La pitié même pour les meurtriers

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La pitié même pour les meurtriers

Quelqu’un n’arrêtait pas de le frapper, sa tête le lançait, il ne sentait plus ses membres engourdis. Il grogna. L’esprit embrumé c’est à peine s’il entendit la voix qui lui hurlait aux oreilles : réveilles-toi pauvre idiot ! Il faut que tu partes tout de suite ou on aura de gros ennuis tous les deux !

S’apercevant que Ian ne réagissait pas, Debye le secoua brutalement.

- Allez ! hurla-t-elle encore en continuant de le secouer comme un prunier.

Il ouvrit enfin les yeux en soupirant, quand son regard se posa sur elle il eut un geste de recul qui n’échappa pas à l’Observatrice.

- Qu’est ce que…

Debye désigna avec impatience le poignard qui était piqué dans le mur à l’endroit précis où Ian se tenait quelques minutes auparavant, quoique quelques centimètres plus à gauche.

- Tu m’as tué ! hurla le jeune homme en baissant les yeux sur sa chemise trempée de sang.

- Bien sûr que non sinon tu ne serais pas en train de dire des bêtises bougre d’imbécile ! jura Debye, allez bouge-toi ! grinça-t-elle en lui tendant une main pour qu’il se relève.

- Mais…débuta-t-il en se redressant, complètement perdu.

- Il n’a jamais été dans mon intention de te faire du mal ! avoua enfin la jeune femme.

- Alors pourquoi… ? hésita l’Observateur, décontenancé.

- Tu sais quand tu m’as assommé…je me suis rendue compte que tu avais raison, pour tout ! C’était injuste de t’en vouloir parce que tu en aime une autre. Mais c’est vrai, j’étais peut-être un peu jalouse de cette fille, elle a une famille, une force que je n’aurais jamais et surtout, elle t’a toi ! confia-t-elle en baissant la tête, honteuse.

- J’ai toujours espéré que tu sois quelqu’un de bien Debye, les épreuves de ton passé t’ont endurcies et je pense que je me serais effondré à ta place, la jeune femme que j’ai connue et apprécié autrefois n’a pas complètement disparue en fin de compte ! réalisa-t-il.

- N’en soit pas si certain ! le détrompa-t-elle en faisant son possible pour ne pas sourire.

- C’est toi qui m’as soigné ? l’interrogea-t-il soudain en remarquant qu’il allait de mieux en mieux et que la douleur était en train de disparaître.

- J’ai utilisé un petit truc de guérison rapide mais il je te conseille d’aller à l’hôpital ! répondit-elle. Il acquiesça même s’il n’en avait pas du tout l’intention et encore moins le temps.

- La guérison est un talent utile que tu possèdes, que tu le veuilles ou non Debye, tu es faite pour aider les gens, mais je ne comprends pas, Radvik…

- Radvik n’a rien avoir celle que je suis devenue, j’ai grandis et ma colère envers les autres, en particulier les humains, (tu sais pourquoi), a forcit sauf…contre toi, en fait ! s’amusa-t-elle en le contemplant, mais il faut croire que nos destins devaient se séparer un jour. Tu sais, quand toi et cette fille étaient prisonniers de mon illusion, et encore avant cela, même si j’ai toujours refusé de l’admettre…je crois que j’avais compris depuis toujours pour quoi tu te battais. L’autre jour dans le champ, j’ai mentis, tu es l’Observateur le plus talentueux qu’il m’ait été donné de rencontrer.

Une larme roula sur sa joue et elle l’essuya avec énervement, furieuse que ses sentiments soient aussi flagrants. Sa détresse émue profondément Ian, après tout cette femme venait de risquer sa vie pour le sauver malgré tout ce qui les opposait !

Debye acheva alors : je ne t’aiderai pas dans ta quête car ma fierté et Radvik me l’interdisent mais je ne m’interposerais pas non plus. Que la magie soit avec toi ! murmura-t-elle en s’apprêtant à tourner les talons.

Ian l’empêcha de partir, la retenant par le bras, il la força à se retourner vers lui : je te jure que tu as bon cœur tenta t-il de la persuader, tu as juste eu une existence difficile, n’oublie jamais ça, ce n’est pas pour rien que tu as un don pour la guérison, tu peux accomplir de grandes choses Debye ! assura-t-il en lui collant un baiser sur le front.

- Je t’aide seulement parce que je veux respecter notre serment, tu m’as aidé il y bien longtemps, à présent c’était à moi de te sauver ! renchérit-elle froidement.

Ian se fendit d’un sourire amusé, elle n’acceptera donc jamais de reconnaître qu’elle n’est pas si méchante que ça ! pensa t-il.

- Je…hésita l’Observatrice, je n’oublierais pas tes paroles, elle jeta un regard sur son poignard, resté là, fiché dans le mur et il sembla à Ian qu’elle lui adressait un clin d’œil rapide, elle se détourna alors et disparue au détour d’un couloir.

- Merci…Debye…chuchota Ian en se hâtant de quitter cette pièce, avant cela pourtant, il marcha jusqu’au mur et retira le poignard que l'Observatrice y avait planté et qu’elle avait laissé là. Il caressa son manche incrusté de pierreries et le fourra dans sa poche. Il se pouvait qu’il lui serve…

Les Observateurs : L'initiationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant