l'agresseur ou le sauveur

268 18 0
                                    

Depuis que je vis avec le Comte et Ewan, j’en ai presque oublié la menace pesant sur nous dans l’ombre.
Le professeur se fige un instant, ne sachant pas quoi faire.Finalement, il me pousse en avant en me donnant une dague en argent.

« Je vais voir ! Regagnez mes appartements immédiatement et barricadez-vous !  Je reviens aussi vite que je peux ! Si jamais vous êtes attaquée, servez-vous de ça ! »

Avant que je ne puisse l’interpeller, le voilà déjà fonçant à toute allure vers le cri.
Une brise froide s’engouffre dans la ruelle et entre mes vêtements légers.Je regarde la lame de la dague luisante et reflétant le clair de lune un instant…
Je dois retrouver Ewan.
Je marche frénétiquement dans la ville à la recherche d’Ewan.

Soudain, en mon for intérieur resurgissent les instants du combat entre le jeune homme et le vampire…
Cette lame transperçant son épaule… son visage tordu de douleur…
Non ! Je ne veux pas qu’il subisse ça de nouveau !
Je presse le pas et balaye mon environnement du regard.Je ne peux pas l’appeler, je risquerai d’attirer le meurtrier et… rien ne me dit qu’il répondra à mon appel.
Tournant au coin d’une rue, j’entre en collision avec quelqu’un.

« E, excusez-moi, je… ? ! »

Je me colle au mur de la maison en voyant cette vision d’horreur :
un homme décharné, bougeant comme s’il était pris d’une crise d’épilepsie, marche vers moi.Son corps à moitié décomposé fond et dégouline sur le sol.
Il pousse des grognements inhumains.
Mon corps tremble et mon estomac se tord.
Je cherche à attraper quelque chose en tâtonnant le mur à côté et me saisis d’une planche de bois.Je frappe en hurlant la créature et me mets à courir pour lui échapper.

Heureusement pour moi, elle ne semble pas se déplacer très vite.
Seulement, dans la ruelle suivante, il y en a deux autres qui viennent par ici.Je me tourne : une autre arrive !Cette démarche saccadée, cette odeur nauséabonde, ces cris presque animaux…
Mais qu’est-ce que c’est ? !

Je recule de quelques pas quand un bras puissant passe sur mon ventre et m’attire en arrière.
Une autre main couvre subitement ma bouche.
Je me retrouve plaquée contre le mur.Je sens la pierre froide dans mon dos alors que quelqu’un me tient fermement par le bras.

« Chuuut… »

J’ouvre les yeux et vois un beau jeune homme aux yeux améthyste et aux cheveux dorés.Je suis paralysée, mais il retire sa main de ma bouche et me fait un signe de tête sur le côté.
Les étranges créatures humanoïdes passent non loin de nous.
Je retiens mon souffle tandis que l’homme me colle davantage contre le mur.Il me dissimule derrière sa cape pour me protéger.

Je détourne les yeux, ne pouvant supporter la vue immonde imposée par ces morts-vivants.

« Que… qu’est-ce que c’est…. ? »

« Ce sont des goules… des morts ramenés à la vie par magie noire… »

« Qui… ferait une chose pareille ? ! »

L’une d’entre elles se retourne en m’entendant hausser le ton.Je plaque mes mains contre mes lèvres tandis que le jeune homme fixe la silhouette décharnée.
Après un moment, celle-ci s’en va... je soupire de soulagement

« ... Elles sont parties… »

« Oui, mais elles pullulent en ville… »

« M, merci de m’avoir aidé. Je dois y aller, je dois retrouver quelqu’un. »

« Vraiment ? »

L’homme tourne ses yeux vers moi.Son regard me captive l’espace d’un instant, mais son sourire narquois me ramène tout de suite à la réalité.Je pose les mains sur son torse pour le repousser.

« Oui… Hum, merci de m’avoir aidé. »

« Avec plaisir. »

J’essaie de me soustraire à lui pour partir chercher Ewan quand il me bloque le passage de son bras.

« Je crois que je mérite bien un petit quelque chose en retour. »

Je le regarde soudain un peu inquiète.

« Je, je n’ai rien sur moi… »

« Ne t’en fais. Ton corps me suffit. »

Il saisit mon poignet violemment et le plaque au-dessus de ma tête.
Je pousse un gémissement de douleur alors qu’il perd son visage dans ma nuque.
Il respire le parfum de mes cheveux.

« Je n’ai pas pu avoir ta sœur, mais toi… je vais te déguster jusqu’à la dernière goutte. »

« ...? ! »

Je lève les yeux vers lui et un sourire machiavélique se dessine sur son visage satisfait.

La princesse Et La Rose Où les histoires vivent. Découvrez maintenant