Observée : une journée gâchée

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Observée : une journée gâchée

J’avais mal partout, mon dos me faisait souffrir le martyre et mes mains avaient pris la couleur du sang à cause du frottement continu contre le tuyau d’aération. Lorsque j’aperçus enfin de la lumière tout au bout, je repris espoir, retenant un soupir de soulagement. Mes mains meurtries s’accrochèrent à la grille de sortie et je réussis tant bien que mal à dégager un passage assez grand pour y passer la tête. Tout en priant pour qu’il n’y ait pas cadenas comme à l’entrée j’attendis un peu, le temps de laisser à mes yeux le temps de s’accommoder à la lumière vive. Il faisait déjà jour… 

Ma joie redoubla quand je m’aperçus qu’un simple loquet fermait la grille, je mis une main dans l’espace que je venais de créer et parvins ainsi à l’ouvrir complètement.

Je sortis au dehors et observais un instant avec émerveillement le ciel bleu sans nuages qui s’étendait au-dessus de moi.

- C’est pas possible, j’ai passé toute la nuit dans ce truc ! réalisais-je, mon sourire s’effaçant.

Je me souvins que je devais être actuellement la fille la plus recherchée de Paris et rasais les murs jusqu’au coin de la rue où le tuyau d’aération débouchait, ne me préoccupant pas de mon apparence qui, après des heures passées dans des tuyaux qui n’en finissaient plus, laissait vraiment à désirer. Je ne pus m’empêcher de me demander comment aurait réagi ma patronne si j’avais débarqué dans son café crottée comme je l’étais.

Une fois parvenue à ma voiture que je n’utilisais guère et qui avait essuyé la colère des casseurs qui venaient parfois se balader dans les rues la nuit (inutile de préciser que j’avais dû parcourir tout le chemin jusqu’à mon appartement à pieds pour la retrouver), je m’y engouffrais en gardant les yeux rivés au sol, détournant la tête lorsqu’après plusieurs heures passées dans les bouchons, le CaféParadise apparut sur un côté de la route, semblant me narguer...

Je ne remarquais pas l’homme vêtu de noir, adossé au bâtiment, qui me dévisageait, un effrayant sourire plaqué sur les lèvres.

Les Observateurs : L'initiationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant