Épilogue - Alexander Harada

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XXIe siècle - date exacte inconnue - lieu inconnu

Il y a dix ans, nous avons détruit le système. Il y a dix ans, nous avons cessé de voir nos proches mourir chaque semaine. Nous avons cessé de vivre dans la peur. Nous avons fait ça. Il y a dix ans, nous sommes devenus libres.

Je m'appelle Alexander. Alexander Stokes. Vous vous souvenez de moi? Ha, oui, évidemment. J'ai vingt-huit ans, maintenant. Depuis maintenant dix ans, je sors avec mon adorable petit-ami d'également dix ans mon aîné, Aedan Harada. Je vis avec lui, dans une belle maison. Petite, mais pas délabrée, dans un quartier sans dealers et mafieux. Mes parents passent souvent nous voir. Depuis maintenant quatre ans, ils n'ont jamais cessé de me remercier pour ce que j'ai fait.
Aedan et moi, nous avons adopté des enfants. Quatre, en tout. C'est beaucoup, mais on s'y fait. Les jumeaux, Léon et Anastasia, ont cinq ans. Izaiah en a quinze, et Silène dix-sept. Je n'ai qu'onze ans de plus qu'elle. Ça peut paraître bizarre au début mais on s'entend bien, alors tout va bien.
Je suis policier. Je ne sais pas trop comment j'ai fini par m'orienter vers ce métier, mais il me convient. On rend service aux autres, alors ça me plaît.
Aedan est devenu vétérinaire. Travailler avec les animaux a toujours été son rêve. Alors voilà, il a réussi.
Yanis est illustrateur. Rien d'étonnant à ça, vu sa passion et son talent en la matière. Il vit en collocation avec Jesse. Enfin, collocation, c'est ce qu'ils disent. On sait tous très bien que c'est plus que ça, mais ils préfèrent le garder secret, même après quatre ans.
D'ailleurs, Jesse est batteur, maintenant. Il joue dans un groupe de métal. Ce groupe, c'est celui de Luis. Shad aussi en fait partie, en tant que bassiste. Ils se font connaître, tranquillement. Ils font des concerts, c'est bien.
Luis a toujours du mal à digérer les actes et l'emprisonnement d'An. Mais petit à petit, il accepte, il fait des efforts. Ça paye, il va bien mieux qu'avant.
Nell s'occupe ses enfants dans le milieu hospitalier. Elle sait faire preuve de gentillesse et possède une douceur sans pareille. C'était une vocation idéale pour elle.
Wade, avec une fidélité hallucinante, a continué de s'occuper du château, seul. C'est ce qu'avait demandé Lucius dans son testament, il ne voulait pas laisser sa demeure à l'abandon. Alors il a laissé son majordome y vivre. Certainement plus pour le protéger, d'ailleurs.

Je suis allé voir Lucius et Kayla, ce matin. Ils me manquent. J'ai déposé des fleurs sur leurs tombes, j'ai dit que je les aimais et je suis parti. Souvent, des souvenirs d'avec eux me reviennent. Lucius et son immense bravoure malgrès son âge, son language si soutenu qui lui allait si bien, son corps d'une fragilité considéable et son sérieux qu'il savait garder en toute circonstance. Kayla, ses émotions débordantes, son dévouement aux autres et son magnifique sourire que j'ai aimé admirer pendant de longues minutes. Maintenant, tout est fini. Mais je ne pleure plus, je vis avec. Je vis pour eux, pour ce qu'il n'ont pas eu le temps de faire.

Je m'assois sur le canapé, à côté d'Aedan. Il fait un peu la moue.

-Qu'est-ce qui se passe? je lui demande.

-Izaiah m'a encore ignoré. J'arrive pas à comprendre pourquoi il est comme ça.

-Laisse-le, ça lui passera.

-Menteur. Il fait ça depuis qu'il est petit, il changera jamais.

-Tu crois ?

Il attrape mon poignet et m'allonge sur le matelas.

-Arrête, Aedan. On est pas seuls.

-Je ferais rien, m'assure-t-il. On est pas seuls.

J'enfonce ma main dans la poche de mon jean.

-Tu sais, tu me parles tout le temps de la même chose depuis plusieurs années, dis-je. Tu me soûles mais...

-De quoi tu parles?

-Tu voudrais pas qu'on se marie? je lui demande en passant l'anneau métallique à son annulaire.

Il reste bouche-bée de longues secondes avant de me retomber lourdement dessus.

-Carrément ! Je pensais pas que tu me demanderais ça un jour, c'est énorme...

-C'est bon, n'en rajoute pas...

-Pourquoi? C'est normal que ça m'étonne, quand même. Mais tu sais quoi? Je suis super heureux, là, maintenant. Merci, Alex.

-Arrête, c'est gênant. Toujours autant, même après dix putains d'années, tais-toi.

Il sourit et retire mes lunettes avant de m'embrasser pendant un long moment. Pour moi, tout est bien qui finit bien, comme dans un compte de fées. Les autres n'ont pas tous eu cette chance, alors je sais que je dois m'estimer tellement heureux d'en être arrivé là aujourd'hui. C'est ce que je fais, sans problèmes.

Un an, dix ans on bien vingt ans, ce n'est plus la roulette qui décidera. Mais on ne sait jamais combien de temps cette vie douce et agréable durera encore.

Roulette Mortelle [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant