IV - Défaut de fabrication

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Le vibreur incessant de mon téléphone me réveille brusquement. Je ne sais pas quelle heure il est mais les rayons du soleil filtrent déjà à travers ma fenêtre. J'y vois légèrement flou, pas seulement parce que je viens de sortir de mon sommeil. J'ai l'impression que ma vue se fait la malle ces derniers temps. Je tends le bras pour attraper l'objet en question mais une force inconnue m'en empêche. Aedan, les bras enlacés autour de mon cou et les jambes serrant mon bassin. Un koala ?

-Putain, Aedan ! Arrêter de me coller deux minutes c'est impossible pour toi ? Je t'en supplie, fais l'impossible alors.

J'enlève de force ses membres autour de mon corps et décroche enfin mon portable caché sous un coussin avant que la sonnerie ne se termine. L'appel vient de Yanis. Qu'est-ce qu'il me veut ? J'ai à peine le temps de porter le mobile à mon oreille qu'il me hurle dessus. Si à cause de lui, mon ouïe baisse comme baisse ma vue, je jure de lui enfoncer la tête dans l'eau jusqu'à ce qu'il ne puisse plus respirer. Moi, rancunier ?

-Alexander, t'es où là ?

-Hein ? Je viens de me lever, pourquoi ?

-Dis, on est quel jour aujourd'hui ?

-Attends, euh... Mardi.

-Ok, est-ce que le mardi est un jour de week-end ?

-Non.

-Alors pourquoi à midi trente t'es toujours pas au lycée ? Quand t'es malade tu me préviens d'habitude... Ne me dis pas que t'as oublié qu'on avait cours.

-J'ai pas oublié les cours, j'ai oublié de me lever. C'est différent. Si j'ai envie je viendrai cet après-midi. Ça m'étonnerait. Et toi, dis-moi. Pourquoi tu voulais m'empêcher d'inviter Aedan hier ? Si c'était Luis, t'aurais rien dit.

-C'est parce que... J'en sais rien, je l'aime pas. Pour l'instant ça va mais un jour tu vas devenir complètement dépendant de ce qu'il te vend. J'ai pas envie que ça arrive, tu comprends non ?

-Laisse la drogue de côté et essaye plutôt de comprendre que c'est un ami. Si t'as peur qu'il te prenne ta place, t'inquiètes pas pour ça. T'as toujours été mon meilleur ami et tu le seras toujours. Enfin, je te laisse. J'ai des trucs à faire, je crois. Salut.

Je lui raccroche au nez. Je n'aime pas quand il se comporte comme ma mère, vraiment c'est agaçant. Je ne supporte pas les ordres, les reproches et tout ce qui tourne autour de ça. Même ma mère est plus cool que lui à ce niveau. Et puis, il est jaloux pour rien et peut devenir surprotecteur et très lourd, c'est également quelque chose qui m'énerve. Mais comme je lui ai dit, il a toujours été mon meilleur ami et il le sera toujours. Il arrive à m'accepter mes défauts qui sont plus que nombreux alors je dois faire de même pour lui. C'est vrai que des défauts, j'en ai beaucoup. Je suis vulgaire, chiant, complètement détaché de la réalité, associable au plus haut point, agressif, impulsif, anormalement froid et quand je suis énervé je serais capable de tuer n'importe qui sur mon passage. Mais les défauts ne sont pas forcément des choses à supprimer car ils font de nous la personne que nous sommes. Moi sans tout ça ce n'est pas vraiment moi, et de même pour Yanis, Aedan et tous les autres. Enfin, Freckled sans son côté trop collant j'avoue que ça m'arrangerai.

-C'était qui, Blanche Neige ?

-Yanis.

Je réponds d'une façon automatique à l'homme qui se trouve dans ma chambre sans vraiment lui prêter attention. Il a passé ses deux bras autour de mes épaules. Il me gonfle.

-Arrête de me toucher tout le temps, râles-je. Tu sais très bien que je n'aime pas ça.

-Je vais continuer alors.

Roulette Mortelle [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant