L'écurie : accident

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Les jours passaient et je n’avais toujours pas de nouvelles de Tony, il n’avait pas réapparut depuis l’incident survenu avec mon père. Celui-ci ne se montrait pas non plus, il se retranchait dans sa chambre et ne descendait que pour manger, alors il ne prononçait aucun mot même quand ma mère s’efforçait d’engager la conversation.

Un soir, je nourrissais les vaches lorsque j'aperçus mon voisin qui venait vers moi.

- Tony ! m’écriais-je, ravie de le revoir. Je me retins de le prendre dans mes bras pensant qu’il pourrait mal interpréter ce geste. Où étais-tu passé ? lui demandais-je, encore fâchée contre lui.

- J’ai réfléchis, l’autre fois…

- Ce n’était pas ta faute ! le coupais-je, je suis désolée qui tu ais subi cela, je ne sais pas ce qu’il lui a pris !

Je m’aperçus que Tony ne me quittait pas des yeux.

- Quoi ? !

- Tu es…ravissante ! rétorqua-t-il en réprimant un sourire.

Très embarrassée, je baissais la tête sur mes vêtements pleins de boue, c’est vrai que je n’étais pas très…présentable.  S’apercevant de ma gêne, le jeune homme s’empressa de s’écrier : non je ne voulais pas…c’est juste que c’est fascinant…je n’ai jamais vu personne…tu aimes les animaux ? hésita-t-il. Il semblait réellement stupéfait.

Etonnée, je répliquais avec un sourire : tu dois être habitué à la ville ! On n’a pas tellement besoin d’aimer les animaux dans une ferme, il nous suffit de leur donner à manger et de ne pas trop s’attacher mais oui, j’aime leur compagnie, lorsque j’étais enfant…j’hésitais à poursuivre, après tout je ne le connaissais pas depuis si longtemps que ça, il y avait toujours une partie de lui qui m’intriguait, je le soupçonnais de cacher des secrets…tout le monde a ses secrets c’est vrai mais ce mystère m’attirait et m’inquiétait en même temps.

- Continue ! m’encouragea-t-il.

- Lorsque j’étais petite me lançais-je, j’adorais passer des heures à courir dans les prés, je rêvais d’aventures, j’admirais les oiseaux volant dans le ciel, j’enviais leur liberté…aujourd’hui…je baissais la tête. J’ai vu des hommes tirer sur ces oiseaux, je me suis rendu compte que ces aventures qui je voulais vivre autrefois étaient en réalité dangereuses et terribles…

- Tu as grandi ! soupira Tony.

- C’est ça ! confirmais-je en plongeant mes yeux dans les siens. Un frisson me parcourut de la tête aux pieds, il semblait tellement me comprendre.

- Pardonne-moi de t’avoir dérangé, je te laisse continuer ton travail s’excusa-t-il en faisant mine de partir.

- Attends ! le retins-je, tu ne veux pas m’aider ? proposais-je en lui lançant un regard encourageant.

Intrigué, il s’approcha.

- Je n’ai jamais…débuta-t-il, honteux.

- Ce n’est pas grave, c’est très facile tu verras, il suffit de verser tous ces sceaux de nourriture dans les mangeoires et surtout de ne pas se tromper d’animal, un jour j’ai donné aux poules la nourriture des vaches et crois-moi…elles n’ont pas apprécié !

Tony éclata de rire avec moi, incertain, il prit les sceaux un à un et m’aida à déverser leurs contenus dans les mangeoires. Tu peux les toucher si tu veux ! Remarquant son air effaré, je m’emparais de sa main en riant. Elle était glacée ! remarquais-je en frissonnant. Comme s’il avait remarqué ma réaction, Tony leva les yeux vers moi, l'air interrogateur.

Je détournais la tête et posais sa main sur la tête d’une vache qui ne prêta aucune attention à nous, trop occupée à manger qu’elle était.

Nous poursuivîmes notre chemin jusqu’au hangar où trois chevaux attendaient avec impatience. Ce n’était pas une véritable écurie mais, je devais reconnaître que mon père avait su rendre le lieu accueillant, du foin jonchait le sol çà et là.

Sans hésitation, je m’approchais de la bête la plus imposante, une jument aussi noire que la nuit qui observait Tony d’un œil inquisiteur, l’intelligence brillait dans son regard.

- Voici Suie ! la présentais-je et elle c’est Princesse, je désignais une jument à la robe baie, elle baissait la tête d’un air triste. Personne ne peut la monter malheureusement, on ne dirait pas comme ça mais c’est une vraie tête de mule ! lui appris-je en m’approchant d’elle pour la caresser. Alors que ma main frôlait sa tête, elle montra les dents, faisant mine de me mordre. Chut, calme toi ma belle ! l’apaisais-je.

- Et celui-là ? s’enquit Tony en montrant le cheval brun que je n’avais pas présenté.

- Oh ! C’est Marron, une fois que tu l’as monté, il est à jamais ton ami ! répondis-je en me dirigeant vers lui pour le caresser, contrairement à la jument, il se laissa faire et en redemanda lorsque je retirais ma main.

- Lequel est le tien ? demanda le jeune homme, me fixant d’un regard inquisiteur.

Je me tortillais, gênée par l’attention qu’il me portait.

- C’est Suie ! La meilleure jument du pays ! plaisantais-je. L’animal releva la tête en piaffant, comme s’il savait que je me moquais de lui.

- Tu sembles beaucoup aimer cet endroit…Je ne pris pas la peine de confirmer, c’était évident que je me plaisais dans cette ferme. Pourquoi alors en es-tu partie ?

- Et bien…hésitais-je, il y a trop de souvenirs ici, je ne sais pas…peut-être que…j’avais peur…

- Peur ? De quoi ? reprit Tony.

Je ne répondis pas. J’aimais ce lieu mais…c’était comme si une force inconnue me poussait à m’en éloigner le plus possible, peut-être que j’avais peur de découvrir ce qui c’était passé lorsque j’étais enfant, l’identité de cet homme au regard terrifiant que je revoyais chaque nuit dans mes cauchemars et qui m’appelait pour que je me joigne à lui ?

- Ça va ? s’inquiéta Tony.

- Oui super me repris-je. J’ouvris la barrière qui séparait Suie de la liberté et sortit une pomme de ma poche que je lui offris. Joyeuse, elle allait s’en emparer lorsque son regard se posa sur Tony qui s’était légèrement approché de la barrière. La jument commença à s’affoler.

- Que se passe-t-il ? s’écria le jeune homme. Ne comprenant pas pourquoi Suie, d’habitude très calme, se mettait dans des états pareils, je ne répondis pas.

Voyant que Tony avait les yeux posés sur moi, désemparée, je m’apprêtais à lui crier de reculer lorsqu’un coup de sabot me coupa le souffle. Je cherchais l’air, en vain…La dernière chose que je sentis fut les bras puissants de mon ami, qui serraient ma taille alors qu’il me traînait hors du box de Suie, puis je perdis connaissance. 

Les Observateurs : L'initiationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant