Radvik : Rencontre avec un démon

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Radvik : Rencontre avec un démon

Ian fut si surpris lorsqu’ils entrèrent, la force de leurs pouvoirs conjugués fracassant la porte, qu’il n’eut pas le temps de se défendre.

Deux personnages imposants s’avancèrent vers lui, il reconnut le Grand Patron des Observateurs par sa démarche même si un masque élégant, digne de ceux qu’arborent les aristocrates à un bal l’empêchait de voir ses traits, l’autre avait aussi le visage masqué, mais par une capuche noire trempée de pluie.

- Tu nous as trahis et tu paieras le prix fort ! cracha Radvik en s’avançant vers lui.

Ian tenta de le repousser par la force de l’Air qu’il maîtrisait à la perfection mais une magie d’une intensité incomparable l’en empêcha. Cette même magie le cloua au sol, il tenta de se débattre mais cela ne fit que renforcer l’emprise que le chef de la Confrérie avait sur lui.

Le fondateur de la Confrérie des Immortels, premier Observateur, s’agenouilla à ses côtés, sortant une dague effilée d’un geste fluide et rapide, il la plaça en travers de sa gorge, son regard diabolique le foudroyant.

- Il suffit mon cher ! dit-il à l’homme qui l’accompagnait, je n’ai plus besoin de vos services ! L’ordre de son chef fit reculer l’homme masqué qui s’inclina respectueusement, puis il quitta la pièce, son long manteau noir balayant le sol.

Radvik  s’avança noblement vers l’Observateur ahuri. Sa magie releva brutalement Ian et le colla à une des parois de la grande pièce.

- Je ne vous ferais aucun mal, je veux juste que vous serviez d’appât ! s’écria joyeusement une voix aussi dure que le roc.

- Radvik...espèce de…! siffla Ian ce qui lui valut d’être propulsé avec rage aux pieds de l’homme.

- On dit Seigneur Radvik quand on s’adresse à moi ! A croire que le respect s’est perdu de nos jours ! fulmina t-il en le regardant de haut.

- Je vois que tu es encore plus fou que tu ne l’étais, les années ne t’ont pas arrangé ! reprit Ian sans tenir compte de ses paroles.

Furieux, Radvik le prit brutalement par les cheveux, le soulevant de terre par la seule force d’un bras : la ferme ! lui hurla t-il à la figure. Tu n’es rien du tout petit ! Tu es une honte pour la Confrérie, un minuscule Observateur que l’on écrase sous sa botte ! s’amusa t-il, prenant plaisir à voir les jambes de Ian pendre dans le vide comme un pantin désarticulé.

- Tu ne convertiras jamais Sophie à ta cause Radvik ! Elle te tuera avant même que tu ne…

Le Chef des Observateurs laissa échapper un rire moqueur, resserrant sa poigne. Du sang ne tarda pas à couler sur le front du jeune homme qui retint un hurlement de douleur.

- Je doute que cette gamine ait la puissance de s’opposer à moi. Si elle le fait, elle regrettera amèrement son geste mais je ne pense pas qu’elle ait le courage de me faire du mal de toute manière ! lui assura t-il.

- Pourquoi ? questionna Ian, levant son visage torturé vers l’homme diabolique.

- Parce que nous nous sommes déjà rencontrés mon ami...murmura-t-il en soulevant son masque d'une main.

- Non…c’est impossible ! s’étrangla Ian. Comment ? Comment ? Il n’arrivait pas à trouver les mots tant le visage de Radvik le surprenait ! Sorcellerie ! hurla Ian en tentant de griffer l’Observateur.

Car le visage qu’il avait devant lui, le visage de son pire ennemi, celui de Radvik, Observateur de premier ordre, créateur de la Confrérie des Immortels et chef de toutes les autres, l’homme qu’il haïssait plus que tout, celui qui n’inspirait que terreur aux humains et qui n’hésitait pas à se débarrasser de ses semblables lorsqu’ils se montraient trop faibles à son goût…c’était la copie conforme du sien ! Il se trouvait devant son double parfait ! A l’exception de la fine cicatrice qui apparaissait derrière sa mèche noire.

- Ce n’est pas vrai ! Vous m’avez volé mon…vous…Ian ne savait pas quoi dire de plus tant il était choqué.

- Tu te demandes pourquoi ta femme et ton enfant ont eu ce malheureux accident ? Tu te demandes pourquoi tu as été choisi ? Tu as ta réponse ! C’est parce que tu me ressembles, la Confrérie, ma Confrérie jugea-t-il bon de préciser, a pensé que tu ferais un parfait sosie, c’est toujours utile en temps de guerre !

- Voilà pourquoi le père de Sophie semblait si mal disposé à mon égard !

- Non ! Voilà pourquoi il t’a tendu un piège en vous envoyant tout droit dans la gueule du loup, toi et ton "amie" ! corrigea Radvik.

Ian fut déstabilisé de voir son « propre sourire » sur les traits du chef des Observateurs. Il se rappela alors que son supérieur avait perçé leur plan à jour, il avait su qu’il mentait, c’était la raison pour laquelle Debye se trouvait là ! Le vieux les avait trahis ! Mais pourquoi ? 

- Comment a-t-il osé faire ça à sa propre fille ? gronda Ian.

- Peut-être parce que mes hommes ont été convainquant ? supposa Radvik. Ou alors...il réfléchit un moment avant de reprendre, ou alors parce que ce n'est pas vraiment sa fille ? 

- Que voulez-vous dire ? Sophie ne se laissera pas berner si facilement ! assura Ian en grinçant des dents, manquant tourner de l’œil, le sang continuait de se répandre sur son visage et  sa vue faiblissait.

- Elle ne se doute de rien...Je l'attends depuis si longtemps...Elle ignore que son père est a toujours été beaucoup proche d'elle mais en même temps, plus éloigné qu'elle le pense...Je l’accueillerais parmi mes troupes dès qu’elle aura accompli le serment qui la liera à la Confrérie pour toujours. Ensuite, elle te verra mourir puis, si elle se rebelle, te rejoindra aux Enfers ! assena-t-il en le relâchant.

Effondré, l’Observateur se laissa traîner par deux membres de la Confrérie qui venait d’apparaître dans un éclair dans la pièce. Ceux-ci le prirent par les épaules et l’emmenèrent avec eux.

- Au fait j’oubliais ! Debye veut te voir, elle avait l’air très en colère et je lui ai promis qu’elle pourrait jouer un peu avec toi avant ton exécution alors ne crois pas te la couler douce dans une bonne petite cellule en attendant que cette gamine vienne te sauver ! prévint Radvik dans son dos.

La vision obscurcit par le sang et les larmes, Ian s’apprêta à être en face de ce qu’il craignait le plus au monde après Radvik et son Patron : la colère d’une femme amoureuse !

Décidément pensa t-il, cela ne pouvait pas être pire….Il se trompait…

- Sophie, si seulement tu survis, fais le bon choix…supplia-t-il. Il cria comme les gardes lui tiraient brutalement les épaules, soustrayant Radvik à sa vue.

Les Observateurs : L'initiationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant