11

64 8 3
                                    

_ Et tu rentres vers quelle heure? J'ai tellement hâte de t'avoir avec moi, je vais me faire pardonner pour t'avoir posé un lapin hier soir, je te le promets mon bébé.
_ Neuf heures, je serai déjà au pays.
_ Tu veux que je vienne te chercher?
_ Non. Ce n'est pas la peine, j'ai un chauffeur.
_ Tu m'en veux, c'est ça? T'es fâché.
_ Je te dis que non. Pourquoi le serais-je alors que tu viens de me promettre de me gâter à mon retour. Si je suis certain d'une chose, c'est de mon impatience à t'avoir dans mes bras.
_ Tu me manques Arthur, tellement.
_ Toi aussi mon amour. Tu fais quoi là?
_ Couchée, seule dans mon lit à me languir de toi. C'est si dur de ne pas pouvoir te sentir près de moi en ce moment, je te ferais des tas de p'tits trucs coquins.

Eddie et Arthur passèrent ainsi leur soirée au téléphone, à s'exciter l'un l'autre. Arthur n'en demanda pas mieux après le succès qu'il eut à sa réunion et Eddie qui ne reçut aucune réponse de son message envoyé à Sandro, avait préféré téléphoner à Arthur après que Carl lui ait appris qu'il avait un important rendez-vous avec quelqu'un, nul autre autre que sa cousine qu'elle n'avait pas jugé bon de prendre de ses nouvelles.

Elle avait eu l'idée de se rendre chez Arthur pour lui préparer une petite surprise, mais leur conversation au téléphone finit par la retenir. Sa petite surprise dut attendre jusqu'au lendemain matin où à son arrivée, Carl et Dahanna étaient déjà partis; seul le gérant était au courant de ce qui s'était passé, lui-même n'étant là que pour s'assurer de la sécurité de la maison et de sourire aux amis de son patron qui se doivent d'être bien reçus.

Huit heures et demie, la barrière s'ouvrait pour laisser entrer dans le parking, une nissan patrol grise d'où sortit Arthur qui rentra se servir un verre avant de monter dans sa chambre dont la porte entrouverte éveilla sa curiosité. Il la poussa timidement et celle-ci s'ouvrit sur une Eddie toute en chaleur, assise jambes écartées, vêtue de son body strain acheté pour l'occasion.

_ Tu as fait bon voyage j'espère, parce qu'un massage spécial vous est réservé.

Ce qu'il vit lui plut, il se débarrassa de sa valise qu'il posa aux pieds de sa coiffeuse près de la porte qu'il referma sans se retourner et se dirigea vers sa Eddie excitée comme une puce, pas moins que lui déjà en haleine.

                                   *
                                *    *

_ Je suis content pour toi mon frère, le félicita de bon coeur Carl. Allez! Trinquons à ce nouvel essor que tu connais, je te prends une nouvelle bière?
_ S'il te plaît.

Il se leva pour aller prendre deux bières dans le frigo, mais à peine le dos tourné que son portable s'était mis à sonner. Sans penser à qui pouvait lui téléphoner, Carl demanda à Arthur de répondre à sa place; ce qu'il fit sans rechigner en voyant le nom de Dahanna s'afficher sur l'écran.

_ Salut amour, tu vas bien? Parce que moi, je n'irai pas mieux tant que je ne te verrai pas.
_ J'avoue être un amour et que je vais bien, mais je ne suis pas sûr d'être votre docteur.
_ Allô, Carl?
_ Il arrive votre docteur, ne raccrochez pas surtout.

Arthur rigola bien de voir comment son frère savait se faire désirer, mais surtout de cette voix bien chaude que prit cette Dahanna qui la rappela sa journée avec Eddie. Une journée juste parfaite, autant que celle-ci l'avait été dans ses bras; la faisant jouir comme jamais elle n'avait joui auparavant lorsque surtout, tous les deux avaient désiré que se concrétise l'ensemble des dits de leur conversation qui avait duré plus d'une heure au téléphone.
Plus longtemps que celle que venait d'avoir son frère avec sa Dahanna qu'il ne put s'empêcher de lui demander qui elle était.

_ Tu couches avec deux cousines! Eh ben, si je considère le nombre de temps que t'as pris pour y arriver, je dois avouer que tu m'étonnes. Le Carl connu depuis mes seize ans n'a pas changé d'un poil, il fait encore pleurer les dames.
_ Que veux-tu que je te dise? Un Domergue reste un Domergue.
_ À la nôtre, dit Arthur levant en l'air sa bière en guise d'approbation.
_ À la nôtre, répéta Carl qui l'imita avant de boire un  bon coup chacun dans leur bouteille.

Le reste de l'après-midi se passa aussi paisible, mais avec un peu de musique que d'autres préférèrent comme pour faire honneur à cette fête d'anniversaire à laquelle Rachel et Junior s'y trouvaient; il s'agissait de l'anniversaire d'un ami à la fois collègue de travail de Rachel à la radio.
Ayant pris son congé prévu pour le retour de son patron, il n'eût aucun problème à accompagner sa bien aimée qui le lui demanda.

Ils y étaient depuis une heure quand Rachel, n'ayant pas aperçu Junior plus de la moitié de l'heure, s'était mise à sa recherche. Elle le trouva dehors, un peu à l'écart dans la cour, assis sous un arbre et il toussait énormément, comme s'il voulait vomir ses tripes.

_ Junior! Tu vas bien? s'enquit Rachel qui se metta à genoux devant lui, essayant de trouver son regard. Qu'as-tu?
_ Le gâteau, prononça-t-il entre deux toux.
_ Tu n'as pas mangé le gâteau aux fruits? demanda celle-ci prise de panique, sachant qu'il était allergique à l'ananas qui composait en grande partie tout le gâteau. Il pouvait mourir si jamais ce fruit atteignait son estomac et elle le savait; voilà pourquoi elle paniqua davantage quand elle le vit tousser encore plus.

_ Dis-moi que tu n'en as pas mangé, le supplia Rachel.
_ Le gâteau...il est moche à regarder, lâcha simplement Junior avant d'éclater de rire.
Il aurait pu continuer à rire au-delà de ces trente secondes, mais Rachel lui passa une gifle qui le surpris moins que ces éclairs que ses yeux lui envoyerènt.

_ Qu'est-ce que j'ai fait?
_ Plus jamais tu ne te serviras de ta santé pour me faire une blague.
_ D'accord, prononça Junior encore surpris de sa réaction. Elle avait, en une fraction de seconde, passé de son air de petit lapin à celui de véritable tigresse, et pour rien au monde il ne voulait énerver cette perle qui prouvait son amour pour lui, de manière particulière. Lui-même n'était pas à l'abri.

                                 *
                              *    *

Décidée à ce que prirent fin tous ces mensonges qu'il n'arrêtait pas de lui donner, Mélissa avait suivi Sandro jusqu'à ce parc sensé être son travail qui lui avait passé un coup de fil plus tôt. Il était allé directement vers une jeune femme qu'il embrassa sur les lèvres sans se gêner de quoique ce soit, baiser qu'elle avait eu le temps de prendre en photo sur son téléphone et de montrer à son amie qui l'avait dit qu'elle serait à la fête d'anniversaire de Ralph, son collègue de travail qui l'y avait invitée, mais n'y serait pas allée si elle n'était pas sûre d'y trouver son amie.

_ Tu dis les avoir suivi?
_ Oui et j'ai pris cette photo que tu vois là.
_ Tu comptes faire quoi maintenant? Attends un instant, cette fille me dit quelque chose.

Elle avait pris le soin de zoomer la photo, mais elle ne put donner aucun nom comme Mélissa s'y attendait.

_ Regarde bien Rachel, insista Mélissa.
_  Désolée ma chérie.
_ Allez! Ton intuition ne peut tromper, tu la connais. Tu sais que tu la connais.
_ Si tu veux, je peux toujours montrer la photo à Junior, dit Rachel pour la rassurer. On connaît presque les mêmes personnes.
_ D'accord.
_ Tu en es sûre? Il s'agit de ton mari embrassant une autre femme.
_ Il n'a pas hésité à le faire en pleine rue, pourquoi devrais-je me préoccuper de cela?
_ C'est comme tu veux.
_ Merci beaucoup.
_ Je t'en prie. C'est trois fois rien.

Rachel avait transféré la photo sur son portable afin de la montrer plus tard à Junior, sans pour autant croire qu'il pourrait savoir que cette femme sur la photo était Eddie, autrefois la meilleure amie de Tania, sa collègue. Sûr que si elle le savait, elle aurait dit de son large sourire qui ne quittait presque jamais son joli visage de pure créole "Que le monde est petit!"

Fallait le direOù les histoires vivent. Découvrez maintenant