Ces petits étaient bourrés d'énergie et la présence de leur mère qui leur manquait en ajouta à leur fou rire. Suzie eût droit à un après-midi sans pareil en faisant une virée presque sans destination avec ses amours: ils passèrent entre autres, un moment à la place Saint-Pierre, à la place Boyer, s'offrir des bonbons à eagle market qu'ils ne cessèrent de réclamer depuis leur départ pour enfin se décider à rentrer. Ce qu'ils n'auraient pas fait si Suzie s'était laissée attendrie par leurs pleurnicheries sans fin.
_ Assieds-toi, Prisca. Et toi Steeve, tu laisses en paix ce sifflet, ça me casse les oreilles.
Prisca obéit à sa mère, se laissa choir au fond du siège arrière de la voiture et arracha un des bonbons de son frère qu'elle se pressa de bourrer au fond de sa bouche. Rien de mieux pour que Steeve se décida de lâcher enfin son sifflet pour se jeter sur sa petite soeur qui cacha son visage sous le coussin. Ne pouvant récupérer son bonbon, Steeve tira sur l'une des tresses de Prisca qui n'eut d'autres réflexes que de lui mordre le bras. Suzie qui se plaignait des sifflements de Steeve, se trouva pieds et poings liés à supporter maintenant leurs longs cris perçants.
_ Je vous préviens, si vous ne vous tenez pas comme il se doit, vous pouvez dire adieu à votre gâteau, menaça Suzie les yeux ne quittant pas la route
Au ton de leur mère, ils comprirent qu'ils ne pouvaient persister et se separèrent à contrecœur._ Elle m'a pris un bonbon, bouda Steeve.
_ Rien à faire, tu te contentes de ce qui te reste et tais-toi.
_ Chiche, lança Prisca à Steeve qui s'éloigna d'elle en allant se coller à la portière.
_ Tous les deux, précisa Suzie. Vous vous taisez tous les deux, le premier qui se montre indésirable sera privé de gâteau.
_ De chips aussi maman? demanda Prisca.
_ Également, répondit Suzie.
_ Le gâteau est au chocolat? continua Steeve pour sa part.
_ Il est comme vous le voulez.
_ Je ne veux pas de gâteau au chocolat, moi.
_ Et tu veux quoi? s'étonna Suzie. Tu adores le gâteau au chocolat.
_ J'en veux moi, renchérit Prisca.
_ Pas moi, continua de bouder Steeve qui en voulait à sa soeur parce qu'elle lui priva de son bonbon.
_ Il y en aura plus pour moi, alors. Tant pis pour toi.
_ Maman!
_ Vous avez bientôt fini? J'ai dit pas un mot jusqu'à l'arrivée.
_ Et si j'ai envie de faire pipi, je fais comment maman? demanda Prisca qui trouvait toujours quelque chose à ajouter.
_ Seigneur! soupira Suzie qui comprit que son trajet se fera certe, mais sans silence. Elle se contenta de conduire et de répondre du mieux qu'elle pouvait à leur question, au moins ils finirent par rester en place le temps d'arriver à la maison.Puisqu'elle serait présente, Suzie décida de garder avec elle, ses enfants qui une fois rentrés, ne tardèrent pas à s'endormir. Et Suzie en profita pour rendre une petite visite à Tania qu'elle prévint de leur absence pour la soirée, elle n'aura qu'à passer les récupérer après l'école qui ne restait qu'une semaine avant de fermer ses portes pour les grandes vacances. Pas plus de dix minutes, Suzie regagna sa demeure et laissa Tania qui eut le calme nécessaire pour se remettre au travail.
Elle ne put s'y mettre plus tôt, car sa dispute avec Eddie fut plus violente que cela pouvait se l'annoncer. L'une et l'autre frappa là où cela sut faire mal et Eddie rentra dans une colère noire lorsque Tania lui parla ouvertement de sa vie qu'elle compara à celle d'une pute; elle se retint pour ne pas lui mettre son poing dans la figure et Tania aussi hors d'elle-même qu'Eddie sur le coup, put le voir se traduire en actes lorsque cette dernière saisit son sac à main et tourna les talons. La barrière se fermer avec fracas, puis les gricements de pneus la fit savoir que son amie était bel et bien partie alors que toutes les deux venaient de s'injurier comme jamais.
*
* *_ Pour une première, c'en est une. N'empêche que cela ne me surprend pas venant d'Eddie, par contre que tu lui aies tenu tête, ça oui. Je suis surpris.
Junior s'enfonça dans son fauteuil qu'il entraîna dans un aller venir incessant de droite à gauche, sans perdre de vue Tania qui lui parlait depuis une bonne quinzaine de minutes. Trois plis prirent forme entre ses sourcils pour disparaître la seconde d'après comme à chaque fois où ses réflexions se firent de courte durée; il joignit ses mains et prit une pause d'environ dix secondes avant de poursuivre avec ses idées, son petit sourire au coin des lèvres était la preuve qu'il était particulièrement de bonne humeur et Tania savait qu'entre les innombrables raisons qu'il pouvait avoir de l'être, elle s'y trouvait.
_ J'avoue que je suis curieux de savoir ce que tu comptes faire maintenant. Si tu as trouvé le courage de commencer, c'est sûr que tu ne vas pas t'arrêter là hein!
_ J'imagine que tu penses à ce que j'aille me jeter dans ses bras et que je lui déclare ma flamme, dit Tania sous un ton théâtral. Que lui, me dise qu'il est fou de moi et ouais, dans tes rêves mon beau.
_ Côté fou de toi, toute personne pas bête de cette entreprise le sait Tania. Mais bon, ce n'est pas moi qui vais me plaindre après; je souhaiterais juste que tu vives quelque chose d'aussi fort que ce que je vis avec Rachel. Des fois je me demande si réellement tu l'aimes cet homme, et si c'est le cas, j'ai bien dit si, il en a de la chance.Sans laisser le temps à celle-ci d'en rajouter, il lui tendit la main.
_ Maintenant donne-moi ce compte rendu qui a tant tardé à venir, mademoiselle.
_ Il m'a valu un sang d'encre, je te dis pas. De plus, j'ai pas mal de retard.
_ C'est ainsi lorsqu'on choisit de jouer à la maman.
_ Ils sont adorables, mais tout aussi épuisant. Déjà, je suis obligée de faire des heures supplémentaires aujourd'hui parce qu'Arthur part demain pour la Floride, je suis dans l'obligation de tout finir avant son départ; heureusement que tante Nicole aie accepté de voler à mon secours pour garder les petits ce soir.
_ Et Arthur part pour combien de temps?
_ Rien qu'un jour, selon ce qu'il m'a dit. Il y va pour une réunion.
_ Bien! Je ne te retiens pas d'avantage alors.
_ On se voit au déjeuner? demanda Tania qui était déjà sur le pas de la porte, prête à partir.
_ Non, je déjeune avec Rachel.
_ D'accord. Passe-lui le bonjour de ma part.Elle lui lança un sourire qu'il lui rendit bien et se retira pour laisser place à un collègue qui pénétra tout de suite après dans le bureau de Junior. Tania se rendit directement à son bureau où elle ne put rester comme elle le voulait, car le départ d'Arthur devant avoir lieu le lendemain la secoua plus que d'ordinaire; étant sa secrétaire, elle se trouva dans l'obligation de tout planifier comme il se devait.
Sa journée lui parut bien plus longue que d'habitude. Pendant ce temps, couchée dans les bras de Sandro, cet homme avec qui elle fit la fête durant toute la soirée, après le bal auquel elle invita son amie qui choisit de lui faire un sermon au lieu d'accepter, Eddie se prélassait.
Elle était troublée tout au fond parce que quand même, elle se dit que Tania n'avait pas totalement tort. Néanmoins, elle ne pouvait s'empêcher de faire ainsi surtout quand à chaque fois elle sentait ce besoin de faire de nouvelles conquêtes et que dire quand au moment où elle voudrait donner raison à cette dernière, elle venait de passer la plus belle nuit de sa vie. Ce mélange de colère, de contrariété, de rage qu'elle avait en elle en sortant de chez Tania la poussa dans le lit de cet homme que sa cousine lui avait déjà signalé la présence et le résultat fut plus que satisfaisant.Ils se rencontrèrent il y a un peu plus d'un mois, lors de l'ouverture d'un club. Mais le destin voulut qu'ils eurent en commun Dahanna, la cousine d'Eddie comme amie et qu'ils se revirent ce soir-là au moment même où elle eut besoin de sentir l'inconnu au fond d'elle-même. Un inconnu qui leur poussa à se faire des déclarations auxquelles ni l'un, ni l'autre n'aurait cru.
Cependant, la sonnerie du portable de Sandro les ramena à la réalité. Ce dernier se détacha d'Eddie, se leva du lit pour répondre au téléphone qui était posé sur une chaise près de la porte de la chambre dans laquelle ils se trouvaient.
_ Allô!
_ Où est-ce que t'es? Tu as oublié notre rendez-vous?
_ Mélissa, soupira-t-il entre les dents en passant une main dans ses cheveux.
_ Où est-ce que t'es? répéta-t-elle énervée.
_ J'arrive. Ne bouge pas.Il raccrocha et se retourna vers Eddie qui comprit qu'il devait partir, mais ne savait pas que cet homme venait de parler à une femme, sa femme depuis quatre ans et mère de son garçon de deux ans.
_ Tu m'appelles? demanda Eddie.
_ Bien sûr que je le ferai, le rassura Sandro qui avait fini de se préparer.
_ Je t'aime, ajouta-t-il en déposant un baiser sur ses lèvres.
Eddie sourit de joie et le regarda partir sans se méfier de rien.
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Fallait le dire
RomanceAmoureuse de son patron, Tania, par son caractère, n'eut jamais le courage d'accepter les quelconques avances de ce dernier qui n'était guère indifférent à son égard voire oser lui avouer ses sentiments. Toutefois, elle se retrouva prise entre l'ami...