ces toi

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Le jour du départ est enfin arrivé.Le Comte a fait préparer une calèche pour nous à la sortie de la ville, nous pourrons ainsi déménager.
Le conte est actuellement en ville pour son inspection quotidienne.
Seulement, toujours aucune trace de Mateus et cela l’inquiète beaucoup.
Ma sœur se repose dans sa chambre pendant que je flâne dans la roseraie.
J’entends des bruits de talons derrière moi.
Je soupire.

« Tu te décides enfin à te montrer… ? »

« … »

« ... Je pensais ne pas te revoir avant mon départ. »

Je me retourne, il est là, devant moi.Une profonde tristesse se lit dans son regard ambré.

« ... Je… je voulais te demander pardon. »

« Pardon… ? Pourquoi ? »

« ... Pour tout. »

Il sourit amèrement en haussant les épaules.
Je m’approche de lui d’un pas lent.

« Je ne veux pas de tes excuses. »

« ... Je ne m’attendais pas à ce que vous les acceptiez. »

« … »

« Je voulais au moins vous les présenter. »

Mon cœur se serre devant ce visage troublé.
Me montrerais-je trop dure avec lui ?
Je ne pense pas qu’il ait voulu me blesser cette fois-là C’était plutôt comme s’il… était possédé...

« Ewan, je vais bientôt disparaître de ta vie… Tu ne veux toujours rien m’expliquer ? »

Il écarquille les yeux et serre les poings de douleur.Je serre les dents à mon tour en réalisant le sens de mes paroles.
Je n’ai pas envie de partir…
Je veux rester avec lui…

« Qui es-tu vraiment… ?
Que représente la première jeune fille à la Rose pour toi ?  Que sais-tu du passé des Dracula, toi qui sembles les servir depuis la première génération ? »

« … »

« Et moi… dans toute cette histoire, que suis-je pour toi ? »

« Je… je ne peux pas vous répondre. »

« Pourquoi ? ! »

« Ce n’est pas si simple… ! »

« Bien sûr que si ! C’est toi qui compliques les choses ! »

Il détourne les yeux et son visage se déforme sous la culpabilité de son silence.Je n’insiste plus et me résigne.

« ... Tu as raison, ça n’a plus d’importance à présent… Adieu, Ewan. »

Le corps du jeune homme se crispe tandis que je passe à côté de lui sans le regarder.

« Attendez, Lucy ! »

Il attrape mon poignet et d’un geste vif, il m’attire dans ses bras.
Je reste interloquée quelques secondes puis mon corps se détend.
Je demeure immobile.

« C’est toujours pareil avec toi…  Un coup tu viens vers moi, un coup tu me repousses… À quoi joues-tu ? »

L’étreinte du jeune homme se fait plus forte sur moi.Je reste impassible dans les bras d’Ewan.Il tremble légèrement.

« ... Je veux seulement vous protéger… »

« Mais de quoi….? Si c’est de Mateus alors… »

« Ce n’est pas de lui que j’ai peur… »

Je sens son corps se mettre à trembler plus fortement de la tête aux pieds.J’aimerais tellement le soulager, mais s’il ne se confie pas à moi, je ne pourrais lui être d’aucun secours.
Le jeune homme sort la tête de mon cou et descend sur ma poitrine.
Un léger frisson parcourt ma colonne vertébrale quand il défait le nœud qui retient mon chemisier.
Il l’ouvre doucement.
Ma respiration s’accélère un peu.
Mon corps se réchauffe lorsqu’il fait glisser ses lèvres sur ma tache de vin en forme de rose.

« ... J’aimerais tellement vous arracher cette marque… »

« Ewan, je… je ne compte pas me lier au Comte… »

« Je sais… »

« ... Ce n’est pas lui que j’ai choisi… »

« ... Je sais… et j’en suis flatté. »

Il relève les yeux et un sourire tendre se dessine sur ses lèvres.Il semble heureux, triste et mélancolique à la fois.
Toutes ces émotions que je devine dans ses traits me rendent étrangement captive de son regard.
Il pose son front contre le mien et doucement, il m’embrasse.Je ne le repousse pas.

Je pensais m’être préparée à cette séparation pourtant, mon cœur se serre et voilà que je pleure.La chaleur de ses lèvres contre les miennes s’imprègne délicatement en moi alors qu’il me sert contre lui.

« ... Ne pleurez pas… C’est mieux ainsi, Princesse. »

« Comment cela peut-il être mieux… ? ! »

« ... Merci pour cette dose de bonheur que vous m’avez apporté. »

« Je ne veux pas être séparée de toi… ! »

Notre dialogue ne s’accorde pas.Chacun déblatère une phrase après l’autre sans véritablement s’écouter.
Ce n’est pas ce que je voulais...!

Je serre la chemise d’Ewan entre mes doigts crispés.

« Pourquoi ça doit finir comme ça... ? »

« ... C’est mieux ainsi, croyez-moi. »

« ... Qu’ai-je fait de mal... ? »

« Rien, rien du tout... Je... »

Ses doigts se crispent autour de mes bras sans finir sa phrase, me laissant dans une attente des plus étranges.
Je m’apprête à rétorquer quelque chose quand une nuée de corbeaux fend la roseraie dans notre direction.Ewan me prend contre lui et, de son bras gauche, sort ses coutelas pour trancher les créatures qui s’approchent.
Je m’accroche au jeune homme.

Les corps inertes et ensanglantés des oiseaux tombent lourdement sur le sol les uns après les autres.Mon cœur s’emballe en sachant pertinemment pourquoi ils nous attaquent.

« Je crois que tu as quelque chose qui m’intéresse, Ewan. »

La princesse Et La Rose Où les histoires vivent. Découvrez maintenant