
Il avait ensuite appris que Woodes Rogers, son ennemi Templier qu'il avait épargné, était retourné en Angleterre.

Tout en rentrant dans son manoir, surplombant la mer depuis les falaises, il songea à son départ prochain. Il l'avait déjà prévu depuis un moment, mais la lettre lui avait permis de se décider plus vite. Londres était la destination qu'il avait choisi.

Il observa longuement les jardins, bien verts et entretenus qui se dessinaient autour de sa résidence. En rentrant, son regard s'attarda sur la cellule du salon dans laquelle il avait récupéré une tenue de valeur, au prix de multiples efforts, puis, ses yeux passèrent en revue les différentes cartes étalées sur son bureau. Tout autant d'informations qui témoignaient du voyage qu'il avait accompli durant ces dernières années. Aujourd'hui, il avait décidé de laisser cette partie de sa vie derrière lui.

Il traversa la pièce pour aller dans sa chambre où il rassembla l'indispensable de ses affaires. Il s'arrêta soudain devant le tiroir d'une petite commode en bois, dépourvue d'objets, et regarda ses poignets. Après une légère hésitation, il retira ses lames secrètes et les rangea délicatement dans le tiroir avant de le refermer du bout des doigts. Il garda ses mains sur le meuble, comme si le geste lui avait coûté. C'était en partie le cas, il avait fait parti de la Confrérie des Assassins pendant un temps, ces lames en étaient la preuve, le souvenir.

- Alors tu pars, demanda soudain une voix derrière lui.

Edward se retourna, surprit de voir Anne sur le seuil de la porte. Elle le dévisageait, perplexe.

- Oui, je pars pour Londres, je pense que ma mission ici est terminé, qu'il est temps pour moi de rentrer, répondit-il, impassible.

Anne pencha la tête sur la côté, haussant un sourcil, l'air peu convaincue.

- Et pour rentrer où exactement, ta femme n'est plus de ce monde Edward. Les gens que tu connais sont ici, avec toi, dans les Caraïbes. Tout ce que tu peux faire maintenant c'est refaire ta vie, recommencer ce que tu n'as pas réussi par le passé. Mais que tu le veuilles ou non, ce que tu as fait pour nous, pour les gens du pays, ça fait partie de toi, c'est ta nature. Et on ne change pas sa nature.

Edward pris son temps avant de répondre, Anne prenait très à cœur sa décision et elle n'avait pas tord sur tout en voulant le retenir.

- J'ai passé les six dernières années de ma vie à parcourir les mers, à tué des hommes sans jamais m'en soucier, pourtant quand je regarde autour de moi, je ne vois plus aucun de mes compagnons de routes. Je suis toujours le même malgré moi, je n'ai rien appris, je n'ai fait qu'agir.

- Tu as appris bien plus que cela ! Tu t'es découvert un don pour le maniement des armes, tu as appris à te fondre dans une foule pour ensuite t'infiltrer dans une cité tel un félin. Mais plus que tout, ce que tu as appris, c'est ce qu'est un véritable ami. Tu as appris à réfléchir à tes actes pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. La preuve en est que tu les regrettes parfois.