Dans le passé d'une Observatrice

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Dans le passé d'une Observatrice

- Où nous as-tu transportés ? m’écriais-je aussitôt en parcourant les environs du regard.

Nous étions dans un salon blanc, une table ronde, marquée de griffures trônait en plein milieu de la pièce. Un canapé rouge s’étendait devant, faisant face à une télévision usée, une petite fille y était assoupie.

- J’espère que tu ne t’es pas endormie ! s’exclama une voix autoritaire provenant d’une pièce adjacente qui nous fit sursauter.

Nous remarquâmes avec angoisse que la gamine était sur le point d’ouvrir les yeux.

- Vite ! murmura Ian en m’entraînant derrière un mur, nous aperçûmes un placard en bois qui se trouvait juste à côté et nous y engouffrâmes sans attendre.

- Je n’ai jamais vu cet endroit, c’est impossible d’avoir atterrit ici sans la volonté de quelqu’un possédant une magie très puissante, une personne très compétente et un Observateur de surcroît, si tu veux mon avis ! chuchota Ian.

Je haussais les épaules.

- C’est toi l’expert ! Tu vas nous sortir de là vite fait n’est-ce pas ? ! protestais-je en repoussant Ian qui s’était un peu trop collé à moi à mon goût.

- Moi ! Un expert, tu parles ! Tu peux me dire comment tu t’es débarrassée des ténèbres invoqués par  Debye tout à l’heure ? s’énerva t-il.

- Chut ! lui intimais-je aussitôt, essayant de voir à travers les planches disjointes du placard.

- Regardez-moi ça ! Ne t’ai-je pas répéter maintes fois de cesser de regarder cette télévision pourrie ! nous parvint la voix de tout à l’heure.

- Mais maman…commença la fillette d’une toute petite voix.

- Je vois aussi que tu es encore en train de regarder cette émission stupide ! Eteints moi ça tout de suite !

- Mais maman je…

- Me suis-je bien fait comprendre ! renchérit sa mère sans lui laisser le temps de répondre, je tiens à ce que tout soit parfait pour SON arrivée tu m’entends ? Ces invités sont d’une très grande importance et je veux que tu sois présentable ! D’ailleurs où as-tu dénichée cette robe de mendiante…murmura-t-elle pour elle-même.

- Je suis désolée maman, je voulais juste….

- Cela suffit ! la coupa la femme avec une méchanceté à peine voilée,  Radvik lui-même sera présent, tu le sais et…

- Radvik ?! lâchais-je un peu trop fort avant que Ian n’ait pu intervenir pour me faire taire.

Nous aperçûmes soudain avec effroi une immense femme rousse aux cheveux bouclés à l’air revêche qui s’approchait de notre cachette.

- Qu’est ce que… ? débuta-t-elle en s’apprêtant à ouvrir le meuble dans lequel nous nous cachions.

Elle s’immobilisa à quelques mètres de nous, bloquant la lumière qui filtrait à travers les portes du placard, nous plongeant dans le noir total. Tout ce que nous pouvions distinguer était le pantalon blanc de la femme. Alors, elle posa délicatement ses mains sur les battants, tendant l’oreille…J’avais l’impression qu’elle pouvait entendre notre respiration… Immobiles, nous attendions le moment où elle nous découvrirait, ce qui ne tarderait pas cela ne faisait aucun doute. Qu’adviendrait-il de nous ? Aurions-nous le temps de nous échapper grâce à la magie de Ian ? Qu’elle serait alors la réaction de la femme ? Nous poursuivrait-elle ?

Nous attendîmes, terrifiés, jusqu’à ce qu’un fracas épouvantable retentisse en direction du salon, la femme se détourna brusquement de notre cachette et s’éloigna rapidement avec force jurons pendant que nous soupirions de soulagement.

- Va dans ta chambre ! Regarde ce que tu as fait, c’était le vase de ma grand-mère, fille indigne ! Monte vite avant que je ne te le fasse regretter à grand coups de balais ! s’égosilla la femme. Debye ! Tu as compris ce que je viens de dire ne me force pas à le répéter ! cria-t-elle encore.

Nous échangeâmes un regard surpris.

- Debye ! J'aurais dû m'en douter…me souffla Ian.

- Tu sais ce que je crois ? questionnais-je.

- Nous avons « atterris » je ne sais comment dans le passé de Debye et, sans le savoir, elle vient de sauver ses pires ennemis d'une mort certaine ! répondit l’Observateur.

Je crois au contraire qu’elle en a parfaitement conscience malheureusement…songeais-je sans pour autant lui confier mes soupçons.

Les Observateurs : L'initiationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant